EDC de 63554

Cali,
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C'est étrange de repenser à toi ces temps-ci. Peut-être un besoin. Le besoin de se rappeler si ce n'est un temps d'insouciance, un temps ou être Rebelle c'était quelque chose qui permettait encore, de ne pas être qu'un instrument de combat.
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Je me souviens. Je me souviens de cette fois ou nous nous sommes vraiment croisées pour la première fois. C'était il y a presque 40 ans désormais.
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C'était au Centre Militaire, une urgence était en cours. J'étais arrivée la première. Toujours réactive.
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En ces temps la Yenahe était Rebelle et c'est elle qui se convulsait à mes pieds alors que j'arrivais.
Aucune blessure apparente, elle avait cuvé une ou plusieurs fois plus tôt dans la journée. Elle n'était pas en état de communiquer.
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Je ne me souviens plus trop de ce que j'ai fait, si ce n'est avoir tout mis en œuvre pour la protéger. Et tu es arrivée.
Je n'étais qu'infirmière, ayant toujours refusé de m'investir plus avant dans les études médicales. Et tu m'a lancé un regard plein de mépris, comme si j'étais peut-être responsable de son état.
Je n'ai pas pris la mouche, même quand tu m'as fait comprendre que j'avais pas ma place ici. Je suis restée, j'ai fait mon compte rendu d'observation et je me suis mise un pas de côté.
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Je ne savais pas ce qui se passait. Mais j'avais l'habitude, je ne suis pas une sachante, seulement celle qui soulage, qui accompagne et qui aide, au mieux.
J'avais l'habitude de ne pas savoir, ça ne me troublait pas outre mesure. Mais toi qui avait ce savoir qui se trouvait défaillant, tu as été prise de panique.
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Situation nouvelle pour toi. Tu as été a deux doigts de perdre les pédales. J'ai alors fait ce que je sais faire de mieux, rester calme, agir pour soulager, mettre en place un protocole pour la transporter à l'abri, plutôt que de la laisser sur le sol froid du CM.
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Sur le coup après un nouvel emportement, ne me voyant pas changer d'attitude, tu t'es calmée à ton tour. Et nous avons pu l'évacuer sereinement.
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C'est ensuite que tu m'as surprise. Je m'attendais, au mieux, à un silence gêné de ta part, voire comme j'en avais l'habitude à une nouvelle série de quolibets, pour évacuer ton stress. La plupart des rebelles auraient fait ça.
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Mais tu as été la première je crois, à me dire que j'avais bien fait. Tu m'as même proposé de t'assister au Centre hospitalier. J'étais engagée alors dans un emploi et j'ai du décliner. Et puis j'ai eu peur aussi, de ne pas être à la hauteur. Les gens nous voient souvent trop grand ou trop petit, rarement à notre hauteur réelle.
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Il nous en arrivera d'autres, des péripéties. Et une belle complicité nous unira jusqu'à ce que tu partes, au Froid, comme beaucoup, à cause de qui tu sais. Comme d'autres, beaucoup d'autres.
Tu m'as appris à être légère, parfois, leçon qui ne me revient que trop rarement à l'esprit. Même Milla n'arrive pas à me la faire rentrer durablement dans le crane.
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Tu es la première aussi avec qui j'ai ri, sans retenue, sans me dire « Que pensera-t-elle ? » ou « Puis-je lui faire confiance ? ».
Le plus drôle c'est que je découvrirai des années plus tard qu'avant cet épisode tu me surveillais de loin pour le compte du Frelon, a tel point que le rapport me concernant sera dupliqué à plusieurs reprises. Je devais être une terrible dissidente.
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C'est ainsi que pour la première fois je me suis interrogée sur les rapports que j'entretenais avec tous. Même les meilleurs amis. Me surveillent ils-pour d'autres ? Pour certains en S.R ? Pour le S.I ? Ça n'a pas arrangé ma paranoïa latente…
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Pourtant, de toutes ces premières fois, avec toi, je retiens surtout le fait d'avoir pleuré, seule,à l'abri des regards, la perte d'une amie qui m'avoua partir vraisemblablement pour toujours.
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Tu n'as sûrement pas eu idée de ton importance pour moi.
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Tu me manques Cali Némissa Tensei.