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À la lie

« Puisqu'il faut tout avouer, je descendrai en moi
jusqu'aux tréfonds,
j'en remuerai la lie et j'en étalerai la pestilence. » *1'

Aux heures pales d’une souffrance sans nom, le long cheminement de ses pensées l’avait mené, inexorablement, à l’unique solution pour faire taire tous ses maux.
En se fondant dans une mort glaciale, elle s’était imaginé qu’elle n’aurait plus à cacher les plaies béantes de son être abject. Résidu d’amertume, purulence de mensonge, ses cicatrices sans fond suturées à la hâte n’avaient cessé d’être creusées et était enfin venu le moment où d’elle, il ne restait plus rien.
D’une attente impatiente, chaque moment de chaque instant, elle s’était laissé dévorer par la seule idée de ne plus être qu’un souvenir fade aux contours incertains : une oubliée qui se retirerait sans heurts, sans fracas, dans un silence avili.
C’était sans compter les douloureux ignorés qui orbitaient à ses dépens autour du trou béant qu’était le grain, infime, qu’elle représentait dans cette immense machinerie. La cause de déboires, elle, bourreau victimisé : ou l’inverse. En son âme et conscience, ceux-là ne furent que de bien piètres dommages collatéraux. Les pas en arrière ramènent aux pieds des murs franchis. Ces barricades érigées en remparts, dissous, formaient un labyrinthe de ruines. Sa raison depuis longtemps s’y était égarée et, ni fil d’Ariane ni cris éreintants ne les aideraient plus à se retrouver. La lumière l’eut rendue aveugle, sourde, muette.
Le noir tout entier s’était fait, l’avalant pour ne plus la recracher qu’à moitié, déchirée entre au revoir, adieu, à jamais. Sa tombe fut scellée.

À l’aurore d’une nouvelle vie, le froid, battu, léga sa place à une brûlure. Et parce que Dreadcast est une pute qui vous boira jusqu'à la lie, elle partirait en fumée ou renaîtrait de ses cendres.
Comme encore et toujours.

• 1 Jean Rogissart, Hurtebise aux Griottes

◊ Commentaires

• 

  Leviathan~47056 (504☆) Le 27 Février 2015
  * < 3

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  Callian~48825 (366☆) Le 27 Février 2015
  Toujours aimé te lire. Même quand c'est déprimant *

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  Manerina~6356 (1551☆) Le 27 Février 2015
  Elle nous boira jusqu'à la lie, et nous la vomirons jusqu'à la mort, pour mieux renaître dans un clone ivre de n'avoir que trop vécu.

• 

  Ethayel~30165 (767☆) Le 28 Février 2015
  Il y a une multitude de différences entre un au revoir et un adieu.
  Le nombre de larmes, les cycles d'attentes, et l'espoir.
  Il y aura toujours une mère, qu'elle soit silencieuse ou bienveillante. Sauf que même dans un adieu, elle sera toujours là, cette héritière trop longtemps cherchée, et trouvée quelques heures avant un Enfer.
  Que la fille se le tienne pour Dye, elle sera toujours là, encore et pour toujours.
  

• 

  Astaa~40027 (268☆) Le 06 Mars 2015
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