Les choses se bousculent dans ma minable cervelle ces derniers temps. Des départs, des découvertes, des élans d'affection. Plein de choses qui suscitent de quoi vous créer des emmerdes à l'avenir. Je soupire, vidant mon chargeur sur un sac de frappe trouvé à l'académie. Je réfléchis, je le bousille, je le relève, je recommence à réfléchir, je le re-bousille, je le re-relève. Je me dis que je dois m'endurcir, me faire un peu de muscles mais mon esprit dérive encore et toujours et au final, le pauvre type en prend pour son grade.
Il y a un truc chiant dans le fait d'être une femme. Il suffit d'un instant d'inattention, d'une humeur un peu trop mielleuse à cause de deux ou trois hormones à la con qui vous empêchent de réfléchir correctement et là, BAM ! Tu dis une grosse connerie. Le pire, c'est que sur le coup, t'es contente, tu gravites autour d'une planète rose ou tous le monde il est beau, tous le monde il est gentil.
Je relève le pauvre truc par terre, je reprends. Donc voilà, tu réfléchis pas. Puis après coup sa recommence à tourner dans ta petite tête. Oh oui. Tu fais plus du tout la maligne. Tu paniques.
« Je l'ai fais. Putain de son nain, je l'ai fais ! »
Le sac mange. Ça fait du bien de se défouler. Je repense aux dernières paroles échangées. Au fond, je pense que ça aurait fini par arriver. Cependant, rien avait été prémédité. Tout allait très vite. Une partie de moi me dit que c'est une bonne chose. L'autre gueule que je suis une pauvre abrutie. Je crois que j'ai trouvé pire que le cœur : La Raison. Je repense au sucre d'orge aux mèches brunes et à son discours de la veille. J'éclate de rire.
En fait, c'est le plus pourri. Je vise puis tire. Je penses à d'autres personnes, d'autres conversations. Et plus je m'enfonce dans les limbes de ma conscience, plus j'en rie. On fait les forts mais au fond, on vaut pas mieux que les autres. Une belle ribambelles de salopards aux ego sur-dimensionnés. Tous pour un et l'autre pour son cul. C'est pas la peine d'essayer se justifier. C'est le propre de toutes espèces vivantes. Moi la première.
« L'autre côté, hein... »
Je parle toute seule. Je dois encore passer pour une dingue. C'est peut-être le cas après tout. Quoi qu'il en soit, que ce soit ici ou ailleurs, on y trouvera la même chose. Peut-être pas avec la même intensité, peut-être pas avec la même présentation, mais cela restera la même chose. Faut être réaliste. Puis la vie éternelle, ça craint. On accumule les rancunes, on se construit sur la peur, la peur que cet enfer dure à jamais. Remarque, dans un cas comme celui-ci, mieux vaut perdre toutes traces « d'humanité » si tu veux vivre et avancer. Bien sûr, elle dormira toujours quelque part et quand elle entrera à nouveau en service, ce ne sera que pour mieux l'apprécier. Ce qui faisait le luxe de la vie avant, c'était qu'elle était fragile, rare, conditionnelle. Nous ne l'avons plus, c'est dans l'ordre des choses que nous nous trouvions autre chose à convoiter.
« Sans déconner, faut que je me calme sur la philosophie existentielle. »
Je pose la main sur le communicateur perdu au fond de ma poche. Il reste silencieux malgré tout ça. N'y pensons pas pour le moment. La force de l'esprit est une chose, celle du corps en est une autre. Je ne peux plus rester comme ça, je dois apprendre à me défendre.