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XIII. J'ai invoqué l'épaule des anciens
Rien ne sert à vous décrire ce que Lyra ressentait lorsqu’elle a pris sa décision et marcha jusqu’au centre de cryogénisation pour la mettre à exécution. Non, non… Ce n’est toujours pas ce que vous pensez, notre petite de trente-huit ans à bien d’autre chose à faire que de mettre des glaçons dans son skiwi. Et puis d’où elle vient, c’est pratiquement une hérésie ! Je vous l’assure ! Pour faire court et parce que je suis gentille, et que ce qui arriver va sans doute vous paraître surprenant, Lyra marchait d’un pas ferme, le souffle saccadé. Elle n’avait pas pris la peine de se brûler les lèvres d’une cigarette, elle était pour ça trop concentrée. Un objectif, une personne.
C’était plusieurs cycles qu’elle avait passé dans le petit bureau de la Moule Qui Saoule, à observer ce tableau d’un leader, d’un père, qui s’était lâchement retiré, qui avais failli, mais qui pour elle était un symbole de force et de motivation. Je vous passe les détails : la dernière fois qu’elle l’avait vu il avait une sulfateuse pointée sur elle. Moche, hein ?
Cela faisait déjà plusieurs années qu’elle se tourmentait à deviner ce qu’Il penserait d’elle assise à sa place. Elle qui avait retourné ses meilleurs alliés contre lui, elle qui lui avait volé une fille, des entreprises, avait fait de ses ennemies ses propres amis dans le but de faire passer un message très précis. De la merde quoi, et pas de la joyeuse merde.
M’attention ma ‘tit dame, poussez-vous !
Les laboratoires du centre lui avaient été ouverts, elle avait accès à toutes ces cuves refroidies rengorgeant de personnes dont on ne voyait que le visage à travers ces grands frigos d’acier. Une pointe de nervosité s’installa dans la poitrine de la femme, qui prit place sur le côté de manière à ne pas déranger notre fidèle outrilien. Au loin un homme d'un certain âge s’avançait vers elle, clipboard sous le bras, badge officiel pendu à sa blouse.
Lyra Aazya Coulter ? C’est bien vous ?
Elle s’identifiât à l’aide de sa carte d’identité, pour une fois qu’elle l’avait sur elle. Lyra suivi l'homme, regard posé sur le jean pas très propre, délavé qu'il portait. Pas du tout adapté à l'endroit ou à son boulot. Il accueilli notre sudiste dans un simple bureau plus étroit que le sien, et lui pria de s’asseoir. C’est sur une des chaises inconfortables que Lyra obtempéra. Elle gagna accès au clipboard de l’humain, encore de la paperasse à remplir, l’horreur. Quelques démarches légales apparemment. En échange et comprenant le regard insistant, Lyra posa son sac à dos par terre, le délivrant de plusieurs objets: Un pack de Pix' neuf, une bouteille de McGregor, et une boite de cigare de qualité. L'homme nommé Spivey opina, l'air de comprendre toute cette démarche et sourit brièvement avant de lâcher :
Parfait, Madame. Pour des raisons légales vous allez devoir nous accompagner et enclencher vous-mêmes la démarche de dé-cryogénisation. Nous vous recontacterons quand celle-ci sera terminée. C’est un processus long et compliqué, vous imaginez bien pourquoi.
Elle n’imaginait pas du tout pourquoi. Son propre regard transpirait le cynisme, elle en fût amusée. Elle approuva donc les dires, grande taciturne, et suivi l'homme étrange jusqu’à la cuve du vieux.
Il s’éprit dans quelques calcules sur un de ses panneaux holographique tactile de dernière génération et désigna le bouton rouge très cliché à Lyra.
C’est ici.
Pas le temps de revenir en arrière, toute cette paperasse pour rien, ce serais con. Elle ne se fit donc pas prier et enclencha le bouton rouge sang. Une troupe de gobelins à crêtes hochèrent, en écho de son geste, du chef et s’activèrent autour de la cuve. L’humain se retourna vers Lyra, sourire aux lèvres. Un sourire irritant.
Je vous mets au courant dès que Monsieur Donnellys est sorti.
C’était fait.