EDC de 25968

Bonjour Bilis,

Pardonne-moi, mais j’ai un Conseil à te donner…

Tu es tranquillement installé chez toi, affalé sur un canapé rouge et tu te réveilles. Par pur réflexe tu allumes ton communicateur et tu lis avec émotion, avec plaisir, ou effroi les quatre ou cinq messages que t’ont envoyés tes potes et ta petite amie. Puis, tu t’équipes et tu te brosses les dents. Ensuite, tu jettes un œil à ton AITL. Aujourd’hui, personne n’est mort, personne n’a pété un câble et ne s’est barré au congélo. La soirée s’annonce bonne. Tu ouvres le frigo et tu t’enfiles les deux derniers œufs et deux kro… de quoi te caler pour un petit bout de temps – faudra quand même penser à faire les courses… pas grave, tu cherchais justement un prétexte pour sortir. Ta copine roupille encore, tu lui fais un bisou en gros plan devant la caméra du bâtiment et t’en profites pour aller au bar remplir tes sacs. Là tu rencontres un couple d’amis, vous discutez un moment, vous vous fendez la poire et ça finit en entraînement parce qu’il faut quand même garder la forme. T’as pas l’intention de rester une crevette toute ta vie.

Tu es heureux Bilis !

Un jour, sans savoir pourquoi, on te raconte qu’il y a une nouvelle loi, un truc à la con du genre : « AVIS AUX GUEUX - le premier pacoulin qui oublie de cloquer une majuscule à Imperium finit en tôle ». Tu te dis que les nobles n’ont vraiment rien d’autre à foutre pour pondre des inepties pareilles. Sur le fond ça t’en touche une sans faire bouger l’autre, mais sur la forme ça te met en rogne. T’as envie de réagir et tu commences à cogiter et que vu que t’es pas plus demeuré que le mec qui a chié cette loi, tu pourrais toi aussi être noble. A partir de là, l’idée fait son chemin. Ben ouais, pourquoi pas toi ?

Patatras ! Tu viens de poser le pied sur la planche savonneuse de la politique. T’as les dents qui poussent. T’es juste vendeur qualifié en produits bancaires mais tu te vois déjà assis sur un fauteuil en velours de la salle du Conseil en train de proposer un amendement à la loi, comme quoi chaque abruti qui mettra un accent sur le E du mot Imperium devra faire le tour de la ville à cloche-pied.

Sayééééééééé ! T’es noble, Bilis ! Le premier jour, tes potes commencent à te vouvoyer, mais c’est moins par respect que pour se payer ta poire. Toi, tu les rassures : « Ecoutez les mecs, y’a rien de changé. Je suis le même qu’hier ! » - erreur.

La première heptade, tu te réveilles et tu files au Conseil, tu écoutes les débats et tu trouves que c’est plutôt de l’enculage de mouche qu’autre chose. Et puis, un coup le Président du Conseil se tourne vers toi et te demande de participer à un groupe de travail à propos de l’opportunité de faire du pognon sur le dos d’Armacham et consors en taxant les bistrots qui ont eu le malheur de s’implanter historiquement dans ce qui allait devenir leur putain de Ville Haute. Un groupe de travail passionnant qui débouchera sur un décret proposé à l’Ambassadeur lui-même. Pendant ce temps, évidemment, les soirées se font rares avec ta petite amie, mais c’est le prix à payer… pour faire son trou, faut négliger le sien.

Grâce à tes exploits au sein du groupe de travail, ton Vénéré Ambassadeur se souvient de ton nom et te propose de devenir DI du CIPE. Toi, tu sais pas que ce poste, personne n’en veut vu qu’il faut s’occuper de la basse volaille des NI, mais pour le plaisir (solitaire) de lire inscrit « DI » sur ta carte de visite, t’acceptes.

Là, autant dire que ta copine tu n’as quasiment plus le temps de la voir. D’ailleurs ce n’est pas un mal parce que ça te ferait moyennement sourire de constater qu’elle s’envoie en l’air avec ton colloc – faut bien qu’elle occupe ses soirées pendant que tu gaspilles les tiennes ! Quant à tes ex-potes qui osent critiquer ta loi privative de l’accent aigu, ils commencent à te sortir par les yeux et il n’y a pas loin avant que tu leur foutes l’Inquisition sur le dos à cette vermine d’anti-citoyens !

Quel malheur, Bilis !

Bilis, nobilis… t’es devenu la négation de toi-même et tu comprends, mais un peu tard, qu’il fait vite froid quand on est noble. Voilà ce qui arrive quand on n’écoute pas le bon Conseil.

Bonne nuit, milord.

PS – Juste au cas ou, je précise que Milord, c’est pas la moitié d’un Lord.