EDC de 16725

Un mal de crâne, comme si tout allait exploser. Et si ça explosait ?
Comme s’il y avait quelqu’un là-haut. Toc toc, il y a quelqu’un ?

Une voix. Cette voix. Lointaine, mais qui s’approche. A peine audible, elle devient petit à petit trop forte pour être supportée.

- Hey ? Y’a quelqu’un ?

Il faut ouvrir les yeux, avant que ça n’explose. La lumière est forte, elle traverse les paupières, éblouissante. Alors pourquoi continuer de garder les yeux clos ?
Ses paupières se relèvent, et ses iris mauves apparaissent. La pièce paraît miteuse à première vue, et l’impression ne change pas même après plusieurs minutes.

- Il était temps...

Et la voix soupire. Rien d’effrayant. Rien de rassurant non plus. Plate, morne, lasse. Purement et simplement, inexpressive.

- J’ai cru que vous n’entendiez pas. Cela aurait été un problème pour nous. Quand on dit de se réveiller, il faut se réveiller…
- Sinon quoi ?

Seule une ride au milieu de son front marque sa contrariété. Mais il ne l’exprime pas plus que ça, il se contente d’hausser les épaules.

- Vous prenez de la place ici.

Première gifle. Si tu ne savais pas ce que c’était, petite, tu risquais de vite comprendre.

- Alors on va pas y passer la nuit. Quelques affaires.

Il pose une besace, avec une casquette et un kanuf. Elle prend la besace, fourre le kanuf dedans, et laisse la casquette où elle est, avant de se lever lentement, encore maladroite.
Elle se vit alors dans l’unique miroir de la salle, face à elle, recouvert de quelques tâches dont la provenance était fort douteuse.
Deuxième gifle.

- Qu’est-ce que c’est que ça ?

L’homme à la blouse pose un regard vide sur son corps, avant de préférer regarder le miroir, attrapant une feuille parmi tant d’autres, qui traînaient sur un bureau qu’elle n’avait même pas remarqué.

- C’est vous. Outrilienne, croisée avec quelques gènes humains. D’où la peau, le… Bah, vous verrez bien, pas besoin de vous faire un dessin.

Elle hoche vaguement la tête, les yeux fixés sur le miroir lui renvoyant son image. Fixés sur sa peau mauve, sa queue pas très grande…
Elle se regarde elle-même dans les yeux, qui, l’espace d’un instant, devinrent jaunes, avant de reprendre leur teinte violette caractéristique. Elle fronce les sourcils, sans comprendre.

- Il faut y aller maintenant.

Elle détache son regard de son propre corps, et se dirige vers la porte que lui désigne l’humain. Ce n’est qu’au moment de la franchir qu’elle s’arrête pour se retourner une dernière fois vers cette pièce qu’elle ne reverra plus.

- Mon nom ?
- Nevaeh.
- C’est tout ?
- Oui.

Elle hésite un bref instant, sans rien laisser transparaître.

- Quelqu’un m’attend ici ? Dehors ?

Il ricane, d’un rire sans vie, qui la seconde d’après n’existe déjà plus.

- Non. Personne ne vous attend nulle part, lézarde.

Encore une gifle. Jamais deux sans trois. Il va falloir t’y faire, petite.
Elle sort du Centre d’Arrivée, respirant l’air vicié de la cité de Dreadcast, avant de se mettre en tête de faire le tour de la ville pour trouver ce qui serait susceptible de ressembler, de près ou de loin, à de la vie.