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Chemin des mille stèles

Musique d'ambiance sympa sous le spoiler:
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Chemin des mille stèles
Une odeur de souffre chaud à emplir les poumons, une vision déformée, dansante au travers de quelques flammes mourantes au gré des horizons.
Quelques vestiges qui s'effondrent sans discontinuité, des murs, des immeubles, qui s'abattent d'un fracas silencieux le long des ruelles désertes.
L'ensemble semble fade, inanimé.. Même la mort qui y règne en est pourtant absente. Il ne reste rien, si ce n'est une ombre vêtue de noir aux gants pourpre, une chevelure platine et un regard masqué derrière des verres teinté reflétant ce qui gît là.
Toutes les nuits, cette ombre parcourt ce monde d'onirisme. En quête d'un rien, en fuite d'un tout.
Le visage se relève un instant. Peut-être qu'il daigne enfin entendre le bruit du craquement sourd d'une charpente calcinée, ou n'est-ce que l’écho d'une voie lointaine qui lui revient
" Il est parti "
Efficace, rapide, court.. Rien ne sert de s'étaler avec lui de toute manière. L'ombre jauge lentement, criblée de mimiques à cette écoute. Tête penchée et cigarette fumante d'un halo se perdant dans ce vide brûlant.
Les genoux se plient difficilement sous les rouages grinçants de l'âge, ses lèvres tirent une énième latte de tabac, avant de laisser cette cigarette fantomatique se caler entres deux pavés.
Telle une stèle au milieu de cette route fictive, un panache infini, une lueur vive intemporelle dans ce monde qui lui appartient.
Mais cette lueur, aussi vive et belle soit-elle, n'éclaire personne, car l'ombre à tôt fait de lui tourner le dos, reprendre son avancée, s'allumer une énième clope et ne jamais se retourner pour voir..
Pour voir quoi?
Imaginez un peu une vision qui s'élève, quittant peu à peu la tiédeur de cette ombre qui marche. Le panorama s'élargit, cette ville semble un dédale infinis de cendre et de sang. Une unique route scinde le décor en deux. Et le long de celle-ci.. Une infinité de stèle de fortune, illuminant la route.
L'illuminant de cendre et de fumée intemporelles, certaines si éloignées, si loin au fin fond de cette route, brillant encore et toujours tant que l'ombre avance.

Parfois, certaines nuits plus qu'une autre, les fumée s'entremêlent, se nouent et se glissent aux travers de sa route.
Silencieuses et perfides, telles des brigands sur le bas côté, attendant l'arrivée du marcheur.
Elles s'agitent, ce déplacent et bloquent un instant la route.
D’apparat d'un temps d’antan, elles se muent d'attraits nichés dans les souvenirs de l'ombre.
Elles lui offrent un ballet de scènes peut-être issues des stigmates de sa mémoire, se parant de visage des défunts, volant leurs voix et même les mimiques qui leur étaient propre.
Des phrases, des mots. Des douleurs reprennent possession de sa chair. Parfois... Si rare, tellement rare, ce bref frisson d'effroi? De culpabilité? Ou, tout aussi improbable, serait-ce une pointe de chagrin qui lui parcourt l'échine?
Ou alors rêve-t'il simplement dans son propre rêve? il n'en est pas certain, pas sûr de ressentir quoi que ce soit devant les spectacles offerts par un temps perdu.
Mais finalement, cela n'entrave en rien sa longue et lente route. Il avance inexorablement, son regard perdu si loin au travers de ce sombre horizon, balayant d'un large revers de main cette farce qui se jouait devant lui.
Et la fumée s'exhale de plus belle, s’effilochant vers l'avant, se cachant à l'abri de son pas, prête à lui jouer une nouvelle tragédie qu'il aura déjà vécue tant de fois.
Il ne se souvient pas s'être déjà arrêté. Pire... Il sait que ces apparitions, fruits de sa mémoire ne se sont jamais arrêtées, elles, et ne s'arrêteront jamais.
Que la fumée se pare d'Azur et de plumes. Qu'elle arbore un masque à la joue ciselée au dessus d'une lame. Ou qu'elle soit le faux reflet d'un fils ou d'un frère lui faisant face. Serait-ce parfois l'énigme d'un sentiment plus profond encore qui le tenaille?
Qu'importe.. Il chasse d'un énième revers, toujours le même. Inlassablement, il décide d'avancer et laisser ces écrans de fumée d'avant le suivre sans leur offrir un regard, une attention, ou une parole.
Faut-il être courageux pour avancer sans se retourner...
Ou profondément couard, pour ne pas affronter son passé?

" Il est parti... Je l'avais prévenu. Tant pis... "
(Et il avance.. )

Informations sur l'article

Que restera-t'il à la fin ?
26 Août 2016
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◊ Commentaires

  • Zartam (853☆) Le 26 Août 2016
    "There's no point in hiding."
    "You're merely postponing the inevitable."
  • Sigmar~2569 (176☆) Le 27 Août 2016
    "Elles lui offrent un balai de scènes peut-être issues des stigmates de sa mémoire, se parant de visage des défunts, volant leurs voix et même les mimiques qui leur étaient propre." ☆
  • Miho~63176 (10☆) Le 27 Août 2016
    "En quête d'un rien, en fuite d'un tout. " J'aime !

    "un balai de scènes" J'aime moins : j'aurais préféré "ballet". smiley
  • Aislinn~60672 (172☆) Le 28 Août 2016
    "Les méandres du passé sont d'autant de tentacules invisibles qui nous pousse à affronter l'avenir. Leur tourner le dos c'est refuser de voir qui l'on est . Le passé c'est le moteur du futur." *
  • Roxann (59☆) Le 28 Août 2016
    en même temps, il passe son temps à les balayer d'un revers de main... c'était un bon jeu de mots, je trouvais smiley
  • Manerina~6356 (1552☆) Le 30 Août 2016
    "Faut-il être courageux pour avancer sans se retourner...
    Ou profondément couard, pour ne pas affronter son passé? "