EDC de 26572

Les contours se forment.
Les formes se devinent.

Un verre d'alcool à la main, il regardait l'outrilienne au visage rompu par les écailles, assise sur le sofa d'en face.
Il avait trinqué au temps, ce temps qui reste et se fait lourd, qui nous tire vers le froid et sa température à 0°k.
Un regard, quelques mots, le constat était fait.

Le feu, dangereux et attirant, brûlant et délicieux.
Il l'avait administré à bien des hommes déjà, cette purification, la flamme venant laver les péchés de chacun dans un doux crépitement.
Ces mêmes flammes qui quelques années après l'avaient lui-même rongé, se dispersant sur lui, goûtant son corps.
Les cris étaient sourds quand sa peau était alors devenue dure sous les baisers des flammes, mais personne n'était là pour l'entendre.

-Le temps est long vous ne trouvez pas ?
-Allons, nos vies perdent un peu de leur goût.
-Oh.. Je ne savais pas qu'elles en avaient.

L'attirance, le bien-être. Il s'était jeté dans le brasier échappant au froid.
L'esprit confus, il l'avait serré dans ses bras.
La flamme aujourd'hui était douce, délicate, ses caresses brûlantes étaient d'une enivrante déconcertante.
La glace était repoussée par cette vague de chaleur, le goût revenait, les sensations exaltantes poussant à la dépendance.

-Mais, donnez-vous une autre chance !
-Je ne me fais plus d'illusions.

Le souffle court, son corps échappe aux brûlures et ses mains tremblent, répondant aux caresses des flammes.
Deviendront-elles étouffantes ?
Respire l'air brûlant qui te fait bouillir de l'intérieur.
La lumière se fait éblouissante, on ne regarde plus où l'on marche, gardons les paupières closes dans le but de préserver nos yeux, ou de ne plus voir la réalité.
Redoute l'instant où ta peau prendra une teinte noirâtre sous les assauts des flammes.
Tu y as cédé, la chaleur te plait, le froid te fait peur, mais le sentiment s’inversera un jour.

Les yeux reptiliens se lèvent vers lui, alors qu'elle articule des mots raisonnant dans sa tête.

"Il n'y a que le désssesspoir. "
La voix sifflante le pénètre, il prend peur tandis qu'elle ne cesse de raisonner dans sa tête.

Ne respire plus, la chaleur est trop grande.
Les poing sont fermés, les yeux se rouvrent, devenant secs.
Les flammes l'entourent, léchant son corps, la douleur prend le dessus.
La passion, qui jadis était intense, le consume maintenant de l'intérieur.

"Il n'y a que le désssesspoir."

Il tourne sur lui-même, il cherche, ne trouve rien.
Sa mâchoire se crispe, il tait la douleur.
Tu ne dois pas perdre.
Ses yeux cristallisés ne répondent plus, la cécité est faite, elle t'a aveuglé.

Il n'a plus de force, mais continue d'avancer, chaque pas puisant trop d'énergie, ses talons brûlent, nul ne peut marcher trop longtemps sur des braises.
Les flammes le tiennent, embrassent sensuellement sa peau qui se durcit sous chaque baiser, se craquelant par endroit.

"Il n'y a que le désssesspoir."

La voix hurle, il réplique, son cri est court, ses membres figés, son corps enlisé dans les flammes, la peau comparable à de la pierre.
Il lève la tête vers le ciel, et inspire l'air brûlant, la douleur est intense, il faut l'arrêter.
Il cesse de se battre, et se rend au malin qui a su l'attirer dans ses bras.
Ses yeux aveugles regardent le ciel, assombris par les cendres des autres corps piégés, maintenant envolés.

Le voilà cloué dans les flammes, une statut de couleur noire recouverte de fissures, la bouche ouverte, il cri en silence , Il n'y a toujours personne pour l'entendre.

Toi qui voulais échapper aux glaces pour continuer de vivre, te voilà dans les flammes, cuit comme une vulgaire sculpture d'argile.