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Cacher
La troisième porte
Une troisième nuit cauchemardesque se profilait.
Dans un éclair, je perdais mes jolies pensées pour passer de l'autre côté...
Mon reflet et ses périples.
Ouvrant mes yeux doucement, je vis mes poignets attachés aux accoudoirs d'une chaise. Ma vue était floue,peu de lumière, j'entendais le son incessant d'un stylo frappant une table en métal, quelques voix grave d'hommes.
Elle se réveille!
On me redresse la tête en tirant sur ma queue de cheval. Je n'y vois pas clair mais le mur d'en face est d'un ton brun et il me semble apercevoir quatre silhouettes masculines. Ma vue s'adapte lentement, je tire sur mes bras qui reste en place. De nouveaux regards sombres transperçant la nuit pour venir me glacer d'effroi.
Ne perdons pas de temps Mademoiselle Casey. Dites-nous, qui vous a engagée? Quelles sont leurs projets?
Je tente encore de réunir mes deux mains mais le métal les bloque toujours, je sens les anneaux s'enfoncer dans ma chaire à force de frottement. J'humecte à plusieurs reprises mes lèvres avec difficulté. L'air de la salle est chaud et sec, mais je finis par réussir à souffler quelques mots.
J'ignore...de qui...vous parlez... laissant retomber ma tête en avant.
Ils insistent et tire plus fort sur mes cheveux, me forçant à garder la tête droite et croiser leurs regards.
Le Grand Patron vous a suivie, caché dans l'ombre. Nous savons que vous avez tués nos hommes dans une ruelle. Les vidéos surveillances vous montre aussi abattre un de nos meilleur élément, attaché au lit de sa garçonnière...seulement dès qu'il était assez proche pour vous attraper, au premier carrefour, vous vous volatilisiez!
Mon interlocuteur saisit mon menton et tout en pressant sur le bas de mes joue,tire sur mon visage, soufflant son haleine alcoolisé dans mes narines, plongeant son regard noir dans le mien.
Vous n'êtes qu'une pantine Mademoiselle Casey, un pion sur l'échiquier qu'ils feront exploser à la première occasion...
Il me relâche et me flanque une imprévisible et franche gifle avant d'hausser le ton.
Parle sale traînée! il affiche soudain un sourire narquois ou alors je vais devoir utiliser la force.
Je laisse filer un rire et prend une longue respiration. Je me sens sereine, pour une raison inconnue je ne ressens aucune peur, cela m'amuse même. Il frappe alors avec force sur la table et je le regarde affichant mon plus beau sourire. Cette image semble le satisfaire d'avantage. Quelque chose cloche, j'en ai plus que le pressentiment. Il s'avance en chantonnant vers un coin de la pièce et tire sur une corde. Le rideau s'ouvre sur une grande vitre donnant sur une pièce où un homme est allongé sur une table. Ce dernier est recouvert d'électrodes reliées à une étrange machine. Mon tortionnaire s'empare d'une tablette et s'assied juste à côté de moi.
Oh! Nous savons que vous êtes presque insensible à la douleur...nous avons donc tout prévu...
Son rire espiègle résonne à ma droite.
Regardez qui nous détenons!
Il appuie son indexe sur l'écran et le lit s'élève.
Je déglutie,je serre les poings et quand son visage apparaît pile en face de moi je ne peux étouffer mes cris.
NOOON! MON AMOUR! NOOON!
Je détourne mon regard vers l'abominable homme à mes côtés. Les autres sortent alors que je tire sur mes chaînes. Le sang commence à ruisseler sur mes mains et mes avant-bras, gouttant sur mes cuisses.
Relâchez-le! Je ne sais rien...je vous le jure!
Les larmes montent, je ne les laisserai pas couler, oh non je ne leur donnerai pas cette satisfaction.
Il presse à nouveau sur sa tablette, ce geste envoyant une décharge dans le corps de l'elfe qui me fait face. Je le vois se tordre de douleur, mais je me force à ne pas détourner le regard. Je me répète, je ne sais rien, je ne peux pas inventer une histoire et qu'ils reviennent pour nous infliger pire encore. Il persévère, augmentant le tension à chaque pression. Je tire de toutes mes forces sur les menottes espérant les faire céder. Cette torture dure une éternité et je me sens si impuissante. Ses cris de douleur me glacent le sang, me déchirent le coeur et je sais que tout est de ma faute.
Finalement, une coupure de courant nous sauve. Les lumières de secours sont les seules à fonctionner. Je perçois une ombre familière passer près de la porte de l'autre pièce.
La porte est ouverte, je vois l'homme frapper sur sa tablette en criant des injures, je suis là, debout dans le couloir verdâtre.
J'avance vers la porte de la pièce adjacente. Elle est totalement vide, je jette un oeil vers la vitre et découvre la pièce d'où j'ai pu assisté à la scène insupportable, déserte elle aussi. Je ferme les yeux l'espace d'un instant. L'immeuble est calme, bien trop silencieux et l'absence de bruit m'angoisse.
J'ai soif,toujours. Dans ma main je tiens une bouteille d'eau. Je l'ouvre et la vide d'une traite, l'écrase entre mes doigts et la lance sur le carrelage immaculé de la chambre, suivant sa route, je décèle un miroir.
Je m'engage dans sa direction afin de m'y contempler. Mon reflet est tel que je m'attendais à le voir, les poignets ensanglantés, le visage marqué de l'empreinte d'une main d'homme, le teint pâle, la sueur ruisselant sur mon front.
Un bruissement d'ailes m'attire dans le corridor. La porte se ferme brusquement derrière moi. A nouveau cette galerie de portes, ses tableaux mémoire de mon passé. L'homme accoudé au bar avec son verre et son Lyria est désormais une image figée, ma dague plantée en plein milieu.Je tend la main pour la récupérer et la glisser bien à sa place entre mes cuisses.
La troisième porte sur mon chemin s'ouvre, je m'y engouffre.
Le lieu est des plus étrange, tout y est rose et ses teintes variées. Des sucettes géantes et une grande maison bien en place dans le décor. Le chemin qui y mène est bordé de gros trucs tout mous.
Le lieu est des plus étrange, tout y est rose et ses teintes variées. Des sucettes géantes et une grande maison bien en place dans le décor. Le chemin qui y mène est bordé de gros trucs tout mous.
La lumière rose m'aveugle totalement et je plaque mes mains sur mes yeux. Une sensation de froid remonte le long de mes jambes,elles cèdent. Me voici assise incapable de me mouvoir.
L'homme ailé m'entoure de ses bras et m'élève dans les airs. Je ne le vois pas mais je sais reconnaître son parfum singulier au fil de ses interventions.
A mon réveil, il m'est impossible de bouger, mes jambes ne me répondent plus, je reste alitée et écris quelques com', transcris ce cauchemar dans mon journal, avant de sombrer à nouveau dans mon coma devenu routinier.
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De l'autre côté
14 Janvier 2015
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