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EDC de 34024

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Deux jeunes filles ou la promesse de l'Ombre.

A l'aurore, crépuscule des espérances, je passe les souterrains. Si papa savait... Je ressors. Dans les quartiers sud, je trouve une ruine abandonnée, j'entre prudemment. J'ouvre l'AITL Impérial. Mon coeur saigne en voyant certains signataires. Des disparus à jamais, d'autres qui s'offrent à l'ennemi. Je ferme mes yeux noirs, inspire profondément et poste mon message.
"Quel calme oppresseur... Quelle lâche apathie... La ville se meurt à ce point dans le secteur 1 qu'il soit nécessaire d’inonder les terres de la liberté d'une propagande incessante ?......."
J'écris... je poste la Charte dont je suis si fière, et repense à celui qui a donné sa vie pour la faire naitre. Mais je baisse la garde, pensive. "Ne baissez jamais la garde..." m'a encore rappelé mon ancienne Mentor voilà peu, celle qui trône au plus haut de l'Ambassade Impériale. Elle avait raison. J'ai mon AITL en main, et tombe nez à nez avec une jeune fille, elle aussi... AITL en main. Elle voit mon visage sur son écran, puis pose ses yeux bleus dans les miens.
En une seconde nous sortons toutes deux une épée énergétique, mais avant même le premier choc des lames, j'utilise mon coup préféré, instinctivement : un bon coup de poing dans les gencives. Elle part en arrière, s'assomme à moitié sur une poutre cassée derrière et s'écroule au sol, sur le dos. Là... j'ai juste eu un gros coup de bol... Le sang coule de son nez, elle ne bouge plus. Elle a laissé tomber son arme et son com. Je donne un coup de pied dedans pour les éloigner.
Silence.
Au bout d'une éternité de quelques secondes, elle murmure.
Vous... vous allez me tuer ?
...............
Je recule. Un pas, deux pas, me laisse glisser le long du mur. Je la regarde longuement. Elle poursuit.
Vous... vous et les vôtres... vous tuez les innocents dans leur sommeil, vous posez des bombes et détruisez les temples sacrés. Vous... vous n'êtes que des... barbares...
Silence.
Je la regarde. Ses cheveux sont d'or. Ses vêtements sont simples, ceux des gens pauvres qui veulent faire bonne figure. Je me met à songer... Nous des barbares... Oui, sans doute, à nos débuts. Depuis deux siècles, à vivre dans des débris, dans le sang, dans la résistance rebelle... juste... pour une cause, un idéal, juste pour être libre. Nos convictions sont sincères. En cela sans doute... nous ne sommes pas si différents des dirigeants Impériaux, sans doute tout autant sincères dans leur démarche... même s'il servent la nuit, et leur propre pouvoir.
La lame.. lame sanglante... l'anarchie... pour... pourquoi luttez-vous contre... l'ordre... et la sécurité... de l'Empire...
Elle tourne sa tête vers moi. Me dévisage. Je pose mes yeux noirs qui se mouillent dans les siens. Elle tousse et articule.
Vous... vous avez l'air... si douce... si... triste...
Je me lève. Je m'approche tout doucement d'elle. La lame bleuté vibre dans ma main brune. Le regard de la jeune fille blonde montre de la peur. De l'horreur peut-être. Je crois qu'elle n'est jamais morte, et que cette pensée d'une première mort la terrorise, comme elle m'a terrorisée et me terrorise encore.
Vous... alors... vous... ne... pitié... non...
Je lui réponds enfin de ma petite voix grave et cassée.
Chuut... tout doux... Tu ne souffriras pas.
Silence.
Je m'appelle Tina. J'ai eu un Maître d'Arme un jour, ici en terre Impériale. L'un des plus puissants de la ville, il se nommait Lord Devdas. Il m'aimait bien, je crois...
Je pose ma lame contre le cou offert de la jeune Impérialiste, qui se fige et déglutit difficilement, visage en sang et en pleurs maintenant, mêlant crasse et sueur d'angoisse. Elle tremble.
Et puis je me suis éveillée... et il m'a détestée, détestée... au point de vouloir détruire ma puce de clonage, je crois... Mais je lui ai fait un serment. Je lui ai dit que jamais, jamais je ne prendrais la vie de qui que ce soit.
Elle fronce un peu ses yeux bleus. Écoutant, lèvres entrouvertes.
J'aime la douceur de la neige sur les toits. J'aime les fleurs, même si elles sont toutes fausses en ce monde. J'aime faire l'Amour et embrasser la vie. Mais plus que tout... j'aime la liberté, et je ne rompt jamais un serment...
Je remets mon épée à la ceinture. Prête à activer mon module d'invisibilité et rentrer de nuit sur mes terres.
Et toi ? Quel est ton nom ?
Elle balbutie, soulagée... Je n'ai pas... pas de nom... je ne suis personne...
Je lui souris avec douceur.
Tu es quelqu'un... Je t'assure que si... Moi en revanche... je ne suis qu'une Ombre... et tu ne m'as jamais vue... Je disparais après un clin d'oeil...
Je me redresse dans mon lit. Tout cela était-il un rêve ?
Ou la promesse de l'Ombre ?

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