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Chronique du privée XIII: Crédivore

En relevant la tête de son ordinateur première génération, Valstik émergea dans l'habituel brouillard au silicium, avant d'entamer une descente progressive vers la réalité. Il ne rêvait pas. Jamais. Il ne pouvait que programmer ses rêves, un gadget inintéressant en soi puisqu'il détestait se tromper lui-même.
Comme à son habitude ses puces recalibraient, en quelque pico-secondes, sa réalité, ses souvenirs, sa vie de criminel et de magnat de l'immobilier. A force de veilles prolongées, un train-train quotidien s'était réinstallé dans ses programmes, mais ce train-train était ce qu'il appelait une donnée fantôme: elle n'existait nulle part, ce n'était qu'une invention de son esprit. Et ce matin-là, alors que sa bouche se préparait à la première bouteille de goblikoz, Valstik prit conscience qu'il était riche. Vraiment riche. Plus riche encore que la période où il avait détourné une partie de la caisse de la D.A.I. Cela c'était fait à son insu, sans qu'il ne s'en rende compte, comme si il avait toujours eu ce train de vie.
C'était faux.
Les premières lueurs de sa vie étaient payées sept-mille crédits par jour, maintenant il gagnait dix fois plus. Ses costumes. Ses femmes. Ses projets. Les cadeaux. Toute l'existence de ces données acheva de le convaincre que cela faisait quelques années déjà qu'il était riche, mais qu'il ne l'avait jamais réalisé. Il y a sept ans de cela, lors de la création de son agence immobilière, il pensait qu'il n'y arriverait jamais. Une fois de plus, son omniscience lui fit défaut, il se trompa sur toute la ligne et devint le numéro un de l'immobilier. Sa tête était représentée sur la majorité des nouveaux bâtiments, que les gens achetaient à son agence, illuminés par son profil de plus grand connard de l'univers gravés sur des plaques qui symbolisaient ses ambitions.
Salut connard. Ta petite amie joue dans mes pornos. Ta maison a été cambriolée par l'une de mes équipes. J'ai vendu ton overboard à un rebelle. Ton pote a le cerveau détruit parce qu'il consomme ma drogue légale. Tu veux un logement?
Son visage était toujours aussi impassible, face à lui-même, dans sa salle de bains. Il recula après sa courte réplique lancée devant le miroir et admit que c'était un acte ridicule mais à faire au moins une fois dans sa vie.
Il serra la cravate de son costume et alla travailler. Gagner des crédits. Combler cette soif insatiable de richesse. Qu'ils n'oublient jamais qui sont les cancers nécessaires de cette ville. Il se demanda ce que faisait le ténor du sud le matin, devant son miroir, si lui aussi pensait à son pognon. En descendant la rue dans sa berline noir-miroir, Valstik repensa au jour où il avait appuyé sur le bouton qui transforma les locaux de l'ex-Banque "Impériale" en un tas de gravats. Le bâtiment avait été évacué avant l'explosion. Il y avait un androïde, Noo. Valstik connaissait Noo de vue, il connaissait la manière dont il mourrait.
Cet androïde avait travaillé pendant plus de vingt ans dans la même entreprise. Valstik avait calculé que la fortune de l'individu était élevée et pouvait approcher sa propre fortune. Il était l'un des meilleurs vendeurs qui soi dans le secteur. Il n'aurait eu aucun mal à retrouver un travail. Mais l'androïde, Noo, sans un mot, au bout de quelques jours, s'enferma dans un caisson cryogénique.

Dreadcast. Entrez pauvre et repartez riche.
Le cyborg sourit, un parasite qui a les crocs bien arrimés cela ne s'en va jamais.

◊ Commentaires

  • Ladoria~7869 (221☆) Le 13 Juin 2013
    Eh oui, le crime paie à Dreadcast, c'est bien connu!
    Un sale type incontournable, ce Valstik.
  • L-X (1536☆) Le 13 Juin 2013
    Comme il est trop classe mon P'pa!
    En passant, le texte est vraiment remarquable de cynisme, toujours dans ce ton bref, haché, dénudé qui caractérise ce personnage... Un sincère bravo.