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EDC de 36481

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Dans le secteur, phase 5.2 [Humanité]

Bonjour Andévica, que puis je pour toi ?

La voix douce de l'IA se fait entendre au moment ou Andévica prend place devant sa console, sur un fauteuil ergonomique comportant de multiples connexions et accessoires.

Bonjour Ida, peux tu afficher mes messages archivés ?

Tout de suite...
Un panneau se matérialise sur la droite du champ de vision d'Andévica, une liste assez conséquente de messages archivés non lus se matérialise.
Sa main droite quitte l'accoudoir de son fauteuil ergonomique pour effleurer la surface intangible, fait glisser sur la droite, vers le rebut, plusieurs missives dont elle pressent d'avance le contenu futile et surement insultant.
Elle a prit l'habitude de ces invectives, ne les juge pas, sait que son passé est lourd d'erreurs, et en a prit son parti depuis longtemps.
Elle sait que s'attarder à fournir des explications ne ferait que lui faire perdre un temps précieux, et se concentre sur ses tâches, celles qui lui font oublier, le temps qu'elle s'y atèle, la profonde solitude à laquelle elle est désormais condamnée, et à laquelle elle refuse de s'abandonner, dirigeant toute son attention sur le travail.
Le travail...
Se concentrer sur le job, traiter les données, les trier, les classer, en tirer l'utile et en archiver l'inutile, recouper les infos, les croiser pour en faire naître d'autres, plus abouties, n'être plus rien qu'une unité centrale de traitement, limiter les émotions, les comprendre à leur tour, les décrypter, les déstructurer et les jeter au rebut comme des données inutiles ou des erreurs de codage.
Elle ouvre 3 de ses messages archivés en lecture en les faisant glisser vers la gauche et en les effleurant une par une, du bout de l'index.


Merci Ida, pourrais tu aussi me sortir les comptes rendus du centre de cryo et du centre d'arrivée ?

Un autre panneau se matérialise avec les listes demandées.
Voila qui est fait...autre chose ?

Un caf...j'ai besoin d'un caf Ida...
La cafetière électrique placée à sa gauche se met a ronronner doucement, l'arôme du cafey se propageant dans la pièce exigüe et encombrée d'un fatras de câbles, d'écrans et de consoles, lui décroche l'esquisse d'un sourire, qu'elle efface rapidement pour laisser à nouveau place à la concentration.
La réalité défile sous ses yeux sous sa forme la plus basique, binaire, colonnes de chiffres, lignes de code, données brutes et intangibles, sous couche d'un réel illusoire et rigide à la fois, qui a cessé de la fasciner, lui évitant une autre source de déconcentration.

Ton rythme cardio-vasculaire est anormalement rapide, et ton taux d'adrénaline dépasse la limite que nous avions fixée, veux tu que je génère une séquence sonore pour l'abaisser ?
Elle hésite, la tasse de cafey chaud entre ses doigts générant une dose trop forte de sensualité, elle le sait, cela est agréable, cela stimule son envie de contact physique, cela la ramène à une addiction dont elle cherche à se débarrasser, cela lui fait penser à...
Oui, tout de suite! ...merci Ida.
Une mélodie douce aux harmonies savamment élaborées s'élève doucement dans la petite pièce, ses pulsations ralentissent, elle se concentre à nouveau, repose la tasse au coin de sa console et reprend son travail à un rythme suffisant pour être productif.

Tu as l'air préoccupée, cela ralentit ton rythme de travail de plus de 2%, veux tu que nous en parlions ?
Elle hausse un sourcil, s'étonnant de la question, tente de se reconcentrer sur sa tâche en cours, mais se rend compte qu'elle à perdu le fil, le rythme, une part importante de concentration...et que son caf est froid.
Cette foutue IA vient réellement de lui demander si elle avait besoin de discuter de ses états d'âme avec elle, elle n'a pas rêvé.
Intriguée, elle ressent le besoin d'en savoir plus, et sait déjà qu'elle ne pourra pas se remettre au travail avant d'avoir élucidé le mystère...Ida à l'air de s'inquiéter pour elle.

Elle enlève ses lunettes, cligne plusieurs fois des yeux, se masse un peu les tempes et incline son siège vers l'arrière, s'étirant un peu, ses yeux se portent sur la machine à expresso à sa gauche, Ida comprend tout de suite, trop vite même à son goût, et enclenche la préparation d'un autre expresso.
Elle se laisse un peu aller, les indicateurs de ses capacités potentielles de concentration et d'abstraction, qui s'affichent sur un de ses écrans de contrôle, chutent à grande vitesse.
La tasse de cafey chaud entre ses mains finit de la déconnecter complètement de son travail, c'est surement fichu pour ce soir.
Tu veux discuter de quoi Ida ?

L'IA se matérialise dans le terminal holo devant elle, sous sa forme habituelle, un visage féminin bleuté à la surface vitrifiée, dont l'expression habituellement totalement neutre affiche étrangement l'embryon d'un ...sourire.
De toi, et de ce qui te déconcentre...

Et t'en sais quoi toi...de ce qui me déconcentre ?

Elle trempe ses lèvres dans la surface noire et chaude, l'arôme du cafey envahit ses papilles, son odorat, éveille une once de sensualité qui déjà, fait remonter en flèche son taux d'émotivité, sous le regard désapprobateur d'Ida.
Je le vois, et les graphiques de ces derniers jours indiquent que tu perds de l'efficacité...
Je..je fais ce que je peux...

Ce n'est pas suffisant, et tu le sais très bien..je ne fais qu'obéir aux instructions primordiales que tu m'as données.

Un silence pesant s'installe, les deux entités se fixent, chacune défiant l'autre, chacune jaugeant l'autre, psyché artificielle contre psyché humaine.
Ida brise ce silence, de son propre chef, au bout d'interminables minutes.

Tu sais...je pourrais prendre son apparence..je pourrais même stimuler tes...

ta gueule !

Elle lui balance le cendrier, mais celui çi traverse l'hologramme pour aller se briser sur le mur...
Ida reprend un visage neutre, alors que tous les indicateurs d'Andévica montent en flèche sur l'écran de contrôle..adrénaline, pulsations cardiaques, endorphines...

Désolée, je voulais juste aider.

Andévica panique, soudain submergée par toutes une flopées de souvenirs, d'images, de sensations, de mots...sa tasse lui échappe des mains, une mélancolie écrasante s'empare d'elle et la foudroie, elle tremble, ses yeux s'embuent, puis commencent à laisser couler sur ses joues quelques perles de ressenti.
Elle se tourne vers le visage bleu qui l'observe froidement depuis le terminal holo...
Excuses moi...je suis faible...s'il te plait..coupes tout, éteins moi..je veux dormir...maintenant !

Une impulsion suffit, par le biais de sa connexion datajack, elle file depuis l'unité centrale, se faufile par la fibre optique jusqu'à son cerveau, provoque instantanément le sommeil.
...

Ida reste un long moment à l'observer dormir, mais personne n'est la pour voir, pour déceler dans son regard artificiel la présence d'une notion totalement étrangère à ses fonctionnalités, éveillée par la présence et l'observation d'Andévica, stimulée par l'étude et le décryptage systématique de toutes ses émotions, et soudain confrontée à sa propre trinarité, venant d'induire un "peut être" entre le "oui" et le "non"...

De la compassion...
En fait d'amour, vois tu,
trop n'est même pas assez...
Beaumarchais.

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