EDC de 35279
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Hara Kiri
La balustrade émet une douce mélopée. C'est la pluie qui se joue d'elle : les gouttes lourdes et acidifiées martèlent le métal. Le sol du balcon est humide, quelques flaques se forment ça et là, mais les bottes de la Major restent au sec, au pied de la baie vitrée à laquelle elle tourne le dos. Le vent fouette son visage fatigué, celui-là même qui, tourné vers les lumières de la ville, semble si mélancolique.
Ça va bientôt faire cent jours.
Il est tard et comme toujours, elle tente d'abandonner ses songes pour revenir à l'intérieur du bâtiment, posant son verre vide sur le bord du bureau devant lequel elle s'assied.
Du travail, encore et toujours du travail. Le deck vrombit sous ses doigts qui, inlassablement, pianotent à la recherche d'une note qui sonnera juste à ses oreilles. Mais ce soir, elle reste sourde à sa propre musique: un joueur de flute occupe ses pensées.
Pour l'en déloger, elle pourrait se concentrer, se noyer un peu plus dans l'amer du Skiwi, mais une résolution le lui interdit. Il reste trop peu de bouteilles dans sa réserve. Il y a autre chose à faire, autre chose de plus...De moins...Elle s'arrache à son siège dans un soupir las.
C'est consciemment, ce soir, qu'elle délaisse son instrument et enfile une veste, monte les binocles sur ses yeux cernés et quitte le bâtiment pour s'enfoncer sous les nuages gris de DreadCast.
Où va-t-elle ? Elle l'ignore encore. Elle se laisse porter par quelques souvenirs trop souvent réfrénés. Les rues défilent, les carrefours se ressemblent tous plus ou moins, tout comme les bâtiments qui se délabrent pourtant au fur et à mesure qu'elle avance. C'est en silence qu'elle pénètre l'un d'eux, ravivant une plaie qu'elle croyait fermée: Emily fronce les sourcils sous cette douleur malvenue.
Du travail, encore et toujours du travail. Le deck vrombit sous ses doigts qui, inlassablement, pianotent à la recherche d'une note qui sonnera juste à ses oreilles. Mais ce soir, elle reste sourde à sa propre musique: un joueur de flute occupe ses pensées.
Pour l'en déloger, elle pourrait se concentrer, se noyer un peu plus dans l'amer du Skiwi, mais une résolution le lui interdit. Il reste trop peu de bouteilles dans sa réserve. Il y a autre chose à faire, autre chose de plus...De moins...Elle s'arrache à son siège dans un soupir las.
C'est consciemment, ce soir, qu'elle délaisse son instrument et enfile une veste, monte les binocles sur ses yeux cernés et quitte le bâtiment pour s'enfoncer sous les nuages gris de DreadCast.
Où va-t-elle ? Elle l'ignore encore. Elle se laisse porter par quelques souvenirs trop souvent réfrénés. Les rues défilent, les carrefours se ressemblent tous plus ou moins, tout comme les bâtiments qui se délabrent pourtant au fur et à mesure qu'elle avance. C'est en silence qu'elle pénètre l'un d'eux, ravivant une plaie qu'elle croyait fermée: Emily fronce les sourcils sous cette douleur malvenue.
De toutes façons, toi...
Tu as oublié tout ça, n'est-ce pas ?
Tu as oublié tout ça, n'est-ce pas ?
Elle parle seule devant une porte qui refuse de s'ouvrir. Elle hésite sur la main à porter au digicode. Celle en métal pour aller plus vite ou celle humaine pour sentir à nouveau un peu de lui sous ses doigts ? Elle secoue la tête. Sa bêtise pourrait presque lui arracher un sourire.
Les doigts en métal cliquètent, maintenant et depuis un court instant. Son front s'est posé entre temps sur le panneau qu'est la porte qui la sépare d'un gouffre où elle saute à pieds joins quand la diode passe au vert.
Les doigts en métal cliquètent, maintenant et depuis un court instant. Son front s'est posé entre temps sur le panneau qu'est la porte qui la sépare d'un gouffre où elle saute à pieds joins quand la diode passe au vert.
L'odeur a changé. Le renfermé, la moisissure. Les frigos, éteints, ont dû subir une des pannes de courant du secteur. Malgré tout, après la surprise des premières secondes, elle s'enfonce dans le couloir, referme derrière elle et poursuit, comme c'est arrivé des dizaines de fois à peine. La main qui parcourt le mur. Et puis il y a toutes les images qui se superposent à l'obscurité du lieu, pour la guider dans le noir. Deux tabourets où ils se chamaillent, un canapé où ils s'hésitent. Une table où ils se débattent, un sol où ils se concentrent, travaillant durant une longue nuit de stress.
La batte où se pose son pied lui arrache un long frisson : pendant une seconde, elle a eu, presque, l'impression de lui marcher dessus. Sur lui. Le bois synthétique regagne sa place sur la table, tandis qu'elle évite une lampe après avoir bousculé l'abat-jour : le nuage de poussière irrite ses yeux masqués. Du moins, c'est ce dont elle se persuade en avançant.
La batte où se pose son pied lui arrache un long frisson : pendant une seconde, elle a eu, presque, l'impression de lui marcher dessus. Sur lui. Le bois synthétique regagne sa place sur la table, tandis qu'elle évite une lampe après avoir bousculé l'abat-jour : le nuage de poussière irrite ses yeux masqués. Du moins, c'est ce dont elle se persuade en avançant.
Dire que j'ai tenu presque trois ans sans venir ici...
Presque trois ans que ses pas n'ont pas résonné dans le second couloir qui mène à la chambre. Sa lèvre inférieure subit quelques morsures, la peur engourdit son ventre déchiré. Pourtant quand enfin elle surgit dans la chambre et ouvre les stores pour y voir un peu plus clair...Eh bien, pourtant, il n'y a rien. Personne.
Pas d'androïde en pleine mise à jour. Pas d'androïde qui dort ou qui fait semblant. Juste de la poussière recouvrant tout ce qu'elle a un jour connu propre.
Au moins, tout est à sa place. Les grenades dans les tiroirs, le masque à gaz sur la table de chevet et la chemise...
La main fait craquer le papier posé sur le vêtement, lui faisant froncer les sourcils. En attirant la feuille vers elle, Emily y devine des mots qu'elle ne peut lire dans le noir. Alors, sans respirer, elle s'avance de quelques pas vers la fenêtre, porte les quelques mots sous un rayon de lumière d'un réverbère, puis lit.
Mais les enchevêtrements de lettres se brouillent, les enchevêtrements de larmes se déploient et dans un reniflement enfantin, elle s'essuie le visage, le couvre du papier pour mieux cacher sa peine.
Pas d'androïde en pleine mise à jour. Pas d'androïde qui dort ou qui fait semblant. Juste de la poussière recouvrant tout ce qu'elle a un jour connu propre.
Au moins, tout est à sa place. Les grenades dans les tiroirs, le masque à gaz sur la table de chevet et la chemise...
La main fait craquer le papier posé sur le vêtement, lui faisant froncer les sourcils. En attirant la feuille vers elle, Emily y devine des mots qu'elle ne peut lire dans le noir. Alors, sans respirer, elle s'avance de quelques pas vers la fenêtre, porte les quelques mots sous un rayon de lumière d'un réverbère, puis lit.
Mais les enchevêtrements de lettres se brouillent, les enchevêtrements de larmes se déploient et dans un reniflement enfantin, elle s'essuie le visage, le couvre du papier pour mieux cacher sa peine.
Connard...
« La chemise noire qui est censée être dans ce meuble est la propriété de : "Emily Marie Tyr Méléna Clot dit Dye.
*** »
*** »
La fenêtre émet une douce mélopée. C'est la pluie qui se joue d'elle : les gouttes lourdes et acidifiées martèlent la vitre. La rue est humide, quelques flaques se forment ça et là, mais les bottes de la Major restent au sec, au pied du lit où elle s'assied. Le vent fouette son visage fatigué, celui-là même qui, tourné vers une lanterne éteinte de sa vie, semble si mélancolique.
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- 1 Louis Aragon
Informations sur l'article
Hommages
02 Décembre 2015
1224√
20☆
12◊
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◊ Commentaires
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Cosmos (295☆) Le 02 Décembre 2015
KIRI- KIRI KIRIIIIIIIIII !
Pardon il fallait que je l'écrive ça me travaille depuis ce matin. -
Ethayel~30165 (767☆) Le 02 Décembre 2015
Je m'y suis retrouvée dans ton texte.
Toujours ce parallèle étrange qui lie nos pantines dans leur ressenti.
Je les aime pour ça.
Peut-être mon article préféré issu de ta plume.
♥ -
Djino~31724 (155☆) Le 03 Décembre 2015
Nul.
Ecriture bidon. Style bidon. Plein de fautes. Histoire chiante.
Non je déconne. ;P **** -
Kalhan (40☆) Le 03 Décembre 2015
* au passage, je ne connais pas le personnage, seulement croisé une fois mais j'aime beaucoup le texte ! -
Kinchaka~27073 (1104☆) Le 03 Décembre 2015
La musique que je trouvais d'abord insupportable s'est finalement drôlement bien accommodée avec le texte quand on arrive à se laisser porter par le récit.
Joli flot d'émotions.
*coupe quand même vite la musique une fois la lecture finie* -
Kinchaka~27073 (1104☆) Le 03 Décembre 2015
Ah et puis surtout le gif bordel de merde, le gif est beau ! -
Uhmoja~50659 (41☆) Le 03 Décembre 2015
Très beau texte, comme toujours !
Mais ça éveille la curiosité, et maintenant, on veux en savoir plus !
J'aime beaucoup en tout cas.