EDC de 39155

C'est avant tout la mort que Hedak craignait. Il savait que s'il restait trop longtemps plongé dans cette eau sombre, son avatar finirait par se noyer... et que lui perdrait définitivement la raison.

Mais malgré cette sensation de danger omniprésente, il ne pouvait que s'émerveiller devant la beauté d'un tel environnement, jamais il n'aurait pu imaginer qu'un androïde puisse être si poétique dans le façonnage de son environnement structurel interne.

Deux choix s'offraient à lui : nager vers le haut, la lumière, et espérer s'échapper de ce bel enfer. Ou s'enfoncer encore plus dans les abysses. S'il espérait sauver Scarlett le deuxième choix était inévitable, donc il choisit les ténèbres.

Plus il descendait, plus son cou se serrait. Ce monde n'obéissait pas aux lois standards de la physique, mais il y avait quand même cette pression qui symbolisait la difficulté à s'approcher du centre nerveux -le fond de cet océan-. Peu à peu il aperçut quelques lumières. Ces lumières se changèrent en rayons de projecteurs, et une grande bâtisse se profila. Une base secrète sous-marine, le cœur des données de Scarlett.

Il trouva un hub à sous-marin sous la base, ce qui lui permit d'entrer.
Le complexe semblait à l'abandon. Les couloirs ternes et poussiéreux s'étendaient dans un labyrinthe technologique inquiétant. Certaines portes de couleur rouge foncé laissaient deviner que même la propriétaire des lieux n'avait jamais réussie à les ouvrir. Mais Hedak continuait, progressant dans les couloirs et les laboratoires désaffectés. Dérobant quelques données intéressantes au passage.

Après avoir descendu un long escalier glauque, il se retrouva face à une lourde porte blindée. Autour de cette porte, on pouvait voir un haut-parleur et trois scanner : digital, vocal, rétinien.

Le cyborg modela son avatar pour prendre l'apparence de la Scarlett qu'il connaissait, à partir d'une photo et de ses propres souvenirs. Il passa avec succès les deux premiers scanner, mais fit trois erreurs sur le dernier.

Le haut-parleur résonna alors, pour faire entendre une... devinette.

Dans la vraie réalité vraie, Hedak se tournait vers Newt, l'air perdu.

"On la sert si noblement, mais elle naît de la destruction et du chaos, t'as une idée ?"

"Bah non, j'sers quoi moi par exemple ?"

"Tes intérêts ?" en rigolant.

La vautour laissa un blanc, réfléchit, puis lança finalement.

"La vie, c'la vie, jsuis sur."

Retour à la réalité virtuelle. Le cyborg s'exprima d'une voix claire.

"C'est la vie."

Il était à présent dans le sanctuaire. Théoriquement le lieu le plus protégé du cyber-cerveau. Et ce qu'il vit dans cette salle... était la chose la plus inhabituelle qu'il n'avait jamais eu l'occasion de voir dans toute sa carrière.