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Prise de Conscience

L'obscurité, le vide, le froid.
C'est là tout ce que je n'avais jamais connu. Tout ce que je ne connaîtrais jamais.
Des silhouettes, des ombres, pâles illusions se dessinant sur mes rétines endormies.
Puis, le bruit assourdissant de la vie qui reprend son cours. Une cacophonie d'informations pressées, douloureuses, assassines. Une énergie capable de vous scier la tête en 3 secondes simplement en s'interrogeant sur sa propre existence. Coincée au bord du gouffre, je me confronte à l'angoisse universelle, agenouillée près de cette plaie béante creusée au milieu de mon esprit.
La lumière se filtre au travers de mes paupières frétillantes et curieuses. L'heure approche et apporte avec elle l'inévitable. Ma main se colle à la vitre et je m'avance comme un cosmonaute perdu au milieu de l'infini. Mes yeux s'ouvrent enfin. Au travers mon de bocal, le monde prend les allures d'un rêve loufoque, se tordant comme un vers au milieu de cet océan trouble et gluant. Malgré tout, je n'en perd pas une miette et viens coller mon front à sa surface comme un enfant pressé de vivre.
Il est temps de renaître.
Cela m'éclata au visage comme une vérité lorsque je surpris mon reflet se dessiner sournoisement devant moi. Je ne savais rien et pourtant j'en étais persuadée. Ce corps, ce visage fantomatique m'appartenait. Je le dévisageait comme on dévisage un inconnu dans la rue. Ou, dans ces circonstances, comme lorsque on vous demande de reconnaître un cadavre. La revenante en question se voulait fine et pâle comme la mort. Ses yeux vident étaient encrés dans les miens, lointains et amers. Ses cheveux donnaient l'impression que le temps c'était arrêté, flottant autour d'elle comme un voile de soie. Son corps nu n'était habillé que de tubes et de câbles qui semblaient, a leurs extrémités, se confondre avec la chair.
Ses allures de représentante du jugement dernier fit revenir la conscience jusqu'à moi. Plus elle agissait, plus j'oubliais, plus j'oubliais, plus je m'interrogeait. J'avais l'impression d'avoir perdu des pans entier de mon existence. D'avoir reçu un énorme coup sur la tête. Je savais que ma vie n'en n'était pas a son commencement et pourtant... Mes circuits avaient grillés, tous mes souvenirs étaient passés à la trappe. Je n'étais plus qu'une page vide entre deux histoires. Mais cela n'empêchait pas le monde de tourner et à l'heure d'arriver...
Une alarme fracassante venait de me tirer par force de mes réflexions existentielles, le destin m'attendait déjà au pied de cette immense porte vitrée. Apeurée, je vois mon monde s’effondrer en l'espace de quelques secondes seulement. Les tuyaux se retirent, l'océan verdâtre aussi et l'air entre brusquement dans mes poumons atrophiés par leur longue inactivité. Mon corps me donne l'impression d'être transpercé de part en part par une lame invisible. Je n'ai pas la force de crier, la pression assommante me propulse au sol et là...
L'obscurité, le vide, le froid.
Ce sommeil non prémédité m'aura au moins servit à une chose : visiter les abysses profondes cachées au fond de ma pauvre cervelle.
Car malgré mon inconscience momentanée, mon esprit n'en fut pas moins vide. Des échos me parvenaient ici et là, des voix que je pensais reconnaître sans grandes convictions. Ce qui était sûr, par contre, c'est que je ne pouvais me résoudre à ne rester qu'une page vierge au milieu d'un livre. Je tentais alors un ultime effort de concentration pour parvenir a rattraper quelques souvenirs. Je force, lutte, me déchire pour la moindre petite bribe de mon passé, aussi insignifiante soit-elle. Je ne me préoccupe même pas de la douleur qui commence à me lacérer les tempes, avidement.
Je me laisse entraîner par ce tourbillon de folie, cette obsession familière, cette ineptie. Je voulais savoir, que dis-je, je DEVAIS le savoir ! Cette peur de l'inconnue c'était incrustée en moi comme la peste, rapide, cruelle et se propageant de plus en plus. Ma respiration s’accélère, le sang afflue à vitesse grand V mais je n'en fais rien. Je repousse encore et toujours les limites, comme si je ne pouvais vivre sans cette partie de moi. Comme si on m'avait complètement dénaturée. Comme si j'avais quelque chose à protéger.
Soudain, un blocage. Cette fois, je suis allée bien trop loin pour mon corps encore affaibli. Quelque chose c'est coincé dans ma tête. Le sang n'y circule plus. Je reprends conscience dans un long hurlement mais sans parvenir à l'entendre. Je ne comprends pas où je suis, ce que j'y fais. Tout est flou, tout va trop vite. L'air me brûle la poitrine et je me retrouve seule au milieu de tout, de rien, proie au vacarme de mes pensées. Des images se dessinent devant mes yeux sans que je puisse savoir d'où elles proviennent. Un cauchemar si réel que je me pense victime de mes propres souvenirs soudainement revenus à la surface.
Dans ma torpeur je me vois actrice de ma vie passée. Tous va tellement vite, je n'ai le temps que d'en analyser les grandes lignes. Je distingue quelque chose qui ressemble a un début, un milieu et une fin. 3 étapes bien particulières, avec une logique et une histoire différente. Des récits qui vont en se dégradant, s'engageant sur des ignominies insupportables pour ma conscience seule. Une violente pression me fend le crâne et ce spectacle semble se répéter encore et encore dans un cercle sans fin. Une chanson domine sur le chaos ambiant et semble s'amplifier au fil de la douleur. Ou bien était-ce l'inverse. Ce dont j'étais certaine, ce qu'elle évoquait en moi un mal-être insoutenable, elle me dévorait les entrailles comme si elle possédait une vie propre, qu'elle était palpable.
Elle retourne sur le billot
Je crois qu'on la reverra plus d'si tôt !
Il manie, l'bistourit !
Alors qu'elle est même pas endormie !
Ce soir le sang coule à flot !
On la prépare pour l'gros dodo !
Car au bord de l'enfer
On n'sort jamais vraiment d'notre Misère !
Ce dernier mot éclata en moi avec une violence telle que je sentie se dégager l'obstacle au sang qui reprenait sa course infernale au travers de mon cerveau malade. Je restais allongée là, sur le sol de la cuve vide, des minutes, des heures, peut-être même des jours. A mon réveil, je ne me souviens de rien. Qui suis-je, que fais-je là ? Ce sont des questions que je ne prenais même plus la peine de me poser. Je me massais les tempes, une migraine me laminant la tête.
Mi-Se-Ry.
Je me surprenais à m'entendre répéter ces mots, seule chose dont je ne me sois jamais souvenue depuis mon arrivé.

Spoiler (Afficher)
Petites précisions : Son passé n'est pas celui d'avant Dread Cast, c'est un passé qu'elle s'invente et qu'elle prend pour la réalité vraie. Cette période marque l'aggravation de ses troubles psychologiques en donnant naissance aux trois facettes de Misery. Celles-ci naissent à partir d'une prise de conscience trop lourde à supporter ainsi qu'un accident vasculaire cérébral léger.

Informations sur l'article

[Histoire Elfique]
10 Décembre 2012
953√  9 3

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◊ Commentaires

  • Kinchaka~27073 (1094☆) Le 10 Décembre 2012
    Vraiment bien écrit ça se laisse lire agréablement, Misery à plus toute sa tête tu m'étonne !
    Bref j'aime et l'ambiance un peu malsaine est pas désagréable même si la Misery dans le jeu ne le montre peut être assez !
  • Uma~31273 (93☆) Le 10 Décembre 2012
    N'étoile pour N'oreilles !
    Belle ambiance , j'ai bien aimé .