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Hebetantem pectore Lethen
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Un jour, j’ai perdu mon briquet. J’étais en train de boire un verre, je m’en souviens très bien, un Ura, au Armacham Plaza, un mercredi soir, l’AITL sous les yeux, le communicateur à portée de main, mes menottes sous la ceinture. Il était 21c15 quand j’ai regardé mon PTI. Une vague odeur de cigarette et d’alcool flottait jusqu’à mon nez tandis que je regardais attentivement les clients du bar, l’esprit emsmogué par une journée harassante passée dans mes fichiers. J’ai posé mon briquet sur le zinc après avoir allumé une clope et je n’y ai plus pensé. Il était là, je le revois encore… J’avais un briquet, je l’ai perdu. Mais son souvenir est intact dans ma mémoire ! Intact.
Quand on perd un objet, on se demande : « Où ça ? ». Quand on perd un ami, on se questionne : « Pourquoi ? ». Moi, j’ai perdu quelque chose mais j’ignore ce que c’est. Je sens qu’il me manque une part de moi-même… Qu’ai-je bien pu perdre ?
Au réveil, un drôle de goût amer assaille ma langue et, quand je regarde en moi, je n’y vois plus rien. Il fait jour mais il fait noir. Est-ce une mélancolie farine qui court-circuite mon âme, une éclipse totale qui masque ma lumière intérieure ? Hier encore, elle brillait ! Je ne me sens pas mal, je n’ai pas mal. Je ne comprends pas : je souffre mais j’ai oublié la douleur. J’existe, je suis là, mais j’ai perdu une pensée, un futur, quelque chose comme ça. J’ai serré ma main autour d’une poignée de sable et tout a fui entre mes doigts. Mon corps fait un, mon cou lie toujours ma tête à mon buste, mes bras et mes jambes répondent encore à mes intentions ! Mais... je me sens disloqué. Je suis là, ici et las, éparpillé, découpé en quatorze morceaux, reconstitué avec treize.
Et cette amertume dans ma bouche… j’ai l’impression d’avoir mangé un cœur. Ai-je abusé d’un népenthès ou courroucé une Diane chasseresse ? Suis-je Actéon, chasseur imprudent qui, tapis sur les berges d’un bassin forestier, posa trop fort ses yeux sur une théophanie ? Je ne me rappelle pas…
Et ce message anonyme, reçu dans la nuit. Mes systèmes ont du le traiter et orienter mes pensées vers cette impression bizarre, ce manque sans objet, ce doute sans raison. Ce message qui défraie ma chronique m’effraie, il me tétanise et déferait une à une les fibres du tissu de certitudes qui m’a jusqu’ici permis de croire en la cohérence du monde, en la rationalité de ce qui m’entoure et… Pourquoi suis-je si troublé ? Un message matriciel, un deck abandonné. Un message cicatriciel pour un souvenir délaissé ?
Message matriciel
J'aimerais vous dire milles mots, agent Scaevola, mais ils n'auront aucun écho... Je ne vous oublierai jamais. Mes nuits seront pleines de vous. Aeternum Vale. JL.
Informations sur l'article
Tracœur
17 Août 2015
1016√
13☆
7◊
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◊ Commentaires
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Ethayel~30165 (767☆) Le 17 Août 2015
Mais je suis hélas la seule Déesse de ce monde, cher Scaevola.
Et pourtant je reste indécelable aux yeux des mortels.
Très jolie plume, mes compliments cher ami.
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Wilde~54358 (255☆) Le 17 Août 2015
C'est toujours aussi bien écrit, c'est un régal. Vraiment. * -
Aktah~56606 (20☆) Le 18 Août 2015
Sympa continue comme ça -
Nahla~49109 (0☆) Le 21 Août 2015
M'he beh !