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La Prostituée du Sud

Vois la route que tu as prise, t'égarant sur tes propres croyances, sur le chemin que tu songeais t'être tracé. Tes erreurs appliquent leurs mains aux griffes acérées dans ton dos et s'il te venait l'idée de faire marche arrière, alors ton passé se retournerait contre toi : décapitée, la catin.

Il n'y a pas d'avenir pour les filles de peu de joie, et tu vois le smog embrumer tes espoirs assoupis. Au-delà de ces pas qui t'ont menée jusque-là, tu revois ces souvenirs fades et lointains. La réalité les a défigurés sans le moindre remord, quand toi tu en as mille. Ton coeur brisé ne laisse qu'un silence sur la plaine désertée de son amour: esseulée, la dévergondée.

Tout ce que tu ne voulais pas être, voilà que tu l'es avec une fierté dévoilée, comme ton corps nu sous cet homme vif. Tu portais des mots tels que tendresse, bonté, vérité : le vent a déchiré tes étendards, n'offrant que lambeaux parcheminés balayés par le souffle des ivrognes. Aucun fil, pas même celui où tu marches en t'écorchant l'âme ne pourra raccommoder tes songes puérils. Envolée, la belle-de-jour.

Tes cuisses s'écartent au son de sa voix, il te tranche d'un geste, pose sur ton visage plus de masques que tu ne peux en supporter. Et l'un après l'autre il les brise et insert les morceaux brisés dans ta chair, t'éviscère avec un plaisir non dissimulé. Tes barrières t'écrasent contre le mur au pied duquel tu suffoques de ses paroles toxiques: elles se referment sur toi comme ses doigts sur ton cou, t'étranglant. Et il t'intime l'ordre de t'offrir quand tu te vends, ton titre ne s'en faisant que plus irrévérencieux. Pestiférée, la putain.

L'étreinte la plus froide que tu aies connu jusqu'à ce jour. Le froid te croque, et aucune larme ne réchauffe tes joues. La colère elle-même n'échauffe ton corps. Du bout des doigts, tu ôtes de son visage la mascarade en laquelle tu as cru. Et au lieu de ça, dans ta main, voilà ton coeur qui bat, arraché de tes entrailles par méprise. Ton organe qui tel une horloge, tic-tac : trois fois. Deux fois. Une misérable et pathétique dernière fois. Qui s'arrête de palpiter, t'ayant recouvert d'un drapé rouge obscur, du sang dont les Loups vident leurs proies. La meute s'en lèche les babines, de ton sérum qui s'écoule sur leurs crocs acérés. Un baiser d'au revoir qui t'es refusé. Les adieux à la trainée.

La basse ville où souffle le vent, la voilà qui te murmure au creux des reins une nouvelle identité :
la Prostituée du Sud.

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Inutilisable IG, évidemment. Sauf peut-être pour un concerné, et encore...

Informations sur l'article

South's Soul
18 Mars 2013
2264√  38 14

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