EDC de 25968

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Un corps inerte était allongé sur le marbre, objet dépourvu d'âme, mécanique incroyablement complexe enrobée d'un latex de très haute technologie. La tête était encore séparée du tronc au niveau de la vertèbre C4. En son centre émergeait le toron principal des circuits de commande. Les flexibles des voies respiratoires et digestives pendaient du cou, au milieu d'une myriade de fibres nerveuses et de tubulures artérielles.

L'équipe était prête, ils attendaient l'arrivée du donneur pour réaliser la transplantation de son cerveau dans le crâne, la "mise en pression" des circuits, et déclencher les premières impulsions de la pompe cardiaque une fois l'ensemble "câblé, ajusté et soudé".

Soudain, deux infirmiers entrèrent dans le bloc en poussant une civière sur laquelle gisait le corps fraîchement régénéré du donneur. Il était mort à la date dite, il avait été cloné et l'équipe avait arraché son clone de la cuve juste avant la reprise de conscience, comme sur des roulettes (c'est le cas de le dire). Deux heures plus tard le cerveau était installé dans son nouveau logement. Huit heures plus tard, la tête était en place et le latex du col suturé...
3... 2... 1... Activation !.

Pendant l'heptade qui suivit, Suite V2 prit possession de son corps et emmagasinait de l'expérience. Il re-paramétrait lui-même un certain nombre de fonctions qui ne pouvaient être calibrées en laboratoire.
Pour ce qu'il ne parvenait pas à régler lui-même pendant une activité normale, il prenait des notes et allongeait ainsi la liste des routines et sous-programmes à débugger.
L'écriture de son expérience était encore anarchique, il effaçait, reprenait, niquait un certain nombre de clusters au passage.
Un des points principaux de progrès lui semblait être l'expression des émotions. Certes, le fait de modifier la couleur de son regard était assez sympa, mais comme le code couleur était étranger à ses interlocuteurs, c'était aussi utile que de parler mandarin à un citronnier.

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Au bout des sept jours, il était grand temps de lancer un check up complet de son organisme et de ses fonctions métaboliques et cognitives, de dérouler un protocole de débuggage global, de défragmenter ses espaces mémoires, et de revoir la partition de ses répertoires pour optimiser le multitâches. Au-delà de cela, il lui semblait indispensable, d'une part de reprendre entièrement l'interface de son "moi cybernétique" avec son "moi organique" en y intégrant des raccourcis suggérés par son expérience, et d'autre part d'installer un logiciel de programmation neuro-linguistique qui ajouterait gestes et expressions à sa parole... une version + de son module vocal, si vous préférez.

Dans son ensemble la plaisanterie devait durer une heptade entière.

Fait charmant, pendant toute cette phase en mode maintenance, il apprécia la présence chaque jour à son chevet de Hynna qui passait du temps avec lui bien qu'il fût immobile et muet. Elle lui parlait pour le rassurer et pour voir si tout se passait bien dans l'appartement.

Lorsqu'enfin il fut éveillé, il pu voir devant lui le visage d'Hynna. C'était le moment de tester ses nouvelles capacités : il sourit.