EDC de 30188

"Vous avez un message". Beuglement du communicateur.
Je me lève, lis le message et file au lieu de rendez-vous donné.
Politesses d'usage, peut-être même un peu plus puis entrainement.
Je n'étais pas revenue dans cet immeuble depuis très longtemps, et, de toute manière, il fallait toujours se presser pour servir l'Empire, Colosse aux pieds et poings d'acier qui ne fait que se mouvoir avec lenteur.
Mes pensées revinrent à la salle de combat. Je baissais le regard sur mes mains qui tenaient un pistolet. L'entrainement avait déjà commencé. Il fallait que je me concentre, je perdais de plus en plus le fil de la réalité.
Les billes en plastique rebondissaient de droite et de gauche.
Je regardais mon partenaire, blessé, des bandages enserrant son torse.
Les choses avaient elles évoluées ? Surement pas tant que çà...

13 eme cycle

Alors que je pansais ses blessures, réajustais ses bandages où perlait parfois un sang frais et rouge, je lui posais quelques questions.
Des questions d'importance dont tout le monde supputait déjà les réponses. Mais je voulais ses réponses, savoir ce qu'il dirait et comment il les formulerait.
"Est-ce la Vérité ? demandais-je

• La Vérité est le fait d'un petit groupe qui sait et agit. Le reste n'est que vérités et rumeurs."

Bel effort de rhétorique. Je n'avais pas répondu et l'entrainement avait été interrompu.

Jour 7. Année 224.2
23 eme cycle.

Assise sur le bord de mon lit, je palissais au fur et à mesure que j'écoutais l'Histoire.
L'Histoire supplantait elle la Vérité ? En était elle la complice ? Etait-ce la même chose ? Etait-ce plus ?
Je suis restée silencieuse durant toute l'énumération des faits, des causes, des conséquences, des recherches et des mensonges.
Tête baissée, j'ai écouté le narrateur jusqu'au bout.

"Je n'ai confiance qu'en toi"
Il termina ainsi et je hochais la tête.

Jour 1. Année 224.3
2 eme cycle.

Seule. Je dois maintenant devenir acrobate et jongler entre mensonges par omission et vérité.
Je ne lui ai jamais menti. Peut être par oubli ? Jamais volontairement.
Mes yeux se posèrent sur mon plafond, froid, lisse, blanc.

"A ses yeux, tu ne fais pas partie du petit groupe qui sait et détient la Vérité ? n'est ce pas ?" me demanda la petite voix. Moi, la petite voix, je ne lui parlais plus, je ne lui répondais plus, j'avais abandonné, çà ne servait à rien, elle avait toujours raison, c'était une sophiste hors pair.
Je me contentais donc de hocher la tête
"Alors tu n'es pas obligée de mentir. as tu déjà oublié qu'il ne te demande jamais rien d'importance ?"
Je restais pensive un instant puis un fin sourire se dessina sur mes lèvres.