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EDC de 60433

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Session Intime (Non référencé)

" quelque part, en Secteur Orion. "


Dans une de ses mains, bien moins tendre qu'à ses débuts,
elle tient une tasse de cafey,
boisson singulière que l'on trouve pourtant à peu près partout.
De son autre main libre, elle saisit lentement une bouteille de skiwi pour ajouter quelques gouttes à la décoction.

Vêtue d'une tenue près du corps,
elle s'approche de la baie vitrée close pour contempler la vue offerte,
seul barrage avec cet extérieur ayant bien du mal à convaincre sur la beauté de ce monde.
Difficile de humer l'air et pourtant ça fleure la pierre et la terre humide.
Les murs enduits des bâtiments sont ternes, vestiges de ce qui fut une époque bien plus prospère.
Une brise épaisse et grise démontre sa présence en faisant valser la cime des buildings, tandis que la végétation cendrée et squelettique se contente d'un timide frémissement.
L'air humide et acide aurait pu lui pénétrer les poumons pour lui donner une sensation de bouffée asphyxiante mais la main restera sur la clinche sans ne jamais l'actionner.
Cette nuit, elle est seule dans son bureau. Elle n'y a pas mis les pieds depuis plusieurs jours.
Le calme de l'endroit est sacrément reposant. Des souvenirs au goût amer réapparaissent. La solitude est toujours pesante de toute façon.
Visiblement en réflexion, les yeux rivés dans le vague, un léger sourire vient illuminer un court instant son visage si parfait.
Peut-être a-t-elle eu quelques moments détonants ?
Une ceinture pimpante d'étincelles qui lui a valu un titre secret de faiseuse de morts.
Un vieux dormeur qui s'est laissé prendre dans le piège de la naïveté la propulsant à la tête de vingt millions.
Un elfe grande gueule, branleur à souhait, qui a pris la poudre d’escampette en l'espace d'un instant, situation inexplicable.
Un vautour qui lui rappelle combien elle est seule à chaque entrevue.
Un androïde, opportuniste, que rien n'effraie et qu'elle suit discrètement dans son ascension.

Les années passent et se ressemblent inlassablement.
Elle ne parvient toujours pas à chasser de son esprit ce matin d'euphorie ou une attaque grondante lui a fait découvrir la douleur de la chair et l'angoisse de la disparition.

Un sursaut dans le silence, un cri de surprise puis de terreur, une maladresse, alors qu'elle manipulait son pad au beau milieu de nul part, bien trop absorbée par son travail et qui dégénéra en une attaque avec conséquences.

Au moment même où elle songe à ces événements, son regard se pose lentement sur son buste qu'elle effleure de la pulpe de ses doigts y rencontrant trois boursouflures, traces de trois blessures par balles bien ajustées.
Un "vert", un petit "vert" hideux, un "vert" tout excité qui n'avait eu comme loisir que celui de laisser la porte de sa tanière ouverte pour mieux la cueillir.

Un long soupir puis, le regard qui se perd à nouveau sur l'horizon pour rester de marbre.
Un regard tout aussi glacial qu'aurait pu l'être cette fine couche de glace bien trop mince pour l'accueillir actuellement.
Au moment ou cette pensée traverse son esprit, elle sent tout son être emporté par une tristesse bien trop lourde, l'empêchant de réprimer des larmes salées roulant sur ses joues.
Alors que le temps semble s'être arrêté, une violente bourrasque la tire de son état.
En l'espace de quelques secondes, la baie claque violemment contre le mur l'obligeant à reculer d'un pas rapide, la tasse de cafey se sauvant de cette situation bien serrée entre ses doigts.
Elle reste ainsi un long moment, lisse et figée, observant le battement du pan mobile qui ne se lasse pas.
Elle semble ne pouvoir croire au spectacle que ce pan déchaîné lui offre en accéléré.
Là, face à la cité, ses pleurs ayant cessé, elle est littéralement prisonnière du récit de sa courte existence, l'instant défiant alors les lois du temps.

Reprenant peu à peu conscience du poids de son corps, elle sent à nouveau son sang irriguer ses veines.
Cette scène ne lui est pas familière et pourtant y mettre un terme ne fut pas difficile.
Elle avance lentement ralentie à la fois par la stupeur et un tremblement, pour saisir ce pan qui se balance.
La vitesse a fait d'elle un silence un court instant, un silence qui lui a permis de se retrouver.
Elle semble s'être ressourcée mais jusqu'à quand ?
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"Le réel exil commence lorsque le présent est confisqué. Quand on est condamné à rêver le temps d’avant et attendre l’avenir.” -
C.Abdelamir

Informations sur l'article

Fabuleuse
21 Mai 2016
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