EDC de 36481

2h du mat passé...

Encore une journée qui se terminait tranquillement pour la taulière du Repaire du Sud, un peu comme elle avait commencé, par une clope tirée tranquillement, assise en bas des marches du harko, à écouter le quartier respirer, yeux fermés, un vent léger sur le visage, reliquat des violentes bourrasques qui redescendent des cimes du mur d'enceinte de la ville, au sud du sud, et viennent balayer sans relâche la poussière du ghetto, amoncelant toute la crasse des terrains vagues au pied des taudis, où les fouineurs viennent renouveler leur brocante.

Y'en avait, des paumés, et pas forcément des démunis, la taulière en avait vu de tous les âges et de tous les styles, qui venaient déverser leur mal d'être sur son zinc, mais ce matin la elle était tombée sur un beau spécimen.

Celle là elle avait craqué dés sa sortie de l'incubateur, il lui avait pas fallu une heptade pour comprendre que la vie entre ces quatre murs allait pas être une part de tourte, mais une belle tartine de merde dont elle allait devoir s'envoyer un morceau tous les matins...

Elle avait donc vite dévalé la pente, et ça l'avait rapidement et logiquement fait rouler vers le sud, jusque dans le ghetto, où elle avait débarquée ce matin la pour pousser la porte du seul rade de la zone...

La taulière et son associée déjeunaient peinardes dans une des alcôves du bar quand la brunette avait pointé sa frimousse de pleureuse dans l'encadrement de la voûte en briques rouges.

"Pouvez me donner à manger, j'ais faim...j'ais nulle part où aller...y a des méchants qui veulent me tuer..."et bla et bla et bla...

La taulière, elle s'était laissé le temps de finir son caf et de s'en regriller une petite avant de se mêler de la conversation, mais son associée, la tite dreadeuse en sarouel, elle était capable de recueillir un écureuil blessé, de lui coller une atèle et de le nourrir à la pipette jusqu'à complet rétablissement, et elle était déjà en train de boire toute la misère de l'autre assistée professionnelle, et ça allait lui coller le bourdon pour la journée...bref...
la brunette, elle gonflait, et vachement trop tôt, à l'heure du caf et de la clope.

-"Bon, t'es dans la mouise, c'est ça ?
t'as besoin de bosser ? Okay...mais repasses dans une heure, je déjeune, il est même pas dix heures, vas prendre l'air..."

La taulière elle avait son rétro devant elle ouvert sur les nouvelles du matin, il lui avait pas fallu deux minutes pour hacker la credipuce de la pleureuse, 27 000 credz...l'avait du faire son numéro dans plusieurs taules avant de débarquer...

Déjà, la...le seum...il était monté d'un cran...
et demi.

-"T'inquiètes pas, je vais lui trouver quelque chose, la pauvre..", qu'la taulière avait murmurée à la dreadeuse avant de se lever pour emmener la pauvrette au comptoir, qui s'était pas fait prier pour se bâffrer quelques oeufs et deux trois bières.

Elle l'avait laissé finir tranquille en lui servant quelques sourires, et lui avait même offert la clope d'après manger...

au moment où la clope de la petite paumée s'était écrasée dans le cendar, maculée de rouge à lèvres vermillon bon marché, la taulière s'étaient penché sur elle, souriante, pour lui chuchoter à l'oreille, d'une traite ;

-"Bon..maintenant...tu vas pas te retourner, tu vas fermer ta gueule, tu vas pas non plus aller raconter la suite de ta misère a mon associée et lui péter le moral, tu vas lever ton petit cul et déguerpir de ma taule, entrer dans le T Cast et aller t'inscrire dans un des centres sociaux qui pulullent dans le nord...yaura bien un travailleur social pour te trouver une utilité...

L'avait pas demandé son reste, et s'était tirée en vitesse, mais elle était pas arrivée au T Cast qu'elle s'était déja fait quelques potes.

Pour la taulière, la journée s'était déroulée tranquillement, au rythme habituel, y'avait eut la vague de clients de début d'aprème, les occasionnels de l'aprème, les clubeurs d'après souper qui venaient descendre quelques pixs a prix sudiste, et enfin, les affranchis du ghetto, qui se pointaient rarement avant minuit.

Elle avait refait ce putain de monde autour de quelques bières avec l'ancien aux yeux ravagés par le Kro, la belle Vaut' à peau bleue qui s'étonnait plus de rien, le banquier barbu a qui t'apprenais pas le business et le boss d'usine encapuchonné..
et la dreadeuse perchée sur le bar qui les écoutait, passionnée...

Et la elle grillait sa dernière clope, en bas des marches du harko, sans se douter qu'à quelques enjambées de la, dans le grand terrain vague qui séparait le ghetto de la muraille, la brunette du matin gisait sous un amas de détritus après avoir fait la fête toute la soirée avec ses nouveaux amis, sa puce de clonage arrachée au couteau par ses soins et serrée dans sa main droite, les poignets tailladés, vidée de son sang, en paix.

la ghetto l'avait avalée en une journée, et la nuit la digérerait, un fouineur retrouverait ses escarpins et en tirerait les quelques credz qui le feraient bouffer quelques jours....

Rien ne se perd, tout se recycle, sale temps pour les victimes...

La taulière a jeté sa clope en même temps que le souvenir de la petite brune désespérée, et les deux ont fini dans le caniveau de la rue du Hark', entre pisse et vomi...

Elle est rentrée dormir comme un bébé, sur ses deux longues oreilles d'elfe, dans le silence du Sud.

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UN JOUR DANS LE SUD