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Cacher

L'Impasse.

♫
J’ai fini mon essor insolent
Me voici enfin au premier plan
Mais ce doux rêve étincelant
Était surtout aveuglant
...
Je rêvais d’amour, je rêvais d’excès
Je rêvais d’un monde assis à mes pieds
Seule au sommet de la pyramide
Mes rêves étaient vides, mes rêves étaient vides
...
Si le ciel fait rêver vu du sol
Tout est trop grand trop froid dans l’espace
Moi qui voulais ne plus être seule
J’ai foncé droit dans l’impasse
...
Tous ces yeux qui brillent, ces sourires rêveurs
Sont indélébiles même quand je commets les pires horreurs
Et sur l’autre rive, tous ces fossoyeurs
Qui m’ont pris pour cible sans qu’ils ne sachent trop pourquoi d’ailleurs
...
Je voulais dev’nir l’éclipse solaire
J’ai perdu la vue, brûlé mes repères
J’ai percuté l’karma comme un revers
Des SOS sans réponse vers la Terre
...
Tous ceux que j’ai abandonné derrière
Est-il trop tard pour revenir en arrière ?
J’ai coupé des ponts, bâti des barrières
Laissé mes relations prendre la poussière
...
L’amour que je cherchais n’est qu’une chimère
J’ai compris trop tard cet effet pervers
Je me sens si seule, qu’ai-je fait de travers ?
Je voulais le ciel, j’ai eu les enfers
...
Embrasser les anges mais c’est Lucifer
Qui a volé mon âme changée en pierre
Tout doit disparaitre, j’ai fait l’inventaire
J’aimerais tant revendre ma vie aux enchères
...
Si le ciel fait rêver vu du sol
Tout est trop grand trop froid dans l’espace
Moi qui voulais ne plus être seule
J’ai plongé droit dans l’impasse
...
J’ai plongé droit dans l’impasse
...

♫

C’est dans le froid que la demoiselle déplie ce morceau de papier. Celui-là même qu’elle compte noircir de mots, peut-être pour se soulager quelque peu. Peut-être pour livrer une trace au cas où elle disparaîtrait plus vite que prévu.

Au début, j’étais simplement heureuse. De pouvoir marcher à nouveau, de voir un visage familier, mais encore plus d’en voir d’autres. J’imaginais leurs yeux écarquillés, leurs sourires, leurs câlins. J’imaginais une nuit, la première ici depuis deux ans, comme l’une des meilleures nuits. Celle que tu m’avais jurée.
Ce que je n’avais pas imaginé, c’est que mes yeux s’écarquilleraient de douleur, pour laisser champ libre aux perles salées de s’échouer sur mes joues. Je n’aurais jamais pensé que leurs câlins existeraient seulement pour me consoler. Ce que je n’avais pas imaginé, c’est que je passerais cette meilleure nuit au froid, juste dans la pièce près de laquelle tu te trouves, congelé. Seule.
Elle m’a dit qu’elle m’aiderait à faire mon deuil de toi. Non, non. Moi, je ne veux pas, j’peux pas. C’est hors de question que je passe à autre chose, même si je dois en crever. Et encore… Et encore, si c’était une absence avec une durée, d’accord. Mais même pas. Elle m’a même dit que tu ne reviendrais peut-être jamais. Jamais. Ce mot… Je l’ai en horreur. Surtout quand il te concerne. J’ai pas envie d’être aidée, bébé. On n’peut aider personne pour ces choses-là.
J’veux te poser la même question qu’à elle : Est-ce que j’ai le droit d’espérer ton retour ?
La vie m’a appris que l’espoir est un rat, un putain de bâtard qui ressemble à Imperator : On t’dit qu’il est là, mais tu le vois jamais. Et il ne fait jamais rien pour toi.

Après ça, on m’apprend que le gouvernement fait toujours autant d’merde. On m’apprend que cet Ordre Noir de trous du cul a réussi à grimper en Haut. Et les gens… Les gens acceptent, ne font rien. Les gens boivent, les gens baisent, les gens partent, ils font comme si de rien n’était. Comme si tout allait bien. Quelle cité de merde… J’suis vraiment revenue pour voir ça ? Donc on me demande de remplacer. On m’demande d’aller vers le Haut, à moi. Je dois faire un truc propre, mettre un petit mot en latin pour faire plaisir, m’effacer pour me foutre en avant. Sans Toi, je sais pas si j’aurais la motivation : c’Toi qui m’a toujours poussée à faire les choses. J’aurais voulu qu’tu vois ça.

Aussi, à peine quelques jours après, cet éternel connard m’dit qu’il va crever. J’ai cru avoir mal entendu, j’ai cru qu’il déconnait encore. Mais visiblement… C’était pas le cas. J’ai eu peur, encore, j’ai pleuré, encore. A croire que je passe mon temps à pleurer, depuis mon retour. Bien sûr, j’ai voulu débattre, mais il ne voulait rien entendre. C’est vrai, c’plus simple de se barrer, je le comprends. Je voudrais faire pareil. Sauf qu’à moi, on me l’interdit. A moi, on me demande de rester, on m’demande de vivre sans eux, comme si tout était simple, comme si tout allait s’arranger. Et moi, idiote, j’y crois. J’y crois sinon je n’serais plus là… Cet espoir me colle à la peau, il se confond avec, et je ne peux pas l’arracher sans m’arracher moi-même.

Elle se relit. Elle inspire. Elle expire. Elle soupire. Puis elle regarde vers le ciel – enfin plutôt vers le plafond du bâtiment. L’air de penser, l’air de rêver, l’air d’espérer. Puis elle reprend son crayon, et elle se remet à écrire, cette fois, un très léger sourire décore ses lèvres.

Mais il y a toi, aussi, encore là. Avec ton innocence, avec ton joli sourire, toi, tout simplement. Et l’envie lancinante qu’un être comme toi soit de ma famille se fait plus forte. Toi, t’étais là, t’es pas partie pour toujours, et tu m’as promis de rester. J’en suis sûre maint’nant, je suis prête à te prendre avec moi. J’espère simplement que mon nom maudit ne t’emportera pas.

Et il y a vous, avec vos sourires, votre joie de vivre. Vous tous, vous me donnez envie de croire, croire qu’il y a un lendemain pour tout l’monde, et même pour moi.

Eila jette le stylo, puis elle plie le papier qu’elle fourre dans un sac, à l’abri des regards indiscrets. Elle se redresse, regarde la porte qui renferme des caissons, puis s’en va, sans un mot.

Spoiler (Afficher)
La lettre sera disponible ig quand Eila l'aura foutue sur papier.
Merci aux joueurs qui se reconnaissent de faire d'Eila une chouineuse confirmée et une JD morte de rire !
Je précise que dans l'encadré, l'écrit n'est pas de moi, mais d'une chanson (que j'ai foutue en lien tout en haut).
Bisous et merci de la lecture !

Informations sur l'article

Traces de son passage.
04 Novembre 2017
882√ 9☆ 11◊

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◊ Commentaires

Shull (47☆) Le 04 Novembre 2017
Folle folle folle ! Mais courage, un jour ça passera.

Première étoile pour la peine ! *
Gasp~62046 (692☆) Le 04 Novembre 2017
Une JD morte de rire on en reparle ? Merci à toi !
Dhorhzaartzsyhrok (20☆) Le 04 Novembre 2017
... Pour te manger. N'étoile.
(Merci mon VDD pour m'avoir donner l'inspiration de cette suite inutile. )
Rhakeid~63281 (18☆) Le 05 Novembre 2017
Je commence a lire en pensent que tu parle du rade... plus je lis, plus je comprend que non!
Super beau texte, c'est touchant!
Shull (47☆) Le 05 Novembre 2017
Moi aussi au fond.. Mais j'suis un gentil moi !