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EDC de 61088

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Cacher

Globules

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Écoutée pendant l'écriture

J'ai près du cœur une petite poche de gris. Elle ne se remplit pas, ne désemplit pas non plus. Elle est là, c'est tout. Comme une valvule cachée, un petit réservoir dissimulé. Je crois qu'elle a toujours été là.

Je ne sais pas vraiment ce qu'elle contient. Du brouillard, de la pluie, sans doute quelques débris. De la mélasse, un peu de cendres, de quoi construire des globules gris. Et tout ça tourne, lentement, inlassablement, comme un petit cyclone sans vie, à l'abri sous l'ennui. Je l'oublie parfois quand je ris, quand je vis, quand j'en ai l'envie. Elle ne fait pas de bruit, ne parle pas. C'est juste une petite poche de gris.

Parfois sans prévenir, elle cède. Un battement du cœur déchire ses parois. Il suffit de presque rien, une petite ponction, une perforation discrète. Et le gris se répand.

Doucement, sans bruit. Ce n'est pas une tempête, pas un ouragan. Rien qu'un petit écoulement régulier. Et les globules gris viennent se mélanger à leurs semblables rouges et blancs. Ils voyagent, de veine en veine, de peine en peine, un peu partout. Ils sont là pour rester.

Car même quand la poche se referme, que plus rien n'en coule, le mélange demeure. Et à chaque nouvelle ponction, je le sens s'épaissir. Jusqu'à ce que le corps soit plus gris que vie. Les analyses n'y changeront rien, les scanners resteront aveugles. La petite poche de gris est trop bien cachée, et ses globules savent eux aussi se dissimuler. Alors le corps tente de se sauver, comme il le peut.

Des larmes ou bien des cris, sans armes quand vient minuit. C'est un chagrin permanent que rien n'expie. Pas même l'aide d'un ami qui sûr de lui confie : « ça va passer ». C'est une petite poche de gris qui naît de l'empathie, d'incessants questionnements et de recherches permanentes de réponses à des doutes qui par essence n'en possèdent pas. C'est une petite poche de gris, bien à l'abri derrière mon cœur.

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Un texte assez ancien qui a refait surface. On m'avait demandé pour une intervention de décrire l'anxiété. Je l'ai retravaillé. Et j'ai trouvé la musique la plus appropriée. Je pense qu'il y a à DC beaucoup de pions anxieux. Pas autant de JD, j'espère, mais si jamais c'est le cas vous saurez que vous n'êtes pas les seuls.

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