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EDC de 65041

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Ad mortem æternam I

Drôle de réveil.
Un cafey et quelques champignons en guise de petit-déjeuner avant une balade matinale dans le smog jusqu'à l'annexe militaire. Surtout, ne pas oublier d'éteindre l'éclairage du parapactum avant de descendre dans cet enfer minéral. La naine se faufila parmi les ombres déchiqueteuses et autres formes plus prédatrices encore, sa petite taille lui permettant de glisser sous les débris avec aisance sans leur passer sous le nez. À tout le moins c'est bien un nez qu'elle croyait avoir vu sur le visage de ce monstre. Un nez qui a été passé au chalumeau pour fondre sur ce visage cloqué.
Elle gratta précautionneusement l'accrétion cristalline avec son kanuf, tandis qu'elle essayait d'oublier l'air vicié et les ténèbres dans lesquels elle était plongée. Au bout du troisième arrêt pour récolter les précieux cristaux, elle dû admettre qu'il était impossible de ne pas penser à ces ombres dont les danses se rapprochaient d'elle. Une gueule déformée par l'idée même de manger, un œil qui s'agite frénétiquement à la recherche d'une identification proie-positive et un museau qui hume l'air de pourri jusqu'à tomber sur une peau fraîche.
Sa main fourra les cristaux au fond de son sac znonix non sans l'élan d'une certaine avidité, celle propre aux personnes qui pilleraient un sanctuaire oublié. Des crédits tout en accomplissant le devoir patriotique. Chaque poignée fourrée dans le sac était une petite victoire sur ces créatures gardiennes d'un trésor énergétique, la preuve que rien n'était hors de sa portée.
Mara prit confiance. Trop même.
Facile.
Elle s'imagina dehors, parmi les pires créatures, à évoluer autour d'elles comme si de rien n'était, comme si il y avait de la place pour une scientifique en quête de savoir. Comme si il y avait une place aujourd'hui même pour une resquilleuse en quête de cristaux faciles à glaner. Peut-être existait-t'il une place pour les personnes curieuses et malines, mais il n'en existait pas pour celles qui sont impatientes.
Mara n'entendit pas la forme approcher dans son dos, tandis qu'elle parlait à une coéquipière d'infortune. Elle n'entendit pas non plus les trois cous de la créature se contracter dans un petit bruissement de tendons et de chair afin de prendre de l'élan pour frapper.
La première bouche lui enroba le haut du visage.
Un cœur qui bat à tout rompre. Un liquide lui embrume la vue. Elle est debout. Des vérins qui se mouvent dans un soupir poussent le couvercle du sarcophage vers le haut, la libérant de sa cage. Un technicien passe une lumière sous ses yeux pour s'assurer de sa pleine conscience.
La seconde mâchoire se referma sur son épaule gauche.
Elle a du mal à comprendre. L'éclairage lui est familier. Oui. Au service des sauvegardes ils utilisent les mêmes plafonniers et dans la poche extérieur gauche de sa veste, le technicien a le même assortiment de stylos que la nana qui l'avait enregistrée avant sa première descente dans les souterrains.
Je suis au centre de clonage.
La troisième tête enfonça sa rangée de dents déformées à l'intérieur de sa cuisse.
J'suis vraiment...
Les trois têtes tirèrent de part et d'autre la naine et l'écartelèrent dans une brume sanguinolente.
MORTE?

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