EDC de 35279

Retourner sur ses pas, revivre à jamais ce que l’on a déjà vécu, voilà le propre de l’Homme. Certains apprennent sans doute de leurs erreurs, d’autres se frottent à l’échec comme s’il était un remède quelconque. Quelqu’un a dit un jour qu’être fou, c’est faire la même chose chaque jour en espérant un résultat différent de la fois précédente. Qui qu’il soit, ce type n’avait pas tort.

Se lever, prendre un cafey, s’en aller travailler, croiser les collègues et le patron. Enfuir son nez dans des dossiers qui n’ont aucune importance à nos yeux, feindre un intérêt inexistant et du respect. Ne pas être ce que vous êtes, masquer votre réalité, la recouvrir de faux sourires, apposer sur votre propre personne des couches de peintures qui s’écaillent à chacun de vos pas. Et recommencer, boucher les fissures à coup de « tu t’en sortiras un jour » et de « ça va changer ». Puis recommencer. Sans cesse recommencer. Se persuader que l’on y croit à ces conneries que l’on se répète inconsciemment en voyant son reflet dans les yeux des autres. Croire qu’on y croit, à ces sornettes.

La chaîne se casse-t-elle un jour ? Il faudrait briser le mensonge, s’avouer de dures vérités qui blesseront toutes vos convictions, mettront à plat toutes les tentatives de votre subconscient qui essaie tant bien que mal d’adapter l’être incohérent que vous êtes à un monde disloqué. Rebelle, impérialiste, foutaises que tout ça.
Vous n’êtes qu’un pion déplacé par d’agiles doigts sur un plateau délabré . Les joueurs n’ont aucun visage, vous non plus. Y aura-t-il seulement une solution à tous ces retours en arrière à répétition ? Pour un simple jeton, vous réfléchissez trop, vous n’agissez pas assez : vous buvez plus que de raison. Une employée déserteuse qui comble de son unique présence les entrailles d’un Ange où elle vide verre sur verre, noyant son quotidien dans un rêve brumeux et laconique. Il serait temps que le pion se munisse d’un libre-arbitre, s’avance sur le champ de bataille et se décide à exister.
Il est temps à présent de briser la boucle, de sauter du manège en marche quitte à se fracasser les os en heurtant le sol poussiéreux. L’occasion unique de se donner une chance, pour éviter de toujours se retrouver planté sur la case départ à boire jusqu’à plus soif en espérant que quelque chose change de son propre chef. Foutre un coup de pied dans une cervelle qui fourmille d’idées noires.

Démissionner du rôle de pion puis postuler pour celui de fou.
Tout ça pour se découvrir une vie dont on n’a jamais voulu.