EDC de 47340

Quand on regarde la lame d'une dague et les reflets de la lumière qu'elle renvoie, tout semble si simple. La pointe sur mon index gauche, je la faisait tourner lentement pour en observer toute la splendeur. Ses scintillements n'étaient pas comme ceux du kanuf qui m'avait servi pour me punir de ma première humiliation, ni aussi larges que ceux du katana qui m'avait corrigée tellement de fois.

L'appel était si fort mais je me contentais de la courber sous le filet de lumière provenant du néon d'en face.

Des sons me parvenaient du profond de ma mémoire, ces quelques mots que je me devais d'écouter...

Qu'est-ce que ça peut bien faire d'être agréable à regarder ou non?
Même quand les regards des autres se posent sur vous avec plaisir, vous restez le même reflet pour vos yeux dans le miroir. Cette image d'au fond de vous qu'il vous renvoie comme une condamnation. Ce film de l'humiliation qui tourne en boucle dans votre esprit.

Être agréable à regarder dans quel but?
Jusqu'à aujourd'hui ça n'avait attiré que des hommes, se rapprochant pour mieux me détruire, m'humilier.
Et quand ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, ils vous abandonnent ensuite sans un mot, ne laissant plus qu'un vide, ce qui vous glace et vous arrache le peu de vie qu'il vous reste.

La lame, elle, ne vous trompe jamais. Quand elle s'appuie sur votre peau et en transperce chaque couche l'une après l'autre. Sa brûlure reste inchangée de rencontre en rencontre.

Le sang qui glisse sur votre peau, sa sensation subsiste.

La douleur qui l'accompagne vous libère de vos fautes.

Mais il y a un regard qui vous démolit. Celui de cette personne qui souffre plus que vous de vous voir vous infligé de telles horreurs. Celle qui vous aime et n'osera jamais vous humilier ou vous abandonner mais que vous rejeter par cet acte.

La lame rend égoïste par le plaisir qu'elle vous procure et plus rien autour n'a de valeur, jusqu'à ce que son effet s'estompe et que vous ne soyez que son esclave. Sa coupure est comme une drogue qui vous éloigne de ceux qui ont besoin de vous mais surtout dont vous avez besoin pour vous sentir en vie.

Vous êtes aveuglé, et c'est cette correction que vous pensez capable de vous faire sentir vivant.

Parce qu'à un moment, une personne a abusé de vous...une seule personne, un seul instant mais c'était vous, cette faiblesse en vous que l'on a violé.

La lame ne libère pas des souvenirs ni de l'esprit, ni de la chaire, juste de la peine que vous éprouvez au moment où elle vous pénètre.

Ce soir elle n'a pas gagné mais elle m'attend chez moi et j'ai peur du contrôle qu'elle a sur moi.