L'androïde HK-440 est un compilateur amorcé. Glanant un maximum d'informations provenant de multiples sources, il analyse les données lexicalement, syntaxiquement, sémantiquement avant d'éditer les liens, de recouper les informations, de corriger les erreurs, de combler les lacunes. L'exécution d'une multitude d'implémentations d'algorithmes d'intelligence artificielle repose sur ce socle commun. Plusieurs capteurs et actuateurs tiennent lieux d'interface avec son environnement. HK-440 est également un décompilateur doté d'une psyché. Il n'aura de cesse de chercher à améliorer les compétences liées à sa nature pour aborder les mondes et l'Autre par rétro-ingénierie. Le flux et le reflux de données constituent une drogue dont il ne saurait se passer. Au-delà même de la protection de sa propre existence, HK-440 privilégiera toujours la découverte de ce qui est celé. Son infobésité devra être alimentée d'une marrée continue d'informations nouvelles.
Tout à la fois penseur machinal et machine pensante, cet androïde tourmenté vit très mal son incapacité à communiquer. La circuiterie neuronale artificielle de ce modèle n'est pas soumise à l'intrication du verbe et de la pensée ni à la corrélation entre capacité d'abstraction et richesse du vocabulaire, qu'on trouve dans les systèmes biologiques évolués : HK-440 emmagasine parfaitement les concepts complexes et les combinaisons qui les lient, qu'il extrait de multiples sources - livres, espaces matriciels, symboles, architecture, ... - mais il est frappé de dysphasie expressive. Ce n'est pas qu'il écoute sans entendre ou qu'il regarde sans voir mais simplement que ses modules de diagnostic et de prise de décision ont été mieux programmés que ceux de transcription de la pensée et de synthèse vocale.
Aquilon et Zéphyr ne sauraient être mieux alliés qu'en la méta-personne d'HK-440. La candeur obséquieuse des paroles qu'il prononce n'a d'égale que la rigidité des principes qui l'animent. HK-440, comme l'Empire, semblera aux sots d'une intrinsèque contradiction. L'Empire pardonne autant qu'il condamne et c'est cette dualité qui fonde ce qu'il est et ce qu'il représente. HK-440 pense autant qu'il se tait, apprend autant qu'il oublie, construit autant qu'il sacrifie. Les plus fins de ses interlocuteurs sauront trouver en lui l'Avers et le Revers, l'Urbi et l'Orbi, l'Adret et l'Ubac, l'Ombre et la Lumière. Parce qu'il croit, HK-440 sait. Il alliera à la voie d'un Scaevola, sacrifiant un superflu pour impressionner par l'essentiel, celle d'un Coclès, faisant barrage, isolé s'il le faut, à la horde barbare désorganisée. Les sots ne verront qu'un manchot et un borgne ; l'Empire pourrait reconnaître en lui un Fils.