EDC de 35633

Les cuir l'enlacent, plus durement que sa mère ne le faisait : ses poignets, ses chevilles, son bassin, son torse.
Le scotch l'embrasse, plus durement que sa mère ne le faisait : sa bouche, ses joues.
Les larmes ont cessé de coulé, surement cessé d'exister car la douleur, elle, persiste.

Deux hommes se disputent, pas loin, l'un veut tout effacer, l'autre parle de n'enlever que le plus grave... Un choix complexe, apparemment. le petit ne saisit que quelques brides de cette conversation qui de temps en temps s'anime. Sa mère, la villa, autant de mots qui jaillissent brusquement de ce dialogue mouvementé pour venir assaillir sa mémoire, malmener ses souvenirs horribles.
Les hommes ne lui demandaient pas son avis. Qu'aurait-il choisit ? S'attacher, oublier ? On ne se pose pas ce genre de question, mais, les autres se les posent pour nous.
Ils se sont décidé et s'exécutent de suite. Le garçon est enfermé dans une sorte de cuve, on lui branche des électrodes sur le crâne et sur le torse. L'homme qui paraissait le moins agressif tire la gueule, l'autre pianote sur un deck relié à une dizaine de machines vrombissantes.

Un Prince se voit devenir Roi à la mort de son père.
Les responsabilités l'enlacent, plus durement que l’anonymat ne le faisait : ses libertés, ses devoirs, sa vie, sa famille.
Le pouvoir l'embrasse, plus durement que l'anonymat ne le faisait : son autorité, ses envies.
Deux anciens ennemis se disputent dans des contrées lointaines, l'un veut détruire le pays qui maintenant lui appartient, l'autre ne veut que l'annexer... Un choix complexe apparemment. Le Prince ne saisit pas le véritable enjeu de cette guerre qui de temps en temps s'anime. Des soldats, des batailles, autant de monstres qui viennent assaillir son royaume, malmener son peuple.
Les Rois ne lui demandaient pas son avis. Qu'aurait-il choisi ? Se soumettre, se voir mourir. On ne se pose pas ce genre de question, mais, les autres se les posent pour nous.
Ils se sont décidés, et s'executent de suite. Le Royaume est envahi. Des soldats ennemis sont dans tous les villages et toutes les villes. Le Roi le moins mauvais ferme les yeux sur ses actes, l'autre envoit des courriers à tous ses commandants : "Brulez tout."

Soudain un hologramme de jeune femme apparait : "Bonsoir Monsieur, que puis-je faire pour vous ?"
L'homme garde son regard posé sur l'écran et lache d'une voix ferme : "Effacez tout."

Ainsi l'homme détruit les vestiges du temps passé.
Ainsi l'homme détruit ce qu'il a bâti.
Ainsi l'homme, dans son éternelle quête du pouvoir, vainc son seul véritable ennemi, lui-même.