EDC de 37051

Chtak… Chtak…. Chtak…

    C’était y’a une putain d’heptade maintenant. Personne ne te vois, personne ne t’accorderai un regard de toute façon petite conne. Le sang forme une trainée dans la cendre et la crasse derrière toi. Ton bras retourné et tordu comme un putain de torchon à essorer. Tu sens même les éclats d’os qui ont transpercés ton derme et t’arrache un gémissement chaque fois que tes serres de métal te tirent vers ta destination. Les jambes se bougent comme elles peuvent mais la force ne vient pas, le saignement est trop important.

Chtak… Chtak… Chtak…

   La première porte est passée et la seconde se présente bientôt, lourde et renforcée de farinium, verrouillée bien sûr. Tu ne peux atteindre le scan oculaire ni l’autre digital. Impossible de te lever, tu ne sens plus tes jambes. La vision te fait défaut et le bras en alliage retombe lourdement au sol. La force d’envoyer un bref com et tu sombre totalement. Réveillée peu après par les bras qui passe sous toi pour te porter, véritable petit objet fragile aux creux des bras de la Rouge.

   Naïve oui, tu l’as été. Bien trop. Tu pensais refaire ta vie ici, fuir tes emmerdes du Secteur Trois et oublier tout ça. Mais c’est comme le smog, t’auras beau le chasser il reviendra toujours. Comme la gangrène sur un agonisant des ruelles du Sud. Ils te charcutent sur la table, pendant que tu délire au milieu de tes flashs de plongée, de ton putain de PTSD. L’a fallu que t’en développe un putain de PTSD qu’il s’aggrave hein, bordel mais t’es en carton ou quoi ?... Y’en a qui ont dû voir bien pire que toi en bien moins de temps. Relève la tête comme à chaque fois et sors toi les doigts du cul, non, en fait, à ce stade là c’est carrément la tête.

   Il t’a fallu plusieurs jours bien sûr pour émerger, en trois jours t’as eu le temps de faire le point, de tout remettre en place. Et la petite frêle s’est tirée bien sûr. Tu te traînes hors du lit, te sert ton verre habituel de skiwi, le froid du bâtiment te prends, les aérations soufflant l’air frais pour maintenir les serveurs en bonne conditions, les rampes s’initialisent et le labo reprends vie. Tes pas te conduisent lentement à travers les couloirs et pièces, où les portraits de ceux qui comptent, même les disparus s’alignent au milieu des écrans digitaux. Puis tu t’arrêtes face à l’écran principal. Fixant ses visages divers, ne tenant pas compte des secteurs et statuts.

La clope rejoint ta bouche et s’embrase peu après, allez. Il est temps de se relever ma grande. Et d’arrêter de se morfondre. C‘est aussi con que ça. Ma petite marionnette…