EDC de 47340

Epuisée, affaiblie, je ne savais même plus où et qui j'étais.

Seule, allongée dans ce lit avec mon Cosmopolitan déchiré de toutes parts, le sommeil était tout ce qu'il me restait à faire.

En un battement de cil, je plongeais de l'autre côté, devenant mon reflet une nuit encore...

Alexe réveillez-vous!

J'entrouvris les yeux pour découvrir à qui appartenait cette voix douce qui susurait à mon oreille.

Aussi étrange soit-il, la personne que je pensais souffler à mon oreille était debout de l'autre côté de la chambre, me regardant de ses yeux lumineux.

Je me redresse lentement, mon corps aussi en forme que le dernier matin où je m'étais levée.

Fin du clavaire... je pense.

Je m'avance pour le rejoindre et il vient en ma direction. Mon ange-gardien, plus beau que jamais, ses ailes se déployant. Mes yeux se posent sur ses dernières et je ne peux me détacher de ce spectacle. Il les replie autour de moi pour me retenir dans son cocon.

Son index se pose sur mes lèvres, son front contre le miens, nos soufflent s'entremêlent.

Je ferme les yeux et le temps semble s'arrêter.

Mon com' vibre, je suis seule dans le couloir. Les portraits sont tous figés. J'ai chaud, terriblement chaud. Un brasier tout autour de moi. La porte tout au fond du corridor est ouverte. Les flammes me poursuivent, je m'y rend lentement, incapable de courir. Je transpire, ma peau me brûle et encore ce n'est rien à côté de ce qui m'attend.

Je passe la porte, elle claque derrière moi et un bruit sourd d'explosion se fait entendre. Par réflexe, je m'allonge au sol et patiente quelques instants.

Je suis en vie!

Ce com' qui vibre toujours me sort de ma peur qui me fige au sol. Je le dégaine et lit les dizaines de messages en attente.

Des NI, encore et toujours. Ils m'attendent, je ne dois pas tarder.

Couchée dans des débris de meubles, des particules plantées ci et là, je trouve la force de me mettre debout. Plusieurs nids au sud, certainement des lieux intimes d'un bar à une époque. Je rejoins la sortie.

Les rues sont sombres et j'entends des cris au loin. Je relève la tête tout en retirant un tesson de bouteille de ma cuisse droite. Encore des flammes à l'horizon.

Je ne suis pas très douée en orientation mais un pressentiment me dit que c'est le Centre Hospitalier. Malgré la douleur je m'y dirige en trombe, respirant au mieux avec l'épaisse fumée qui a pris possession du smog.

Je m'arrête à quelques pas et regarde le brasier, impuissante.

Le Centre d'Accueil Impérial et le Centre Hospitalier en feu, les cris des NI pris au piège. Les larmes ruissellent sur mes joues.

NON! NON! NON! PAS EUX...ILS N'Y SONT POUR RIEN!!!

Je m'effondre à genoux devant ce terrible spectacle. Cet ennemi imbattable, je ne suis qu'une pantine spectatrice de la mort d'innocents, payant pour mes crimes.

D'étranges engins flottent dans le smog, brassant l'air et sifflant dans mes oreilles. Leurs lumières rouges me brûlant la rétine. Je sanglote sans pouvoir me reprendre.

Des ombres apparaissent, des hommes armés. Je sens que mon tour est venu, je dois fuir.
Blessée, j'arrive tout de même à courir au travers des rues,ne cessant de me retourner afin de constater si je les distance au moins. Pas d'armes à feu, d'armes à distance, c'est ma chance.
Je relève les yeux au smog parfois, je rengaine une prière à mon ange-gardien.

Viens...maintenant...je t'en supplie, ne m'abandonne pas!

Pas de bruissement d'aile, pas d'ombre...cette fois je vais vraiment mourir.

Je me vois arrêtée nette au bord d'un cratère de plusieurs centaines de mètres de profond...plus peut-être, je n'en vois que du noir sans fin.

Je me retourne et ils sont tous là, l'elfette et ses hommes de main. Ces regards qui me glacent.

Une main se pose sur mon épaule. Je détourne le regard...l'homme ailé...

Le silence...sa main glissant le long de mon échine et s'arrêtant sur mes reins. Son front appuyé contre le miens,ses lèvres effleurant les miennes.

Sauve-moi! Emmène-moi!

J'ai perdu mes ailes...il est temps que tu affrontes tes peurs!

Il dépose un furtif baiser sur mes lèvres et pousse violemment mon bassin, me balançant dans le vide.

Je me réveille en sursaut, en sueur et le coeur au bord de quitter ma poitrine. Stressée, perdue, je souris tout de même. Je sens mes jambes, je maîtrise totalement mon corps et en plus je me sens légère, libérée des poids de mon passé.

J'ai attendu que mon coeur reprenne son rythme normal. J'ai pris une tenue toute neuve. J'ai appliqué un peu de couleur sur mon visage afin d'en cacher la blancheur accumulée toutes ces années. Je me suis rendue dans un bar et là l'elfe qui m'avait encouragée à venir en SI m'a offert un travail. Je reprenais enfin ma vie non sans peur que la narcolepsie ne me rattrape un jour prochain.