1 : Le blond.



Le blond est une race d’humanoïde dont les caractéristiques semblent se rapprocher à la perfection même de l’Homme avec un grand H. Mais ceci n’est qu’une légende urbaine remontant à des temps immémoriaux.

Néanmoins, c’est comme ça que se voyait Yan. Le grand Maitre Hôtelier de la ville, capable de dénicher les talents dans la merde qui composait les bas-fonds. Dans la vie, il n’y avait que deux choses qui l’intéressaient, la comptabilité du Why Not et sa patronne, Maellynn.

D’ailleurs en y repensant, il adorait Maellynn d’un point de vu presque malsain. C’était sa maîtresse, comme il le disait. Il avait proposé ses services de majordome quand elle l’avait sauvé de son emploi miséreux au skyland. A l’époque il n’était qu’un humble serveur zélé dans un établissement miteux. C’est à ce moment-là qu’il lui vouait une adoration sans limite. Pour elle, il faisait le sale boulot, des journées interminables de service voir même des séjours en prison.

D’un point de vue psychologique, Yan était étrange. Tout revenait à l’argent, que ce soit ses connaissances, les discussions d’actualités… Si il regardait son aitl, c’était pour savoir si des bars allaient être sur liste noire. Si il parlait, c’était pour refourguer un ou deux champkro. L’affection qu’il apportait, pour fidéliser ou utiliser les contacts. Sauf peut-être Inox, mais lui aussi était atypique, même pour Yan. Quand votre regards se plonge dans les yeux d’un autre, c’est pour y voir de la colère, de l’amour ainsi que n’importe quel sentiment. Yan lui, y voyait des crédits. Comme si il était commercialement formaté. Le sourire Colgate, la coiffure maîtrisée ainsi qu’un peigne à portée de main. Bien sur, il arrivait qu’il offre un verre ou deux, mais c’était dans l’espérance que vous en recommandiez le double. Au final, il était juste faux.

C’est lors d’une soirée sombre et nuageuse, comme toutes les autres avant celles-ci, que le Maitre hôtelier devait faire une course à l’usine d’à côté. Une mission de routine que lui avait imposé sa patronne. Pour elle, rien n’était de trop. D’ailleurs, il devait juste récupérer une caisse de champkro. Alors qu’il sillonnait dans les rue sombres de Dreadcast, un sifflement se fit entendre parmi le boucan habituel qu’offrait la rue. Ses yeux bleus s’écarquillent avant que l’humain ne s’effondre au milieu de la foule. Sa chemise de service se teint d’un rouge écarlate dans la flaque au liquide vital où baignait déjà Yan. La foule s’éparpillait dans une hystérie habituelle. La mort était fréquente mais elle était encore trop coûteuse pour n’importe quel habitant de la haute ville. Soit disant, d’après un vieux fou, une équipe imitant les agents des STV avait déjà embarqué un cadavre souriant.

2 : Entre de bonnes mains.

Les années passaient et elle sentait que le moment fatidique approchait. C’était un drôle de plan qu’elle avait préparé depuis tout ce temps, mais à ses yeux il n’y avait aucune faille possible, la marge d’erreur était infime. Tout calculer, tout observer, étudier pour faire tomber ce risque d’échec au plus bas. Tant d’années a préparer les suivantes, Maellynn savait qu’elle s’était ainsi quelque peu négligée. Sa vue défaillait de jour en jour si bien que le port de ses binocles lui devenait indispensables. De même, elle souffrait encore de la brûlure que lui avait infligée la foudre à la jambe lors du cataclysme météorologique suivant l’explosion des cuves des Services Techniques. Bien sûr, elle avait les moyens de recourir à la science et aux médecins les plus doués pour corriger ces quelques soucis. Mais sa priorité était ailleurs.


Derrière le zinc du Why Not, elle sirotait un Imperial Blanc en silence, laissant l’équipe de serveurs s’occuper des clients. Cet établissement lui avait couté une petite fortune, mais il était un point d’attache de choix en ville. Elle s’était ainsi libérer de bien des contraintes. Yan se révélait être un collaborateur parfaitement efficace et gérait à merveille l’établissement sans qu’elle n’ait à intervenir. Lorsqu’un virement était nécessaire, il le lui signifiait et elle renflouait le circuit de centaines de milliers de crédits. Ses employés avaient des places en or. Le regard de la Netrunner glissa le long du zinc jusqu’à l’endroit où trônait fièrement le vieux Lincoln. L’alcool coulait à flot ce soir et rien n’était trop beau pour les clients de la Haute Ville.


- Yan, je pense que quelques bouteilles de Champkro supplémentaires ne seraient pas de refus. La commande est réglée d’avance.


D’un signe de tête affirmatif, le blond quitta le bar pour aller chercher la dite commande. Sans changer quoi que ce soit dans son attitude, Maellynn continua de boire tranquillement son cocktail. Il était temps de passer à l’acte.


Sur la route qui séparait le bar de l’usine, un tireur choisi pour son professionnalisme et sa discrétion était embusqué. Lorsque Yan passerait, le tireur ne pourrait pas le louper. Ce dernier disparaitrait avant même que le corps du serveur ne touche le sol. Il y aurait certainement quelques cris dans la foule, des mouvements de paniques. Alors, après quelques minutes de peur fébrile dans les esprits, une équipe des Services Techniques appellerait au calme les badauds. Ils sécuriseraient la zone avant d’emmener le corps inerte jusqu’au centre de Clonage et de nettoyer sommairement la rue. Le corps serait réceptionné, puis les membres de l’équipe retireraient leurs faux uniformes impériaux et rejoindraient les bas-fonds, une grosse enveloppe dans les poches.


Tout était factice. La commande, les agents des Services Techniques, et le serveur mort.


Sa création avait couté une petite fortune à Maellynn. Des millions de crédits avaient été injectés dans ce projet génétique, autant pour s’assurer de sa réussite que de la destruction de toute preuve. Le profil correspondait, un homme d’âge moyen, 1m80 de corpulence standard. Sans passé et sans avenir, ce projet n’avait qu’un présent factice. Ce projet portait pour nom Yan.

Il avait fallu surveiller de près le sujet, s’assurer que son patrimoine génétique était stable. Le sujet fut testé et mit à l’épreuve, réussissant avec brio tout ce qui lui fut imposé. Ce temps avait également permis de recenser Yan comme un citoyen parmi les autres. Multiplication de contrats de travails sous prétexte de promotion interne. Multiples peines de prisons afin d’inscrire son nom dans le registre pénal du Cercle et de la Prison. Yan avait acquis une véritable existence, une presque conscience et de nombreux contacts sociaux. Quoi de mieux que de fonder un bar pour y nouer des liens ? On regretterait le serveur blond, et puis on l’oublierait car jamais il ne reviendrait. Aucun clone ne lui était assigné, aucun avenir ne lui était prévu. Yan était entièrement factice, créer pour disparaitre.


Son cocktail fini, Maellynn se leva tranquillement, réajustant ses binocles sur son visage. Elle prit la direction de la sortie et respira longuement une fois arrivée sur le trottoir. Désormais il n’était question que de quelques heures. En arrivant au Centre de Clonage, les pions qu’elle avait grassement payés pour faire ressortir un vieux dossier. La corruption était le nerf de toute la manœuvre, sur tous les plans, dans toutes les mains, l’argent était versé contre le silence. Ainsi ce ne serait pas Yan qui serait cloné ce soir, mais un autre homme. Un qui n’avait pas pu payer une assurance de quelques dizaines de milliers de crédits.


Un homme qui, sans le savoir, aurait désormais l’un les clones les plus cher de Dreadcast.

3 : L’homme qui valait des millions.

C’est une lumière d’un blanc aveuglant qui me réveille d’une manière peu agréable. J’ai la nausée, cela me dérange pas plus qu’un lendemain de cuite mais tout de même. Ma main s’accroche à la couverture qui est sur moi pour l’enlever d’un geste habituel. J’ai l’habitude de mourir mais j’ai du mal à me repérer dans l’espace. D’un réflexe, je passe mes doigts sur mon visage mal rasé, d’ailleurs faudrait que je me fasse beau et me reprenne un peu en main, après tout je dois être au top pour le tribunal impérial.

Un carton est au pied de mon lit avec une chemise, des chaussures de ville que je ne reconnaissais pas ainsi que mes binocles fétiches. Je pris ce qu’il fallait avant de prendre une douche dans le vestiaire à côté de la salle de réveil. Le contacte de l’eau sur ma peau stimulât mes nerfs ainsi que mes tissus épidermiques. J’ai mal au crane, et étrangement j’ai du mal à me souvenir de tout. Bon, avec un peu de chance ça passera demain. Je ne sais pas qui a mis les chaussures, mais elles me vont nickels, en plus il y a des clopes dans le pantalon. Une fois prêt, je salue l’hôtesse d’accueil du centre de clonage après avoir signé un formulaire. La rue était toujours aussi morne, mais je continuais mon chemin tranquillement en direction de mon appartement. Je passe la prison et tombe enfin sur la rue Hector Calver. Je salue un passant que je voyais souvent en sortant de chez moi avant de faire tomber ma clope au sol.

Mon immeuble n’était plus. Nom d’une bite naine me dit –je d’un air frustré. La situation devenait étrange, je cherche d’un coup d’œil une boutique spécialisé, puis finalement je consulte une carte avant de me pointer a la première. J’effectue en vitesse l’achat d’un aitl pour y consulter un quelconque décret de mes couilles. J’ai beau chercher, je trouve rien et sa m’agace, du coup j’éteins l’appareil. Quand soudain (tatatin) j’ai un flash. Dans un élan de doute je réactive mon aitl.
Et là, ce fut le drame. Je me rendais compte que nous étions en 218.1, de tête je compris que cela faisait 5 ans que j’errais dans le néant abyssal de la mort. Il ne me restait plus qu’à aller au Cercle de l’orient pour récupérer une carte d’identité.. L’agent en face me demanda à quel nom ?
-Full Tarvitz, s’il vous plait.

La face de C**

Vivant sa vie comme il le pouvait, Sephir évoluait simplement dans cette ville
Il se baladait, parfois plus rapidement, et parfois, se fixait à un endroit de la ville pour regarder les gens passer.

Quand soudain, tenu par les agents du STV, il vit passer de sa place le corps de Yan.

S'allumant une clope, il sourit lui. Il n'avait jamais apprécié cette tête de con, et son sourire hypocrite.

il était heureux que ce dernier se ramasse une balle... mais il eu une demi seconde de doute... les agents n'étais habituellement pas présent... il y avait le téléport du corps, non ?



" oh, et puis..."

retournant à ses occupations, l'elfe oublia cette histoire...