EDC de 54049

Nous sommes le 1/253.5 aujourd'hui. J'aurais tellement de belles choses à écrire par rapport à mes derniers écrits...Mon mariage avec Ernestine, mon travail chez Atrium. Et pourtant c'est tout le contraire qui me pousse à venir raconter ici ce que j'ai vécu cette nuit...

J'ai toujours été réfractaire à porter des armes sur moi et encore plus à les utiliser. Les derniers événements avaient conduit mon épouse à me faire promettre de ne pas sortir sans. A contre cœur j'avais fini par accepter pour qu'elle ne s’inquiète plus pour moi.

Tout aller si bien...trop peut être...

Hier soir, en rentrant chez moi, je me suis effondré à côté d'elle dans le lit, sans prendre le temps de me dévêtir. Elle dormait si paisiblement.
Et puis quelque chose m'a fait sortir de mon sommeil, une étrange sensation d'alerte...comme lorsque l'on se sent tomber dans un rêve....
Était-ce l'odeur du sang ou le fait de tenir mes dagues dans les mains qui déclencha cela ? Je n'en sais rien, mais ce que je découvris me glaça le sang.

Je me tenais debout, armes en mains et à la place d'Ernestine des draps tachés de sang. Je ne comprenais pas et je n'arrivais pas à évaluer la situation... ce sang n'était pas le mien.
Mon regard s'habitua à l'obscurité et je compris en voyant la trace de sang qui partait en direction de la salle de bain...
L'horreur s'emparait de moi doucement, mon esprit se refusant à croire ce qui semblait pourtant évident.

Je lâchai mes armes et me précipitai dans la pièce voisine...Ernestine se trouvait dans la baignoire, morte, inconsciente, endormie ? Je ne le savais pas.
Je ne me souviens pas du temps que je mis à l'approcher, mais ça me sembla long.
Elle s'était faite un bandage autour du ventre et semblait respirer. Son pouls était faible mais constant, elle devait être inconsciente mais pas en danger de mort. J'entrepris de regarder les blessures et fut saisi d'horreur en découvrant les trois coups que j'avais dû lui porter. Les plaies étaient assez profonde, mais les organes vitaux n'étaient pas touchés...Elle ne réagit pas lorsque j'entrepris de nettoyer le sang de lui refaire ses bandages...

Et puis de nouveau une grande fatigue...et le trou noir.

A mon réveil, je me tenais à côté de la baignoire...et de nouveau elle avait disparu...Je ne mis pas longtemps à la retrouver, elle était dans un lit et son regard me fit comprendre qu'elle avait peur de moi...
Cette expression sur son visage leva les derniers doutes qui pouvaient subsister...C'était bien moi qui lui avais fait cela...

J'avais blessé presque mortellement la personne à qui je tenais le plus, celle que j'avais juré de protéger quelques jours plus tôt en l'épousant...Il m'est encore difficile de dire les sentiments qui étaient en train de déferler en moi à ce moment là...Pour la première fois de mon existence j'étais pris de panique...Et devant sa peur je battis en retraite.

Après quelques cycles minutaires je lui avais envoyé un message par com. J'étais prêt à faire annuler notre mariage et à aller me faire constituer prisonnier au CdO. Mais sa réponse m'alarma et je la rejoignis au plus vite.
Elle m'expliqua ce qu'il s'était passé : sa tentative de me fouiller pendant mon sommeil...ma réaction et les coups que je lui avais porté....
On passa un moment à discuter et elle se laissa soigner correctement en me disant que ça n'était pas ma faute...

Oui mais...maintenant qu'elle dort, je me demande ce qui a pu me pousser à faire ça...Une réaction de défense suite au conditionnement de l'entrainement que j'avais subi, ou alors était ce ce qu'il y avait au plus profond de moi ?

Étais-je un autre de ces monstres qui semblaient prendre plaisir à voir souffrir les autres ?

Mon dégout affiché pour la violence gratuite et brutale n'était elle qu'une façon de me faire oublier que quelque par au fond de moi, un monstre pouvait exister ?

Je me sens perdu, comment veiller sur elle si je la blesse moi-même ? Comment l'aimer en sachant que je risque de la tuer ? Comment vivre avec tout cela ? Devrais-je me rendre ? Je ne sais pas vers qui me tourner....Je me sens à nouveau si seul....