EDC de 65063

Caméra obstruée, scène devenant vite plus clair quand la rose éloigne son doigt de l’objectif. On la trouve alors assise, dans un lieu sombre, dos à un mur, l’air las. Elle force un sourire à la caméra, pour reprendre ensuite une expression moins joviale, un peu nostalgique. Eila se masse la gorge avant d’ouvrir la bouche.

Hey, toi.
Fallait que j’te parle un peu, Nam’. C’est assez égoïste, non… ? J’ose faire ça, ce qui va sans doute te blesser, plus que tu ne l’es mais je te parle quand même, sachant que tu ne pourras pas répondre. M’enfin… hm, j’espère que tout va bien pour toi. Vraiment, je t’assure, c’n’est pas de l’ironie. Tu te souviens de ce que j’t’ai dit, hein ? Ne reste pas attaché à moi si tu t’sens de l’être à une autre. Je comprendrais.

Et puis, je voulais m’excuser aussi. J’ai pris cette décision un peu vite, assez brutalement… Ça t’a sûrement touché plus que ce que tu n’m’as montré. Et puis… J’ai peut-être fait une erreur. Tu crois que je vais regretter ? La première fois, j’ai regretté.

Au moins, quand je vais revenir – oui, parce que j’ai prévu la date de retour, Nam’ – p’têt que je serais plus calme, et tu vas retrouver l’ancienne Eila ! Elle sourit à ses mots, rêveuse. Je crois, que j’ai vraiment touché les abysses. Le fond, ouais… Mais ça passera ! Quand j’aurais la tête de Davison dans ma main, tout ira mieux. La rose sourit encore, à en être presque flippante.

Où que ma conscience soit, je suis certaine que quelque part, tu me manques beaucoup. Même si, en me réveillant, j’aurais l’impression de t’avoir vu la veille, d’avoir vu ton visage crispé par la nouvelle que je t’ai annoncé sans aucune délicatesse. Elle détourne le regard, penaude. Je voudrais te voir sourire, d’accord ? Alors quand je serais là, même si les choses changeront peut-être entre nous, je veux te voir sourire, tu me le promets ? Mais comme je suis chiante, - tu me l’as bien dit – je veux voir un sourire franc, un vrai, ton plus beau même ! Jusqu’aux rides !

Je t’en demande tant… Et toi, que m’demandes-tu ? C’est vrai, ça… Pareil, ça, ça changera. Si tu as quelque chose à me demander, fais-le s’il te plait. Tout hein, tu me demanderas tout ce que tu veux. Je veux te rendre heureux… Il est temps, après les caprices que je te fais subir !

Je crois…. Qu’il est temps que je te laisse à présent. Ici, il fait froid, et paradoxalement, je vais aller me glacer encore plus pour pouvoir ressortir toute bouillante d’énergie ! Un sourire se dessine sur ses lèvres, envieuse de l’image qu’elle donne. On verra bien ce que ç’donne.

Hésitation de la demoiselle. Elle reprend.
Je ne sais pas si je fais bien de partir. J’ai envie de sortir de cet endroit, il fait froid. Et je veux courir, et sauter dans tes bras et pouvoir être protégée dedans. Mais tout va bien… La rose se met à fouiller dans son sac, sortant une chemise noire qu’elle enfile après avoir retiré celle qu’elle portait. J’suis du côté des vivants, je veux ta chemise pour partir. Elle me tient chaud, celle-ci. C’un peu con, non ? D’être rassuré par une chemise !

Voix un petit peu tremblante lors de ses derniers mots, troublée, perdue dans son choix jusqu’au bout.
Allez… Sois heureux, d’acc’ ? Je vais revenir, c’est promis.
Eila regarde la caméra pendant deux bons cyclos-minutaires, hésitante. Elle se tortille un peu, semblant vouloir dire quelque chose qui ne vient pas. Elle secoue ensuite la tête, pour revenir à lui, envoyant un clin d’œil, après s’être décollée du mur pour aller éteindre la caméra, dernier sourire à l’écran, bisou claqué dans l’air.