EDC de 2005

Le CM, ça va un temps... Le temps de faire son beurre.

Mon com' s'allume sous ma joue (Kessk'il fout là bordel..) et je sens carrément mon crâne vibrer. Un coup d'épaule irrité l'envoie valser au pied du lit, je râle en passant mes deux mains poilues sur mon visage et me tortille sur le matelas pour apercevoir le message qui s'affiche par terre sur l'écran.

Yaw.. on dirait que j'retourne aux sources..

Ce bon vieux bar de tox' qui s'enfonce un peu trop dans le silence..
Le compère Roudlovitch qui ronfle comme un bienheureux, la gueule ouverte dans son hamac, les poches pleines de trucs que tu f'rais mieux d'pas y toucher si tu veux pas rester chéper à vie..
Divers graffitis plus ou moins travaillés ornent les murs de leurs couleurs vives.
Y a un seau d'vomi contre le mur, des mégots sur le bureau d'la salle du personnel..
Des fantômes se sont pris dans les murs... des visages, des voix, comme une empreinte tenace.

J'entre en poussant la porte du pied, silence complet. Un rat me passe entre les pattes, suivi par c'qui semble être sa famille, il fait un peu sombre mais je connais le bar aussi bien qu'ma bière.
Un saut félin derrière le zinc', j'aère la pièce, cale ma paire de fesses sur un baril un peu rouillé et croise mes rangers sur le comptoir. J'enroule mon arme dans mon blouson et pose le tout à portée de main. Il y a comme une odeur de bas fonds qui s'attarde dans chaque parcelle du rade.
Le Roud' se réveille, deux paluches de kobold qui se retrouvent pour une poignée de main, ses yeux tentent de s'ouvrir pour se réacommoder à la réalité, peine perdue, deux capsules de pix' rebondissent sur le sol et nous trinquons en silence.
En silence?

Fais péter l'soooooon!

L'bar se réveille, les basses vibrent tellement qu'on s'demande comment fait le jukebox pour pas nous péter à la gueule.
Un filet de fumée s'élève vers le plafond noirci, le cône tourne en semant ses cendres épaisses un peu partout sauf dans le cendrier.
J'm'étire comme un chat, paisible. Le gosier encore mal hydraté, ma main droite cherche à tâtons une bouteille de liqueur maison sous le comptoir.
Le petit bar est un peu en bordel, un bordel ou on se sent bien. La plupart des habitués se font de plus en plus rares, les clients s'attardent à peine, mais putain... qu'est ce qu'il fait bon rev'nir.

Comment ça il est qu'11h du mat'?