EDC de 37051

Inner Space

Connaissez-vous cette haine indescriptible ? Celle qui vous envahit quand tous vous abandonnent à votre damnation. Qui se glisse en vous lentement, envahissant chaque parcelle de votre être.
C’est cela que je ressens, tandis que mon sang coule lentement au sol, dans un flot continu qui me mène vers la mort. Il me toise, apeuré par son acte, affaibli par de nombreuses cuves tandis que la mort me gagne peu à peu, m’emmenant dans mes bras froids mais réconfortants.
Quelques heures, quelques jours, je ne sais pas… Je rentre chez moi et m’effondre, affaiblie par la cuve.
Mes yeux se ferment, m’emmenant dans les bras de Morphée.

« Te voilà, je t’attendais… »

J’ouvre les yeux, encore cette plaine dévastée, où la cendre est balayée par le vent glacial, recouvrant le peu de végétaux brûlés encore là. Le soleil peine à percer à travers la couche de nuages noirs, chargés de cendres et de particules néfastes. Mais tout cela n’est que pure invention, l’invention d’une IA malsaine, programmée dans un seul but destructeur.

J’avance tranquillement, mes pas soulevant de petits nuages de cendres, je la sens, partout au tour de moi, à la fois prés de mon oreille, comme à plusieurs dizaines de mètres d’elle. Elle fut longtemps ma Némésis, mon parasite. Mais j’ai fini par m’abandonner à elle, lui cédant corps et âmes.

Elle apparaît devant moi, comme à son habitude, identique à moi, mais son visage orné de son foutu masque de corbeau. Je serre le poing, la fixant avec détermination.

« -C’est fini… tout cela, fini tu m’entends ?... »

« -On vient juste de commencer… Ils doivent mourir, tous. »

Je me réveille en sursaut, observant l’appart miteux autour de moi, je sais qu’elle va frapper encore plus fort cette fois, il y a qu’à voir la réserve d’explosifs dans un coin. L’idée me vient alors à l’esprit. Je m’allume une clope et sourit, fixant les explosifs artisanaux, plutôt nombreux d’ailleurs, elle a prévu de faire péter le secteur entier ou quoi ? Je la sens qui résiste au fond, qui tente de prendre le dessus. Mais pas de chance le corbeau. J’ai le contrôle.
Un soupir, une bouffée de fumée, une étincelle, et une lumière vive.

Je crache du liquide de cuve, ricanant à demi car je sens sa colère, son envie de m’écraser, de me tourmenter à nouveau. Je souris en coin même en sachant que j’ai surement tout perdu, tout gâché en me soumettant à elle. J’erre parmi le smog, me dirigeant vers le centre de cryo en titubant, passant devant mon appart dont le bâtiment est éventré par l’explosion, puis m’engouffre dans le centre. Les techniciens préparent une cuve, toujours aussi peu concernés et si appliqués.

« -Quelle durée ? »
« -Balancez un chiffre au hasard. »

Le technicien soupire, règle une durée aléatoire et la laisse entrer. J’ouvre les yeux, fixant son reflet dans la vitre, qui me renvoya un regard gris dévoré par la haine.

Alors que la glace me prenait, je souris, comme un ultime bras d’honneur à ma Némésis.