EDC de 47340

Il y a dans mon secteur, des lieux où j'aime m'asseoir les yeux dans le vide.

Le vide...oui c'est bien cela, ici toutes les salles le sont.

Je flâne de l'une à l'autre me demandant si un jour il y a eu quelque chose, peut-être quelqu'un. Mais à cet instant il n'y a que moi.

Du sol au plafond tout est parfaitement pure. Rien n'a changé depuis la première fois où je suis rentrée ici.

Je m'assied sur le sol dos au mur et remonte mes jambes près de ma poitrine. Le silence est d'une puissance presque glaciale. Les yeux scrutant cette espace impressionnant mais désert, toutes mes pensées enfouies, se révèlent à mon esprit qui s'ouvre. Ce lieux de sérénité me reprend la mienne pour me forcer à affronter ce que je refoule.Tous ces sentiments envers ceux que je croise chaque jour, et ce que j'éprouve pour ceux qui s'immiscent dans ma vie par la matrice ou par leurs actes. Je les haie sans n'avoir jamais eu même un seul regard échangé.

Le combat commence dans ma tête. Ces secrets que je dois garder au plus profond de mon âme pour ne blesser personne, tous ces mots ravalés, toutes ces claques que j'ai évité de donner en serrant fort les poings. Tout ce que j'aimerais dire mais n'ose pas.

Un frisson remonte mon échine. Mes mains tremblent. Les larmes veulent sortir de la cellule où je les ai enfermées. Mon coeur se resserre, le mal veut prendre possession de moi, mes faiblesses se jouent de moi. Mes poings se resserrent, je ne contrôle plus rien. Je dois absolument empêcher mon corps à sortir d'ici pour la sécurité des autres. La folie me guette. Mes poings liés s'enroulent autour de moi et m'enlacent m'oppressant. Comme retenue par quelqu'un que je ne vois pas, mes muscles se relâchent et mon corps s'effondre. Cette fois-ci encore j'ai gagné.

Je suis étalée seule au milieu de rien, dans cette pièce vide. Je voudrais que cela change. Je me mets à imaginer les allers et venues de personnes journalières et l'attente d'autres simplement de passage. Simplement de voir revivre cet endroit que quelqu'un avait rêvé. Ce lieu qui perdrait cette sérénité au profit de l'existence.

Je ne suis personne nulle part. Je voudrais simplement n'être personne dans l'hôpital rebelle qui serait quelque chose de plus que des murs.

J'imagine que tout le monde s'en fout, autrement il ne serait pas l'abandon.

Ma sérénité revient en moi. Tout ce qui m'habitait de négatif s'est envolé et flotte quelque part ici. Cela se transformera en vague fumée avant de disparaître quand j'aurai quitté les lieux. Je sors et referme la porte pour éviter que mes démons me rattrapent.

Je me sens délivrée. Cette sensation de légèreté me guide à travers les rues. Plus de tourments, de sentiments, je suis libérée. Terminé les secrets, je n'en garderai plus jamais et si je me retrouve encore a devoir le faire alors le froid sera le prix de ma délivrance.

J'ai besoin de reprendre le cours de ma vie. Je prends le chemin du Cercle d'Argent et me pose tranquillement dans un coin tranquille d'où j'écoute les conversations plus ou moins passionnantes. En ce jour il y a quelqu'un qui parle de l'hôpital. Il semble partager les mêmes désirs d'avenir pour ce bâtiment que moi, mais je ne dis rien, les personnes avec qui il parle semblent passionnées tout autant par son projet.

Je plonge ma sucette dans mon double skiwi et en savoure toute la subtilité.