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EDC de 35279

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La dalle




Il faisait déjà noir quand elle sortit du Conseil de la Noblesse. A peine la porte refermée que son Overboard filait vers le Sud, moteur débridé lui permettant d'aller plus vite que de raison, au point qu'elle aurait bien pu crever en se prenant un poteau - mais bordel, elle n'en avait rien à foutre.
A peine rentrée dans un chez-elle qui ne lui appartenait pas vraiment que son pied venait heurter une plante en pot, brisant ce dernier pour envoyer cette première valdinguer au loin. Il y avait bien assez de plantes pour que le proprio des lieux ne se rende compte de rien.
Bien assez de plantes pour qu'elle les pète toutes, d'ailleurs. Elle aurait sorti ses Eagles pour perforer le plafond ou les bouteilles sur le zinc, qu'importe, tant qu'elle pouvait tout faire exploser, retirer cette cravate à la con qui l'étranglait, tout envoyer chier et se rincer le gosier, s'arroser du sang d'un inconnu pour le plaisir de laisser sa haine virevolter avec ses flingues. Mais non.
Son triggerfinger tremblait trop et ses doigts tiraient sur la cravate sans parvenir à l'enlever, s'étouffant davantage en calant la haine sous forme de grosse boule dans la gorge. L'Ancêtre était venu à son secours, l'écouter gueuler, l'empêcher de virer au rouge ou au mauve à cause de ce "bordel de putain de bout de tissu", et surtout lui flanquer un grand verre de Skiwi entre les mains.
Le cul sur une chaise - pour une fois qu'il n'était pas vissé sur un baril - elle racontait, les jointures pâles à en faire craquer un os.
Tu vois le tableau : pas terrible la gonzesse qui sort de son Grand Oral avec l'envie de pousser une gueulante. Mieux qu'un résultat annoncé dans le torchon du DCN qui passe en boucle sur l'AITL, il suffisait de voir sa gueule pour savoir qu'elle s'était ramassée en beauté.
Et pourtant.
Pourtant, il y a cet éclat de rire, quand il lui demande ce qu'elle a répondu, et pourquoi elle croit tant avoir foiré. Ce regard froid et buté d'une foutue Sudiste qui relève la tête, avec ce sourire carnassier à la Djino, bien en coin, qui défigure toutes les beautés glaciales de la Donnellys.
« Si tu m'avais vue, l'Ancêtre. J'l'ai r'gardée droit dans les yeux et putain, c'était bon de lui décrire le goût qu'elle aurait eu dans mon assiette. ».
Ça l'avait à peine calmée. Et tandis que le vieux était parti s'écrouler dans un canapé, sans doute à cause d'un trop plein d'alcool et du fou rire qui avait entamé ses derniers neurones viables de Cyborg déglingué par le temps, elle s'était accrochée avec violence à un stylet tremblant et une feuille en cristaux liquides qui dansaient sous ses yeux, la narguaient.
Si les clopes s'étaient enchainées au point de lui faire perdre la voix, elle venait de trouver le moyen de faire entendre sa colère sans réveiller le comateux posé dans un pieu miteux.

« Quel est votre régime alimentaire ? »

Tu veux savoir ce que je bouffe, grognasse ? J’ai compris ta question. J’ai compris le frisson sur ta peau quand j’ai détaillé le goût que t’aurais dans mon assiette, dans ma bouche, entre mes crocs acérés.
Et j’ai bien identifié l’effroi dans vos regards. C’est que, l’honnêteté, quand vous y êtes confronté, vous y êtes si peu habitué que vous êtes tels des NIs face à leur premier Gnoll : vous vous chiez littéralement dessus et ça m’en couperait presque l’appétit.

« Le Tribunal Impérial a voté Contre… »

M’en bats la race. Comme on bat la viande pour bien l’attendrir. Un coup ici, un coup là, un autre plus bas. Le vote était à peine lancé que tu votais contre, et tes petits en-cas sur pattes de potes ont suivi la cadence, parce que vous valsez comme des pieds, sans cavaliers.

Vous savez pas danser, nan. Venez faire un tour de le Sud, on vous apprendra à balancer des hanches, remuer la croupe, faire baver le client. Marcher sur les pieds des autres, c’est votre truc. Nous, on érige des hommes, des membres, rien qu’en affichant une paire de loches. J’ai jamais vu personne bander devant un drapeau Impérialiste, moi.
Quoique. Quoique, ouais. Mais saucer le drapeau, c’est ça, l’Impérialisme, pour vous ? J’suis navrée, on n’a pas la même définition, dans s’cas. L’Humanité, c’est un truc qui vous cause moins qu’à une tarée d’alcoolo droguée qui bouffe de l’Elfe et ça, quand même, ça m’fait doucement rigoler.

Écraser quelqu’un qui vaut mieux que soi pour s’élever, c’est la seule façon d’avancer dans cette merdocratie. Le plus drôle là-dedans, c’est que même en visant votre Noblesse à la suce-moi-l’nœud, j’le savais. J’avais juste une putain d’envie de foutre un coup de pied à vos culs brillants d’s’être astiqués le derrière sur des chaises, ou par des langues de vautours, ou par je n’sais quel premier branlômane qui passe.
Et que je te tartine de Salve, que je t’épice d’Alte, et que j’te bouffe après t’avoir tranchée en petits morceaux. Arrosé d’IB, pour pousser la comédie au plus profond.
Mais j’ai déjà préchauffé l’four, vois-tu, Elfe de mes deux. Y a un moule – et ça ça t’causes, la moule – déjà prêt pour abriter la tourte délicieuse dont j’me farcirai l’bide après t’avoir farci l’entre-deux. Tous tes petits compagnons, un par un, j’irai leur suçoter les doigts à la place de t’la sucer.

Allez-y. Violente. Egoïste. Dissidente ou hérétique, dites ce que vous voulez. Il n’en reste que j’me suis sentie foutrement soulagée d’pas être des vôtres. J’ai besoin d’aucun titre pour obtenir le respect de mes pairs.
J’ai besoin d’aucun emblème pour connaître ma foi. Puis j’ai besoin d’aucun « plus con qu’moi » pour connaître ma place. Et ça putain, savoir s’qu’on est, s’qu’on vaut…Ca m’donne envie d’me lancer dans l’industrie du miroir pour y encastrer vos sales gueules de cons dont l’pouvoir est monté au crâne comme le détergent à celui d’un soiffard du Sud.
Au moins l’alcool, ça n’dure qu’un temps, et la r’chute est à peine douloureuse. L’pouvoir, quand j’vous en détrônerai avec un putain d’malin plaisir, quand j’viendrai ricaner sur vos dépouilles, j’verrai s’il est si agréable d’en descendre.

A bon entendeur : une demoiselle au phrasé subtile et délicat, n’est-il pas, qui se lèche les doigts après un succulent steak de vous.
La note froissée, dégueulassée par des cendres et quelques gouttes d'un Skiwi tiède venait d'être abandonnée sur le comptoir. En titubant, se prenant les pieds dans une plante malmenée et égarée, Emily finit par s'allonger - ou se faire allonger - sur le sol, les bras en croix, un foutu sourire niais suspendu à ses lèvres.
Et l'estomac gargouillant.
Putain, j'ai la dalle maint'nant.



Spoiler (Afficher)
Ce texte est présent IG, et ne peut donc être connu par vos petits bonhommes que s'ils viennent à tomber dessus. Mais m'voilà, j'avais envie de le poster quand même, ehe.
Ah et puis, je remercie Andraste, Preus, et un tas d'autres pour ce RP. Vraiment, tout ça n'est que l'avis d'un personnage, mais ça m'a permis de bien m'éclater.

Note : Triggerfinger, le doigt qui appuie sur la gâchette, l'index.
PS : Navrée pour les fautes, me suis pas relue. Pas encore.

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South's Soul
01 Décembre 2013
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