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EDC de 29288

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Cacher

- Created A Monster -

We've created a monster
Created a monster
But nobody wants to kill it

Ma tête s'anime d'elle même au son de la musique. Casque sur les oreilles, je me remémore les derniers jours, les derniers échanges. Les dernières conneries. Je me dis qu'au fond, on est plus heureux en vivant dans l'ignorance. Paradoxalement, on également l'air moins con en sachant ce qui se passe derrière notre dos. Sur cette pensée, mes poumons se gonflent à nouveau du brouillard épais et chaud de la cigarette suffoquant entre mes lèvres. Les gens sont des bestioles bien étranges. Illogiques, irrationnelles, immatures. Bien entendu, je trouve tout autant ma place dans ces trois mots, mais... Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Pourquoi prétendre quelque chose avec ferveur en pensant catégoriquement le contraire ? Pourquoi vouloir rouler quelqu'un qui nous estime tout en sachant que même en étant la pire des ordures de la terre, il nous pardonnera toujours ? Quel intérêt à cela ? Garder de bonnes relations ? Obtenir ce que l'on souhaite plus facilement ? Prendre son pied en jouant au gros con ?
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Le smog artificiel vient s'agglutiner au plafond, alourdissant un peu plus l'ambiance régnant dans la pièce. Je lève les yeux vers lui, refermant la main sur l’insaisissable. Savoir quelque chose que l'autre ignore. Se retrouver devant lui et lui sourire comme si de rien était, cherchant encore à protéger le monstre se développant dans son esprit. Ses lèvres s'animent, un mensonge de plus. Je sais que tu me méprises mais je n'ai pas la force de te l'avouer. Au final, c'est peut-être moi qui ai merdé. Je n'ai pas réussi à te transmettre autre chose que la crasse dans laquelle nous avons toujours vécu. Je ne t'ai pas retenu les fois où tu disparaissais sans rien dire. Je t'ai laissé vivre dans cette boîte en béton où les gens ont tellement peur des monstres qu'ils apprennent à le devenir.
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Plongée dans le noir, j'observe la tâche lumineuse virevoltant selon mes envies. L'impression de déjà vu vient me faire marquer le noir de mes lèvres d'une incisive vengeresse. Ah, pour le coup je me retrouve dans une situation complètement stupide. Commissaire des cours d'écoles, jouant au gendarme et au bandit. Luttant soit-disant contre le crime et l'oppression pour assurer le calme et la sécurité de tous, mais... Le problème est-il vraiment là ? Les gens sont-ils fondamentalement mauvais ? Si ce n'est pas le cas, pourquoi même les plus réservés partent en couille ? Les faux méchants, les faux gentils, qui a tors et qui a raison ? Pourquoi ? Le désespoir se glisse sous les portes, vicieux, insondable et nous contamine peu à peu. Le pouvoir, l’orgueil, l'envie et la jalousie... La jouissance de pouvoir nuire à celui qui nous a dérangé, lui cracher à la figure sous prétexte qu'on a la place qu'il faut pour ça... C'est vraiment ce qu'on a voulu nous inculquer ? C'est vraiment ça que l'on veut pour notre avenir ?
Toi tu t'sens plus, lui y se sent mal
Tu l'as séquestré bâillonné ligoté
Tu r'connais le p'tit gars qu'est en toi
Le p'tiot la p'tiote
qui chiale dans l'fond c'est toi
Tu préfère te cacher
faire le steak haché
sous vide
t'as du mal à respirer
La musique se renouvelle et mes pensées flambent. Tout a coup, je ne suis plus sûre de rien. Oui, je crois que je flippe un peu. Comment pourrais-je être tranquille quand la maladie apparaît sur les visages que je pensais connaître par cœur ? J'aurais donc tout faux ? Nous battons-nous réellement sur les bons fronts ? Et si le vrai souci ne se trouvait non pas dehors, non pas ailleurs mais simplement sous nos pieds ? Je me rabat dans mon fauteuil tout en rongeant nerveusement l'ongle d'un de mes pouces. Ma paranoïa maladive reprenant tranquillement sa place, je me demande ce qu'il me reste encore, remet en doute mes certitudes, me demande qui me trahira maintenant. Suis-je à la bonne place ? Je me concentre et répète ma formule magique; avancer sans rien attendre de personne. Se battre pour ses idéaux. Rester au plus près de la vie sans se faire mâcher les difficultés. La prendre comme elle vient. Se remettre en question quand il le faut, accepter la nature des gens et les souffrances qu'ils apportent parfois. Oui... Je ne suis sûre de rien. Mais je pense à peu près savoir où je vais.
Je ne casse pas
je n'me marre pas
je n'espère pas
J'observe les autres
qui partent en couille
ou en chipolata
Dans cette pièce noyée dans le noir et le brouillard semblable à celui qui peuple mon esprit, je repense à cette famille qui n'est plus qu'un amas de mensonges et de haine. A toutes ces connaissances qui se sont perdues. A cette personne aveuglée par le pouvoir. Ces indifférents, ces enragés, ces idéalistes. A l'avenir qui se prépare, à l'énième tentative de vivre 'correctement'.
Je me relève alors, m'étirant maladroitement comme le veux ma dégaine de garçon manqué et retourne alors huiler la machine à faire des monstres car au fond...
.
.
.
On ne peut faire autrement.
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Ce sont là les pensées du personnage, sa vision subjective des choses. Vous n'avez évidemment pas accès à ce contenu sauf si elle vous en a parlé au préalable. Bref, comme d'habitude!

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10 Octobre 2014
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◊ Commentaires

  • Ethayel~30165 (767☆) Le 11 Octobre 2014
    J'aime, tout simplement.
    Très beau texte, chère Commissaire.
  • L-X (1536☆) Le 11 Octobre 2014
    Ah Misery... chaque fois c'est une admiration étonnée qui m'emplit à la fin de la lecture d'un de tes textes et où l'on redécouvre ce qui se cache dans un accent de cyberpunk sans désespoir ni artifice, sans trop ni trop peu, et qui décrit un personnage subtil et fort que j'aime, évidemment.
  • Dart (144☆) Le 11 Octobre 2014
  • Leviathan~47056 (505☆) Le 11 Octobre 2014
    Inutile de le préciser mais... J'mit une étoileuh.