EDC de 35941

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Se soulever. Expirer. Descendre. Inspirer.
Les muscles se tendaient, brûlaient. L’oxygène se hâtait dans les vaisseaux sanguins. La respiration était très régulière, souffle après souffle.
Mains derrière la tête, doigts dans les cheveux, dos qui se courbe, s’allonge, pieds qui s’agrippent au sol. La jeune humaine faisait des abdos, sur le sol dur de son appartement, les yeux clos.
Dix minutes passèrent, ses gestes finirent par devenir automatique.
Et l’automatisme libère l’esprit.

Elle avait ouvert les yeux il y a une heptade et elle restait détachée de ce qu'elle voyait. Ou presque. Les deux premières personnes qu'elle avait commencé à apprécier étaient déjà parties. L’une enfermée dans une cuve de glace, l’autre partie recommencer dans le secteur ennemi. De quoi apprendre à ne pas s’attacher trop vite.
Elle ignorait à peine les ressources de ce secteur-ci et elle comptait bien les découvrir avant de céder à cette stupide idée de s’en aller. Si elle avait ouvert les yeux dans le secteur rebelle, il y avait forcément une raison.
Cette raison était encore floue alors elle se raccrochait à une seule chose.
Marche ou crève.
Dotée de la foi en l’idéal du Secteur, elle se concentrait sur ses entraînements. Il fallait qu'elle devienne forte et elle ne pouvait se permettre de perdre du temps en bavardage inutile.

Se soulever, expirer... Redescendre, inspirer..
Elle se serait entraînée jusqu'à ce que ses mains saignent, que ses jambes l’abandonnent, si elle avait pu mais la fatigue l’arrêtait trop vite. Les limites de son corps si faible la désolaient.
Elle haïssait le reflet que le miroir lui renvoyait. Il était la preuve qu'elle ne pourrait déjouer le temps et qu'elle devrait être patiente. Patiente et persévérante.

Se soulever.. Expirer.. Redescendre.. Inspirer..
Son souffle était court, son cœur battait fort, la sueur recouvrait sa peau.
Il manquait une douche dans son appartement. Heureusement, il y en avait au dojo et la nuit, le dojo était calme.

Tellement calme que, cette nuit-là -Jour 3 année 226.5-, il ne finit par ne rester qu'un androïde endormi. L’humaine rangea les meubles, cherchant les meilleurs armes à réparer.
Une voix, soudain, brisa le silence pour lui demander si elle pouvait réparer un agrimensor.
Xin.
Xin dégageait cette aura de puissance qui devrait intimer le respect.
Elle prit la lame que la sensei lui tendait et alla la réparer immédiatement. L’arme n’était pas neuve et ainsi, malgré le peu d’expérience qu'elle possédait, la jeune réussit à la remettre en état.
- Viens.
Xin lui tendait la main. Si ça n’avait pas été elle, elle aurait refusé en disant qu'elle comptait réparer des armes.
Mais c’était Xin.
Cette dernière l’entraîna dans un bar. D’abord vide, elle se débrouilla pour ramener du monde et non seulement elle fit la serveuse mais elle offrait les verres. Une atmosphère agréable se créa à l’île de la moule, grâce à Xin.. C’était bien beau tout ça mais c’était du temps perdu. Les discussions autour d’Aleth lui semblaient futiles.
La musique que lança Xin envahit sa tête et pour pouvoir l’apprécier pleinement elle se mit à l’écart. Les notes résonnaient dans son crâne alors qu'elle sirotait son sots. Elle eut à peine le temps de plonger dans la mélodie que Xin était venue la rejoindre. Deux, trois mots, quelques sourires, la conversation se finit sur : " Mêle-toi aux autres. Amuse-toi. " Et une caresse sur sa joue.
Aleth retourna s’asseoir avec la masse alors que la sensei jouait à nouveau la serveuse. Un agri vola. Habile la Xin. Les musiques s’enchaînaient. Les sourires voltigeaient. Un gamin fit son coming-out, se heurtant à l’indifférence d’une femme sombre puis comprit que, quand on est faible, on se la ferme. Il eut de la chance : pas de bagarre cette nuit-là.

C’était une ambiance paisible qui régnait.

Un petit bout de femme s’assit soudain devant Aleth, sur le comptoir, lui tournant le dos. Signal de départ. L’humaine se leva, salua Xin et retourna au dojo.
Un petit entraînement, une douche et elle rentra chez elle.
L’image d’un elfe imposant aux longs cheveux noirs traversa sa tête avant qu'elle sombre dans le sommeil.

Pour une première heptade, ce n’était pas si mal.