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Rétrospective

Épuisé, je rentre chez moi le visage pâle et lessivé par une journée d'entrainement intensif au combat, de discours politique à l'Agora en tant que son président d'assemblée, d'organisation de l'Université Rebelle entre nouvelles inscriptions et préparations des futurs cours d'enseignement ainsi que l'aménagement de ma récente acquisition, une villa. Après m'être débarbouillé le visage d'un coup d'eau et avoir retiré ma veste de costume, je reste poursuivis par des interrogations pesantes sur moi, la ville, la Rébellion, mon travail, l'intérêt que j'ai à survivre ici.
Cette vie, ma vie, tout aussi bénie qu'absurde d'être immortelle s'étire dans cette cité du vice et du péché sans qu'une évidence dans l'objectif de faire perdurer cette vie ne soit vraiment perceptible. Il était peut-être temps pour moi de faire une rétrospective de mon existence illimitée dans cette ville. Ecouteurs dans les oreilles, je me dirige dans l'immense salon de ma villa tout juste aménagé, puis m'installe devant l'holoprojecteur central alors que des "bips" sonores me signalent la fin de mon crédit d'utilisation d'eau pour la soirée.
J'active l'holoprojecteur en pressent un simple bouton qui projette aussitôt dans les airs une image translucide, stagne, en attente dans le vide. Je parle à haute voix afin de sélectionner la catégorie désirée tout en étant confortablement installé dans un fauteuil du salon :
- Active. Galerie personnelle...
Le spectre blanchâtre s'agite et débute par le commencement. Apparait alors la toute première holo-image de Joaw à Dreadcast, celle du centrée d'arrivée. Mon premier clone, tout juste sorti de sa cuve de maturation, perdu, puceau, naïf. Voilà celui qui portera plus tard son surnom de l'"Écureuil".
Je souris en me remémorant cette période et d'un simple mouvement vif de l'œil, l'holo-projecteur capte l'ordre indiqué et change l'image pour dévoiler une autre partie de ma vie dans cette cité, mon premier emploi, à la Centrale Énergétique.
Un simple technicien affecté à la surveillance des cuves énergétiques contraint a respirer à longueur de journée cette poussière bleutée des cristaux farins mais où je découvris nos idéaux, la Rébellion, nos ennemis. Je me penche pour prendre un verre de Skiwi sous la table à la surface vitrée sur laquelle se reflète les holoimages en suspension au-dessus d'elle.
J'accélère par des clignements de paupières la vitesse de défilement des images avant de m'attarder sur l'une d'entre-elles en particulier, et ce, pendant quelques instants. Je soupire doucement, pensif à la vue de ces deux êtres amoureux.
C'était, il y a bien des années maintenant, Atlantia, mon premier amour, aujourd'hui disparue.
Je frotte ma barbe naissante d'une main, silencieux. Alors que les glaçons dans mon verre de Skiwi s'entrechoquent, une nouvelle image s'affiche automatiquement : celle de mon deuxième clone né suite aux brûlures profondes et mortelles du premier. J'étais devenu à la fois le philosophe, l'architecte et le politicien.
Un nouveau son crache aussitôt ses vibrations dans mes tympans quand je goûte le liquide ambré entre mes lèvres. J'observe en même temps, les images prises lorsque j'étais figé dans mon éternité glacée. La cryogénisation est triste pour nos proches mais a ses avantages... elle permet de faire le point sur ce que l'on est et où l'on doit aller. Et sans cela, nos cerveaux ne pourraient pas avoir cette soupape de sécurité et imploseraient et avec eux l'espoir pour la civilisation.
Cependant, après ma décryogénisation, c'était un autre moi qui était né et celui-ci m'entraina plus bas que Dreadcast elle-même. Des années à vivre de sexe, de drogue et de Skiwi, des années de conneries où j'ai rompu avec Tina et abandonné la politique. Une larve d'écureuil si l'on peut dire, errant sans buts, jusqu'en arriver à peindre cet autoportrait un matin de beuverie...
Je fais défiler des centaines d'holo-images successives puis je m'arrête aléatoirement sur l'une des plus récentes. Celle de mon tatouage réalisé par Rei, un soir dans ma villa. Le fait de le voir en image, me donne envie de me toucher instinctivement la poitrine tatouée. Ce tatouage montrerait ce en quoi j'avais toujours cru, ce qui ne m'avait jamais trahi, ce que j'aimerai toujours, et qui pour moi était à jamais, un amour réciproque.
Deux portraits suivirent encore.
Je termine mon verre engloutissant tout son contenu. La saveur me reste quelques instants en bouche et éveille toutes mes papilles alors que je soupire légèrement et observe, ému, véritablement cette photo.
Prise par la dernière femme que j'ai aimé. La seule, l'ultime, il ne pourrait y en avoir une autre à part, Elle.
Une larme quitta le coin de mon oeil péniblement avant de filer le long de la joue pour venir s'écraser sur l'écran du bloc donnée, resté là, entre ses jambes. Je m'empresse de changer d'image pour qu'une nouvelle y prenne place. C'était celui que j'étais, tout les jours, ces jours où se prolongeait ma vie merdique dans une cité en putréfaction. Je soupire, pensif.
J'étais venu trouver des réponses à mes interrogations, j'étais désormais rassasié. J'éteignis l'hologramme avant de me lever et quitter l'immense pièce spacieuse, la lumière s'abaissant automatiquement et soudainement dans la villa après mon départ.
« Le plus grand obstacle à l'existence est l'attente qui espère demain et néglige aujourd'hui. »
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Exclusivité du centre de clonage : une approximation de l'apparence du clone de Joaw Hakeine si celui-ci venait à atteindre l'âge physique de 70 / 80 ans.

Informations sur l'article

Joaw Hakeine
07 Avril 2014
1001√  2 0

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