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EDC de 25968

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Mon oeil !

Parfois des détails mineurs pour un androïde peuvent le tenir à l'écart de l'humanité.
Suite était accompagné par Stazur pour faire connaissance de son équipe de travail. Il avait fini par accepter d'être simplement stagiaire au sein du DCN avant de pouvoir devenir journaliste. Il trouvait cette phase parfaitement ridicule au regard de la somme de connaissances qu'il avait acquises sur la Cité lors sa vie qui précéda la transplantation... mais ceci est un autre sujet.
Toujours est-il que Suite se retrouvait pour la première fois face à ses collègues. On lui demanda de se présenter, ce qu'il fit. Mais lui n'eut pas droit à la présentation de ses collègues, jolie mentalité - tout savoir et rien payer. Sans doute ne s'en rendirent-ils même pas compte. L'un d'eux parut intrigué tout particulièrement par son dispositif optique et voulut en savoir plus.

Comment expliquer de manière simple un système de perception visuelle ?
Le collègue, heureusement, reformula plus prosaïquement sa demande : « Tu vois bien ? »
Suite lui répondit alors le plus naturellement du monde : « Oui, je vois bien. Il n’y a guère qu’à travers les métaux que je ne vois rien. »
Tous le regardèrent perplexes.
« Comment ça tu ne vois pas à travers les métaux ? » Lança l’un d’eux.
« Même à travers l’aluminium, qui est pourtant léger, je ne vois rien. Cela doit tenir à l’agencement des molécules. » Précisa suite.
« Mais… et le reste ? »
« Pas de problème. »
A cet instant, Suite se tourna en souriant vers une collègue qui, par pur réflexe porta vivement sa main au niveau de son bas-ventre en le regardant avec une grande méfiance.
« Ca veut dire… même à travers le tissu ? » - S’indigna-t-elle.
« Euh... Affirmatif. »
Le collègue à sa droite, également un androïde, mais auquel il devait manquer pas mal d’options, s’exclama : « Faut absolument que tu me files ton logiciel tout de suite, Suite ! »
Suite trouva cette remarque particulièrement naïve - Comme si un dispositif optique se résumait à un software ! - mais, par pure politesse il lui répondit :
« Je crains que ce soit impossible. Toutefois, si tu le désires, je te ferai des tirages papier. »
« C’est quand même génial de pouvoir regarder à travers les fringues des filles ! »
Suite se demandait ce qu’il pouvait bien y avoir de génial à faire cela et se sentit offusqué que l’on put lui prêter ces intentions. Il regarda son interlocuteur droit dans les yeux et lui fit comprendre qu’une telle attitude serait indigne.
« Toi, tu as la force physique suffisante pour piquer son sac à main à une petite vieille, n’est pas ? Est-ce pour autant que tu le fais ? »
Quelques jours plus tard, Suite parla de cette expérience à son amie Hynna... Il n'imaginait pas une seconde qu'elle put le prendre bien plus mal encore que sa collègue (qui depuis lors devait se promener en ville avec du papier d'alu au fond de la culotte). Il en fut profondément choqué... non pas que ce "pouvoir" qu'il détenait puisse être considéré comme abjecte, mais que son amie mette en doute le fait que jamais il ne l'utilisait de manière dépravée. Pour lui c'était un moyen efficace de localiser des courts-circuits sous-cutanés, sans plus.
Le soir même, il s'isola dans son atelier est mit un filtre passe-haut qui limiterait sa vision aux ultra-violets, pas plus. Il considéra cela comme un pas de plus vers son "humanisation".

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