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EDC de 25968

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Cacher

Cocon de latex

Hier soir, le corps de Suite était resté inerte pendant deux heures lorsque Hynna était revenue à la villa. Il avait voulu la prévenir, appeler à l’aide. Des dizaines de mots s’étaient pressés à ses lèvres, ne laissant s’échapper qu’une mince vibration linéaire et ininterrompue en 92 hertz.
« Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz. »
Léger bourdonnement en fa dièse que l’on pouvait prendre pour un souffle paisible.
« Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz. »
Il comprit la futilité de l’exercice et cessa d’émettre le moindre son. Il vit Hynna se coucher près de lui. Il ne sentait pas sa chaleur, ni son parfum, ni la douceur de sa peau. Il percevait, bien moins distinctement que d’habitude, l’aura de sa présence grâce à sa vision infra-rouge.
Le lendemain, il faisait jour dans la chambre et il la regarda s’éveiller. Il comprit qu’à l’évidence tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve. Avec à peine de recul, il était déjà prêt à en plaisanter.
Les constructions oniriques sont tellement ridicules pensa-t-il. Il sourit intérieurement en se remémorant la première nuit au cours de laquelle il avait rêvé. Il avait cru dur comme fer que ces nains était bien réels, il les revoyait encore qui poursuivaient une meute d’écureuils affolés pour les tuer à coups de pelle. Et cette nuit, ce rêve aussi affreux qu'inattendu, quel cauchemar que de se sentir coupé du monde, prisonnier de son propre corps !
Hynna venait de s’habiller alors que lui trainassait au lit. Il la regarda et se mit à lui raconter son cauchemar :
« Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz. »
Que se passait-il ? … Il se tut… Il réfléchit… vite… très vite… aussi vite que son cerveau put réfléchir. Il fit un nouveau test narratif :
« Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz. »
Sa conscience fut prise de vertige. Il se mit à hurler en comprenant que ce n’était pas un songe, qu’il était vraiment captif dans cette carcasse de droïde en latex figé, mais aucun son ne fit écho à ses hurlements.
« Hynna, pensait-il, regarde-moi ! Aide moi ! Aide moiiiiiiiiii ! »
Et Hynna le regarda.
Il se demandait combien de temps.
Combien de temps avait duré cette journée sans ressentir le moindre souffle d’air effleurer son revêtement dermique d’habitude si sensible ?
Combien de temps ses fonctions vitales perdureraient sans boire ni manger ?
Combien de temps encore l’angoisse grandirait-elle dans son cœur avant qu’il ne soit délivré de toute souffrance ?
Il se demandait surtout laquelle des deux serait la plus prompte à s’emparer de son âme, la mort ou la folie ?

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