EDC de 37051

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Le corbeau s’engouffre à l’extérieur, rentrant dans sa forêt originelle qu’est ce bout de toit surplombant le secteur. Lassée des derniers événements, elle se laisse glisser contre un mur, faisant face à la barrière qui la sépare du vide.

La ville ne change pas, malgré des années qui ont défilé à une vitesse effarante : tout est toujours là. Tout est toujours aussi pourri et gangréné. Elle saisit son casque et l’enfile doucement, puis active la connexion au SimSens.



Les heures s’écoulent, la cyborg tremble contre un mur, haletante et en sueur. Chaque cellule de son corps s’extasie sous les impulsions infligées à son cerveau. Les muscles se contractent, chaque nerf est en feu. Le tout provoque une sensation de plaisir et de bonheur affolant ses constantes vitales, et le programme se coupe alors qu’elle arrive à sa limite. Le casque roule plus loin tandis qu’elle reprend son souffle, un sourire béat au coin des lèvres. Une clope s’embrase vite entre les doigts du Corbeau. Elle se lève et titube à la barrière, fixant le vide en silence, quand soudain une voix retentit, empreint de joie et de moquerie.



Je tourne mon regard vers une femme apparue de nulle part, cheveux blancs, yeux bleus. Un visage aviaire et fin, maquillé de lignes expertes et une fleur dans les cheveux. Presque surprise, je soupire un filet de fumée et plonge mon regard dans les yeux de la colombe.



« Et t’es qui toi ? L’ange gardien ? »

Un sourire espiègle, presque moqueur. Mais un regard profond et lourd de sens.



« Et qu’est-ce que tu me veux, Pride ? »



Les mots claquent, tel un fouet. Ils sont vérité et s’incrustent au plus profond de ma tête, j’accuse le coup sans broncher. Mon sourire béat s’est évanoui, envolé parmi le smog. Je plonge mes prunelles pourpres dans celles de mon interlocutrice.

« Comment avancer tant que cette pute d’IA fout le bordel dans mon crâne ? D’abord sa rédemption, ensuite ma renaissance. »

Son ton se fait plus dur et sec, tandis qu’elle fixe les lueurs qui percent le smog en contrebas.



« Est-ce que je le vaux ? Est-ce que je le mérite ? »

Son regard s’emplit de nostalgie et d’une lueur triste, me jaugeant de haut en bas. Un sourire nait au coin de ses lèvres et elle se rapproche doucement, m’entourant de ses bras. Je m’abandonne à cette étreinte pleine d’espoir, fermant les yeux tandis que son murmure me conforte.



« Et s’ils allongeaient la liste qui m’accable ? Je ne veux pas… »



Elle repart comme elle est venue, lorsque mes yeux s’ouvrent elle n’est plus là, mais son odeur est toujours présente autour de moi, tel un linceul de douceur réconfortante. Mon regard plonge sur le deck à mon poignet. Je suis pourtant seule depuis des heures selon les caméras. Le germe de folie ancré par la Faucheuse dans mon esprit aurait-il éclot ? Je fuis à mon tour ce lieu de solitude. Je le retrouve effondré sur sa table, des bouteilles vides alignées et je le couvre d’une couverture. Je la retrouve endormie dans son lit, masque à oxygène sur son visage et lui apporte ma chaleur, ma peau nue contre la sienne.

La renaissance approche… Mais suis-je prête à l’affronter ?