EDC de 47340

Le premier cauchemar ne m'avait pas alerté mais la nuit suivante, cela reprenait.

A peine mes yeux fermés et un tourbillon m'emportait à nouveau de l'autre côté...

La vie que mon reflet reprenait pour une nuit encore.

Réveillée en sursaut avec une lame sous ma gorge, ces regards sombres transperçant la nuit pour venir me glacer d'effroi. Leurs voix à la fois suaves et autoritaires...

Ce lieu toujours aussi sombre et froid, les mêmes hommes en cercle autour de mon corps agenouillé, bras ligotés dans le dos.

Ce soir pas de gifles ni de poings, ils ont décidé d'utiliser des lames bien aiguisées, de me défigurer et dessiner un quadrillage sur mon torse. Le sang coule de mes joues à mes lèvres pour m'en faire connaître la saveur...je ferme les yeux me souvenant quand j'enfonçais moi-même la lame, seulement avec eux la douleur est bien réelle...

Les lacérations cessent, à nouveau la grande dame aux oreilles pointues, le seau de glaçons...c'est encore plus insoutenable et je sombre en avant, ma tête heurtant le sol...son rire me parvient quand même...

Lorsque je rouvre les yeux, un silence de mort m'entoure. Une grande pièce froide, souillée de mon propre sang...

Je suis déjà venue ici!

Non pas tout à fait. Il y a un miroir en face de moi. Je me lève et m'y contemple étonnée.

Aucune trace des tortures qui m'ont été infligées, je suis même plutôt rayonnante, je parais plus jeune.

Vêtue d'une robe rouge me mettant en valeur et d'escarpins m'allongeant de quelques centimètres, la femme fatale en moi remplace la femme brisée de la veille.

L'ombre de l'homme ailé au fond de la pièce attire mon attention. Je penche la tête sur le côté pour le détailler et fait un premier pas en sa direction. Il ne bouge pas, son coeur bat fort mais à un rythme calme. Je m'encouble et tombe à genou...

Un bruissement d'ailes et quand je relève la tête,il disparaît ne me laissant voir que l'ombre de son envole. Je cours pour le suivre, la porte n'est pas scellée, j'accède à un long couloir oppressant...c'est ici que tout recommence...

Un portrait de mes souvenirs s'adresse à moi.

Un homme assis à un comptoir, sirotant un skiwi tout en gardant son regard plongé dans son Lyria marmonne quelques sous-entendus douteux quant à ma tenue.

Ni une, ni deux, je glisse ma main droite le long de ma cuisse et va chercher une dague attachée à celle-ci. Je le lance plein centre du portrait qui se fige...une porte grinçante s'ouvre...

Je regarde le bar, il semble vide, je m'avance dans la lumière bleutée.

Un homme est assis sur un canapé, il boit sereinement son verre. Je peux sentir sont parfum ambré. Mes pieds me forcent à aller jusqu'à lui, mon corps se plie, mes fesses se posent sur la table, mes jambes se croisent de manière un peu trop provocante.

Cette attitude ne laisse pas l'homme de glace, il lève son regard ténébreux sur moi et dessine un sourire sur son visage prétentieux.

Alexe! Je ne pouvais espérer plus jolie rencontre à ma sortie de prison.

On se regarde longuement, je pose machinalement ma main sur sa cuisse et sourit avec charme. Un frisson parcourt mon échine, je sens ses lèvres chaudes contre les miennes.

Il est totalement nu,menotté à un lit. Je porte toujours mes vêtements, je me recule sensuellement,passant ma langue sur mes lèvres. Quand je suis au pied du lit, je saisis les deux 9mm qui sont bien rangés entre mes cuisses et le vise, affichant un sourire vengeur. Je l'émascule et le regarde souffrir avant de vider mes chargeurs en plein dans sa poitrine.

Soudain je prends conscience de l'atrocité de mon acte, je laisse couler mes larmes qui me brûlent...les blessures des lames recouvrent mon corps, plus de robe rouge, juste mon sang couvrant mon jean et mon débardeur...

Je suis au milieu de nulle part, mes jambes s'affaissent, la poussière se colle sur mes plaies au visage. Mon poignet gauche me démange, quelque chose sous la peau de celui-ci...je comprends et murmure.

Mission accomplie...

Je suis dans l'incapacité de bouger mes jambes, le sang continue d'en couler, je lève les yeux et aperçoit l'ombre du volatile. Il vient me chercher...encore...

A mon réveil, il m'est impossible de bouger, mes jambes ne me répondent plus, je reste alitée et écris quelques com', transcris ce cauchemar dans mon journal, avant de sombrer à nouveau dans mon coma devenu routinier.