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Faubourgs. Faux-bonds. Bonjour.
Faubourgs. Faux-bonds. Bonjour.
(Fiction)
(Fiction)
**1**
Comme chaque matin, avant le travail, je me rends au bâtiment du T-Cast pour m'y arrêter quelques cycles minutaires ; fasciné, envoûté, attentif aux pulsations d'énergie contenue des trois plates-formes, qui semblaient me dévisager comme les yeux immenses d'une IA fantasmatique. Qui semblaient m'attendre, comme le font les gueules des bêtes presque mythiques de l'Extérieur, comme les cuves de cryogénisation guettent longuement ceux que la vie aura trop usés.
Comme chaque matin, j'hésite, n'osant franchir ce pas qui pourtant me ferait gagner un temps précieux, ne pouvant porter mon corps vers cette téléportation que d'aucuns voient comme un acte morne dans un quotidien épicé.
Et comme chaque matin, entrent d'autres collègues, d'autres cohabitants du quartier. Ils me regardent, narquois – habitués -, d'un regard parfois trouble, suivant à quel point ils sont déjà éméchés. Franchissent sans coup férir le seuil des téléporteurs, pour disparaître quelques secondes plus tard en une intangible nuée électrisée. Pour un instant, le charme est rompu, et l'instinct capricieux prend le relais. Mon corps fait volte-face, préférant les certitudes du Smog et les cycles supplémentaires à l'incertitude de la dissolution.
**2**
Je suis vierge à plus d'un égard. Je n'ai jamais connu de fusion avec un homme – ou avec une femme, d'ailleurs, pour autant que cela soit pertinent. Mes contacts les plus intimes se comptent sur les doigts de ma main droite, qui, absente, a tous les torts, puisqu'elle m'a trompé au profit des ardeurs à couper le souffle d'une cuve farine. Tragique accident de travail – ironique fusion.
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Je suis vierge à plus d'un égard. Je n'ai jamais connu de fusion avec un homme – ou avec une femme, d'ailleurs, pour autant que cela soit pertinent. Mes contacts les plus intimes se comptent sur les doigts de ma main droite, qui, absente, a tous les torts, puisqu'elle m'a trompé au profit des ardeurs à couper le souffle d'une cuve farine. Tragique accident de travail – ironique fusion.
Bien que les soirs dans les bars, j'entende d'autres Nemo Intra multiplier les rodomontades et l'humour gras, je doute qu'ils soient plus avancés que moi, et que leurs conquêtes multiples et pulpeuses soient autres qu'imaginaires. Une EroProd de fin de mois, à la rigueur. Mais cessons de diverger du sujet d'importance.
Avant tout, je suis vierge de cuve. Je suis toujours là, dans ce corps flambant neuf et pourtant déjà usé, forme amorphe en partie cybernétisée, et qui se sustente de bien peu. Je n'ai jamais connu ce plaisant traumatisme de renaître dans les eaux purulentes d'un baptême technologique, et la première fois est, paraît-il, la plus importante ; cela ne se gâche pas.
J'ai lu dans un livre que la téléportation T-Cast comprend quatre étapes ; scan et transfert des données mémorielles – dissolution – recomposition – réinsertion des données. D'une certaine façon, n'est-ce pas comme une cuve ? Sans la cuve à proprement parler, mais avec ce glorieux instant de décomposition corporelle, d'abstraction APM, avant le retour en un corps reformé.
Une cuve sans le faste, un corps un instant délaissé pour une raison aussi basse que le gain de cycles minutaires, au lieu de la glorieuse mort dans un acte de défense sectorielle désespérée ; et dans le même temps, la magnificence d'une renaissance de lumière, loin du gluant et des odeurs, et du douloureux processus de récupération musculaire – assez limité en ce qui me concerne.
Affreux dilemme de la défloration qui, chaque matin, me faisait revenir et repartir.
**3**
Lors qu'éclosent les lueurs artificielles du début de nuit, la décision est prise d'éclaircir ce mystère définitivement. Partent les derniers poivrots, entre le premier Nemo, habitant solitaire du T-Cast délaissé.
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Lors qu'éclosent les lueurs artificielles du début de nuit, la décision est prise d'éclaircir ce mystère définitivement. Partent les derniers poivrots, entre le premier Nemo, habitant solitaire du T-Cast délaissé.
Je ne sais combien de temps j'ai passé à observer la machine ronronnante, tout entier abandonné à ma fascination. Mieux qu'une ero-cabine – un nid à fantasmes spirituels. Aucun collègue n'est entré pour mieux partir – mais lui, dans une légère odeur d'ozone, est sorti de l'engin et m'a approché. Me posant la main sur l'épaule, en un sourire affectueux ; son corps, mélange de chair et d'acier détérioré, offrant au mien un frisson d'électricité statique.
''Je te vois tous les jours. As-tu pris ta décision ?''
Je ne peux que hocher négativement la tête. Sentir son souffle résonner au creux de mon cou, avant qu'il ne reparte comme il est venu, m'abandonnant à la fascination plus intense que jamais, et que rien ne vient rompre.
**4**
Combien de temps a passé, depuis son dernier départ ? Plus d'une fois, il est revenu. Ce fut un contact des doigts ; puis une main posée sur ma hanche ; un baiser à la commissure des lèvres, dernièrement, dont la saveur métallique me hante encore. A chaque fois, la question est la même, et la réponse demeure identique, avant qu'il ne reparte d'où il est venu. Son charme et celui des téléporteurs s'alternent jusqu'à devenir presque indistincts – et je n'ose entrer, ni ressortir.
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Combien de temps a passé, depuis son dernier départ ? Plus d'une fois, il est revenu. Ce fut un contact des doigts ; puis une main posée sur ma hanche ; un baiser à la commissure des lèvres, dernièrement, dont la saveur métallique me hante encore. A chaque fois, la question est la même, et la réponse demeure identique, avant qu'il ne reparte d'où il est venu. Son charme et celui des téléporteurs s'alternent jusqu'à devenir presque indistincts – et je n'ose entrer, ni ressortir.
Enfin, il descend de la plate-forme, terne au milieu des étincelles. C'est une étreinte intense qu'il me prodigue, une caresse des cheveux et des câbles, tandis qu'il murmure au creux de mon oreille, d'une voix à la rauque sensualité.
''Tu es resté ici longtemps. Ce quartier est en rénovation, et le T-Cast a été muré. As-tu pris ta décision ?''
Je secoue la tête, me réfugiant en lui. Perlent des larmes d'huile, tandis que l'émotion difficilement contenue s'exprime enfin, les angoisses, les attentes, et la quête d'une première fois qui ait du sens. Je sens son étreinte protectrice se resserrer autour de moi. Je suis bien – rassuré. Un courant électrique chaud nous lie et nous parcourt. Lentement, il se détache, et je le laisse partir à regret.
''La décision a été prise pour toi. Tu dois avancer, maintenant. Je t'attendrai.''
Sur un baiser qui me laisse une impression de transfert intime à souhait, il me délaisse, retournant à la machine et disparaissant, me laissant seul dans le bâtiment. C'est vrai que la lumière autrefois forte est tamisée ; et que la porte s'est transformée en mur. D'un pas lent, j'avance.
Comme une première fois. L'avancée lente, comme une re-découverte de chacune des teintes de l'ingénierie parfaite. Les courbes des scanners, l'oeillade des consoles, tout cela me laisse pantelant, tremblant d'excitation, d'une jouissance déjà anticipée. Je me hisse sur la plate-forme, et, retroussant ma manche gauche restante des dents, j'approche ma puce de la fente appropriée.
Le salaud ne m'avait laissé que neuf crédits.
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Informations sur l'article
Meta-fiction
11 Mars 2016
811√
8☆
8◊
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◊ Commentaires
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Norah~50792 (365☆) Le 11 Mars 2016
c'est beau, mais pour faire ma rabat-joie :
c'est dommage de l'avoir spoilé avant le concours, je trouve. ça biaise le "jeu".
Voilà ! ^^ -
Ladoria~7869 (221☆) Le 12 Mars 2016
De la concurrence déloyale *_* -
Norah~50792 (365☆) Le 12 Mars 2016
A vrai dire, si... je comptais participer, mais après lecture... je préfère m'abstenir ^^