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Cacher
Système D
Il est six heures, la nuit a été longue. La nuit a été trop longue. Des cycles d'attente, à regarder la ville en contre-bas, à laisser les cigarettes se consumer d'elles-mêmes entre les doigts d'une main en métal qui n'a de cesse de porter le bâtonnet de nicotine aux lèvres d'une fumeuse qui a la gorge sèche. De longues minutes à se demander s'il est courageux d'oublier dans la boisson, ou si ce n'est que lâcheté. Ce qui n'empêche pas les bouteilles de se vider.
Puis d'autres instants passent, de ceux qu'on ne peut coucher sur le papier car on est trop occupé à se lever et fuir pour de bon. Le respirateur s'allume automatiquement lorsqu'il est attaché dans la nuque, insufflant un air sec qui ne fait que raviver l'impression constante d'étouffer de sa porteuse. Mais il faut ce qu'il faut, paraît-il :
Les agents du CdO, par sécurité et sur ordre de leur Déléguée se sont vus obligés de porter constamment un respirateur, un masque à gaz ou NO : rien de plus normal quand on sait les risques qu'ils encourent au contact de la population et le devoir qu'ils se doivent pourtant d'assurer malgré le danger permanent.
Un ordre reçu comme une banalité pour elle qui s'enfonce dans un canapé en cuir, au Nord de la Haute Ville. L'appareil de filtrage d'air qu'elle porte quasiment continuellement est une seconde peau, a sa place attitrée dans son sac, est vérifié, nettoyé, réparés toutes les heptades.
Ayant vu le Grand Dehors, l'Extérieur, l'Extra-Muros, il assure une sécurité optimale qu'aucun autre ne peut assurer : ou du moins, dont aucun autre ne peut être aussi sûr.
Et ça rassure sa porteuse qui le retire pourtant pour allumer une nouvelle cigarette.
Il est six heures trente, la nuit a été longue. Et contrairement à ce qu'elle espère en s'allongeant enfin dans un taudis de la Haute Ville, la nuit n'est pas finie. Elle est même loin de l'être.
Canal Général - Cercle de l'Orient
6CH51 - Cadette Elenya
« Le bâtiment situé au 74 Rue Imponite est en feu !
Demande de renforts ! »
6CH51 - Cadette Elenya
« Le bâtiment situé au 74 Rue Imponite est en feu !
Demande de renforts ! »
Canal Général - Cercle de l'Orient
6CH52 - Agent CAR Dye
« Rmrmr, s'fait économiser de l'énergie au secteur,
ça illumine bien... »
6CH52 - Agent CAR Dye
« Rmrmr, s'fait économiser de l'énergie au secteur,
ça illumine bien... »
Silence sur le canal.
Après la voix criarde et apeurée, puis celle endormie et ennuyée, plus aucun crachotement dans l'oreillette pendant dix minutes.
En dix cycles minutaires, une cigarette s'est faite écraser sur le rebord d'un table et l'agent de la CAR s'est levée, ignorant sa fatigue et ces sentiments lourds qui reposent sur ses épaules pour endosser à la place sa veste en cuir, surmontée de son éternelle plaque du CdO étincelant plus que jamais sous les reflets des lampadaires en bords de routes : celles, peu nombreuses, qu'Emily traverse à toute vitesse sur son Celeri X pour rejoindre l'adresse énoncée par sa collègue.
Canal Général - Cercle de l'Orient
7CH02 Commissaire Ethayel
« C'est l'hôpital, Emily ! »
7CH02 Commissaire Ethayel
« C'est l'hôpital, Emily ! »
Canal Général - Cercle de l'Orient
7CH02 - Agent CAR Dye
« Je sais ! J'y suis ! »
7CH02 - Agent CAR Dye
« Je sais ! J'y suis ! »
L'hôpital. Rien qu'au hall, elle reconnaît ce lieu bourré à craquer de souvenirs et de fantômes. Et à présent, de flammes et d'une opaque fumée noire qui lèchent les murs. Sans attendre, Emily parcourt le local en abaissant les binocles sur ses yeux pour les protéger et se guider, l'affichage bleuté dessinant devant elle la carte des lieux, les zones, le nombre de personnes en danger : trop à son goût.
« Ah, c'est vous. »
Ça sonne déjà comme une défaite, mais pas le temps de se formaliser. L'individu le plus gradé sur les lieux et le plus prompt à gérer une situation comme celle-ci n'est autre qu'Emily, qui en cracherait presque d'énervement dans son appareil respiratoire. A la place, ses binocles indiquent différents points d'une importance capitale sur la carte : les extincteurs, dont l'un d'entre eux à quelques pas, vers lequel elle se rue en faisant fi des premières flammes qui assaillent sa veste.
« Dans le hall, l'extincteur », lance-t-elle à quelques mots près à sa collègue.
C'est leur seule solution. La sécurité de l'appareil se déverrouille et sous la pression d'une main de métal, les premiers jets de neige carbonique arrosent et libèrent le couloir, du moins assez pour laisser passer l'infime escouade de sauveteurs à présent complétée par la Déléguée en personne.
« Zone 5 ! »
La source de chaleur principale, la zone où sont regroupés la majorité des patients, le lieu de départ de l'incendie : le tout protégé par une porte et un digicode qu'il serait impossible de craquer dans de telles conditions. Elles pourraient essayer, mais elles n'ont pas le temps. La sécurité électronique aurait dû sauter, ce qui n'est pas le cas : « Putain ». Rien ne peut mieux exprimer la situation aux yeux de l'agent qui serre à pleine main l'extincteur.
Bien sûr.
Elle pourrait discuter dix minutes de ce qu'elle s'apprête à tenter, mais ce seraient dix minutes de trop sur le temps qu'elles n'ont pas.
Alors à la place, Emily recule contre le mur couvert de suie et de neige carbonique, encore chaud des flammes qui le parcouraient à l’instant. Ses prises se resserrent sur l’extincteur. Il n’est plus moment pour hésiter : de toute ses forces, elle s’élance contre la porte, bélier en avant, et ferme les yeux sous l’impact avec une seule pensée fixe en tête : la façon Sud, c'est toujours la meilleure façon. A compléter d'un « bordel d'... » lorsqu'en effet, la porte quitte ses gonds et s'effondre sous l'unique coup porté.
Bien sûr.
Elle pourrait discuter dix minutes de ce qu'elle s'apprête à tenter, mais ce seraient dix minutes de trop sur le temps qu'elles n'ont pas.
Alors à la place, Emily recule contre le mur couvert de suie et de neige carbonique, encore chaud des flammes qui le parcouraient à l’instant. Ses prises se resserrent sur l’extincteur. Il n’est plus moment pour hésiter : de toute ses forces, elle s’élance contre la porte, bélier en avant, et ferme les yeux sous l’impact avec une seule pensée fixe en tête : la façon Sud, c'est toujours la meilleure façon. A compléter d'un « bordel d'... » lorsqu'en effet, la porte quitte ses gonds et s'effondre sous l'unique coup porté.
C’est par miracle que l’agent ne s’écroule pas elle aussi alors que sa collègue s’enfonce rapidement et agilement dans le local encore en proie à l’incendie. Cinq victimes vont pouvoir être sauvées, mais ce n’est pas assez : sur les binocles, un voyant rouge clignote sans arrêt, rappelant à l’officier de la CAR qu’il reste des individus présents dans d’autres zones du bâtiment et qu’il faut les trouver. Vite.
Alors tandis que la Cadette Elenya se charge de la zone dégagée, la Commissaire Ethayel et sa fille reprennent le couloir en sens inverse, jusqu’à s’enfoncer peu à peu dans les méandres de l’hôpital où un calme presque terrifiant règne.
Alors tandis que la Cadette Elenya se charge de la zone dégagée, la Commissaire Ethayel et sa fille reprennent le couloir en sens inverse, jusqu’à s’enfoncer peu à peu dans les méandres de l’hôpital où un calme presque terrifiant règne.
Il n’y a rien à sauver ici, le bâtiment est intact.
D’un regard complice, la mère et la fille rebroussent chemin, rassurées par le système anti-incendie qui se met enfin en route. Dans un sifflement aigüe de sirène, une pluie froide mais salvatrice arrose les sauveteurs qui progressent à toute vitesse pour retrouver leur collègue et les victimes dont l’état n’a rien de rassurant.
Pas sûr qu’il y ait quelque chose à sauver ici non plus.
Pourtant elles essayent. Les corps inanimés, brûlés et presque méconnaissables sont soulevés, roulés sur des planches à gravitation. On vérifie le pouls, on murmure des « Tiens bon » ou autant de phrases pour se rassurer, pour que rien de tout cela ne soit vain. Et il continue de pleuvoir sur les corps que les trois agents du CdO protègent, évacuent d’un hôpital à l’autre malgré la crise sanitaire que connaît la ville.
Le virus court.
Lors de l’infime instant où ils rejoignent l’extérieur, Emily observe le ciel. Le smog, toujours lui, avale la fumée qui s’échappe des fenêtres éclatées du bâtiment qu’ils ont quitté. Le ciel est noir même en plein jour et seul les néons blafards du second hôpital parviennent à réveiller l’urgence et chasser les troubles qui harassent l’humaine.
D’un regard complice, la mère et la fille rebroussent chemin, rassurées par le système anti-incendie qui se met enfin en route. Dans un sifflement aigüe de sirène, une pluie froide mais salvatrice arrose les sauveteurs qui progressent à toute vitesse pour retrouver leur collègue et les victimes dont l’état n’a rien de rassurant.
Pas sûr qu’il y ait quelque chose à sauver ici non plus.
Pourtant elles essayent. Les corps inanimés, brûlés et presque méconnaissables sont soulevés, roulés sur des planches à gravitation. On vérifie le pouls, on murmure des « Tiens bon » ou autant de phrases pour se rassurer, pour que rien de tout cela ne soit vain. Et il continue de pleuvoir sur les corps que les trois agents du CdO protègent, évacuent d’un hôpital à l’autre malgré la crise sanitaire que connaît la ville.
Lors de l’infime instant où ils rejoignent l’extérieur, Emily observe le ciel. Le smog, toujours lui, avale la fumée qui s’échappe des fenêtres éclatées du bâtiment qu’ils ont quitté. Le ciel est noir même en plein jour et seul les néons blafards du second hôpital parviennent à réveiller l’urgence et chasser les troubles qui harassent l’humaine.
« Commissaire, première à gauche. Cadette, agent, au fond du couloir à gauche, première et deuxième salle ! », leur intime la directrice de l’hôpital Impérial.
Il fait toujours atrocement noir, malgré les perles de lumière que sont les ampoules se dessinant sous ses yeux. La suie a recouvert toute sa vision et seul l’affichage bleu des binocles la guide dans le second mouroir. Pour elle qui n’y voit rien, c’est comme s’il pleuvait encore du plafond, comme si tout était encore en feu. Alors Emily se remet à courir, guidant son patient allongé sur la civière d’appoint qu’est l’overboard vers une chambre où ils pourront le sauver, s’il y a seulement quelque-chose à sauver.
Ils pourraient. Ils pourraient le sauver, mais les chambres sont toutes occupées, ainsi que les docteurs. Benjamin, sous la suie, sous le sang, sur les draps, se meurt : il ne respire pas, ou plus. Elle ne sait même pas s’il respirait seulement à son arrivée et une hantise vieille comme le monde remonte et gronde dans son âme, pernicieuse peur qui s’infiltre jusqu’à atténuer sa raison.
« Sois vivant, putain ! »
Dans un élan de panique contrôlée, un doigt métallique s’insinue dans une plaie béante. Le sang éclabousse les couvertures et dans un hurlement sourd, le mort s’éveille, mais ça ne suffira pas à le sauver. Lorsque la directrice de l’établissement établit son diagnostic, tout espoir s’effondre chez l’humaine. Ça n’a servi à rien…Tout ça na servi à rien…
« ‘My…E…my…»
Le gargouillement l’arrache aux mémoires atroces qui se dessinent, balaie les tracés obscures pour l’obliger à voir par-delà le noir qui macule sa vue. Dans sa respiration, soutenue et relayée par le respirateur Impérial qui a vu les pires monstres du monde, un souffle distinctif, un grondement de haine qui rappelle d’autres années, d’autres instants. D’autres folies.
Et le mort énonce, annonce, murmure ses derniers mots à celle qui n’aura de cesse de sauver. Achevant les peines, les martyrs : le bourreau des bourreaux, qui d’une balle, met fin au calvaire de celui qui n’aura plus à souffrir.
Elle le promet.
Ce soir, le virus court. Encore.
Et il rit. Se rit de ces morts.
« Te voilà… »
Et le mort énonce, annonce, murmure ses derniers mots à celle qui n’aura de cesse de sauver. Achevant les peines, les martyrs : le bourreau des bourreaux, qui d’une balle, met fin au calvaire de celui qui n’aura plus à souffrir.
Elle le promet.
Et il rit. Se rit de ces morts.
« Te voilà… »
Sous les mains de l’agent de la CAR, celles tâchées du sang qui ne lui appartient pas, un enchevêtrement métallique se détache des ruines fumantes de l’ancien hôpital. Il ne pleut plus du plafond, une unique flamme a survécu aux larmes et danse, provocatrice, dans le dos de l’humaine qui se relève.
Sous son respirateur, un sourire invisible étire ses lèvres sèches.
Sous son respirateur, un sourire invisible étire ses lèvres sèches.
Mais nous l’éradiquerons.
Je l'éradiquerai.
Bientôt.
Je l'éradiquerai.
Bientôt.
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- 1 De Farid Al-Din 'Attar
Informations sur l'article
I'm living...
31 Juillet 2015
1523√
24☆
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Personnages cités
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Benjamin (159☆)
Patriote
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◊ Commentaires
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Benjamin (159☆) Le 01 Août 2015
MADAME "JE N'AIME PAS CE QUE J'ECRIS DE GENIAL". N'IMPORTE QUOI. -
NeufCentÖnze (1818☆) Le 01 Août 2015
C'est mal.... J'ai souri en lisant la mort de Benjamin xD * -
NeufCentÖnze (1818☆) Le 01 Août 2015
.....meuuuh..... j'ai rien fait... surement un problème avec les arrivées d'oxygène. J'ai été profondement touché de voir autant de blessés.... quelle tristesse quand même. -
NeufCentÖnze (1818☆) Le 01 Août 2015
J'espère que cela s'adresse à Benjamin..... @Axl --' -
Wilde~54358 (255☆) Le 01 Août 2015
Continue à ne pas aimer et à écrire ainsi alors. C'est un article vivant, on est vraiment porté par le rythme, j'ai adoré. * -
Nefer~54050 (135☆) Le 01 Août 2015
"Enchainée" pendant les trois premiers jours de l'épidémie, du coup nickel moi lol xD
Heuuu nétoile ici ! x) -
NeufCentÖnze (1818☆) Le 01 Août 2015
...remercie ton matelas de t'avoir sauvé la vie.... il y en a d'autres qui ont pris les éclats en pleine face -
Nefer~54050 (135☆) Le 02 Août 2015
;) -
Ellioth~49862 (0☆) Le 03 Août 2015
@Zayla : Rhyyyyyyme......mon bébééé...
Joli RP et Article !!
@Benjamin : Je t'aime comme ça *winkwink* -
Eaven (1181☆) Le 04 Août 2015
A choisir entre l'Hôpital des souvenirs et l'humaine, on choisit l'humaine hein !
Et ton texte est très bien, chut. On aurait voulu y être ! *